Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe vraiment derrière les steaks que vous achetez au supermarché ? Parfois, la réalité dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Près de trois mille vaches, dont une bonne partie gestantes, errent depuis deux mois sur un cargo quelque part en Méditerranée. Deux mois. Soixante jours entiers sans toucher terre, coincées sur un pont brûlant ou glacé selon les latitudes, dans leurs excréments, sans soins vétérinaires dignes de ce nom. Franchement, ça donne la nausée.
Un cauchemar flottant qui dure depuis septembre
Tout a commencé en Uruguay. Un bateau chargé à ras bord de bovins destinés à l’abattage prend la mer direction la Turquie. Rien d’exceptionnel jusqu’ici : c’est le quotidien du commerce de bétail vivant. Sauf que, arrivé au large de Bandirma, les autorités turques bloquent net le navire. Motif ? Les papiers ne sont pas en règle. Certificats sanitaires douteux, documents commerciaux manquants… Peu importe la raison exacte, le cargo se retrouve bloqué un mois entier devant le port, sans pouvoir accoster ni repartir.
Un mois, déjà, c’est énorme. Les animaux commencent à souffrir sérieusement : chaleur, manque d’eau propre, maladies qui se propagent. On parle de vaches gestantes, donc double peine. Mais le pire reste à venir.
Le mystérieux détour libyen
Normalement, quand un pays refuse la marchandise, le bateau doit rentrer au port d’origine. C’est ce qui était prévu : retour vers Montevideo. Sauf que non. Le navire, baptisé Spiridon II, change subitement de cap et met le cap sur Benghazi, en Libye. Pourquoi la Libye ? Tout le monde se pose la question.
Des images satellites et des témoins sur place confirment : des camions sont venus récupérer une partie des animaux. Combien exactement ? Personne ne le sait. Les autorités libyennes restent muettes. Et surtout, dans quel état étaient ces vaches après deux mois d’errance ? La réponse fait froid dans le dos.
« Nous assistons à l’une des plus graves violations du bien-être animal et de la protection marine de ces dernières années »
– Une vétérinaire spécialisée dans le transport animalier
Des dizaines de morts… et peut-être bien plus
Sur ce genre de trajet, le taux de mortalité normal est déjà autour de 1 à 2 %. Ici, on parle de dizaines de bêtes mortes, probablement bien plus. Les associations qui suivent le dossier parlent d’images satellites montrant des sacs blancs suspects sur le pont – ceux qu’on utilise habituellement pour stocker les cadavres avant de… eh bien, avant de s’en débarrasser.
Et c’est là que ça devient carrément glauque. À plusieurs reprises, le cargo a coupé son transpondeur AIS – le signal qui permet de le suivre en temps réel. Trois jours complets dans le noir total la semaine dernière. Pourquoi couper le signal si on n’a rien à cacher ? La réponse semble évidente : pour jeter par-dessus bord les corps, le lisier accumulé, les déchets. Tout ce qui pourrait alerter les autorités.
Cette pratique, si elle est avérée, viole carrément la convention internationale Marpol sur la protection du milieu marin. On parle de pollution massive, de risque sanitaire énorme. Et en prime, une cruauté absolument révoltante.
Le business du bétail vivant : une industrie hors contrôle
Il faut qu’on se le dise clairement : ce n’est pas un accident isolé. C’est le fonctionnement normal d’un commerce qui pèse des milliards. Chaque année, des millions d’animaux traversent les océans dans des conditions souvent épouvantables. Moutons depuis l’Australie, bovins depuis l’Amérique du Sud ou l’Europe de l’Est… Les bateaux-poubelles, comme certains les appellent, sont légion.
- Températures extrêmes (jusqu’à 40°C dans les cales)
- Manque chronique d’eau potable
- Pas de vétérinaire à bord la plupart du temps
- Trajets qui durent des semaines, parfois des mois
- Taux de mortalité « acceptables » fixés à… 2 % (soit 600 animaux morts pour 30 000 transportés)
Et quand ça dérape vraiment, comme ici, on coupe le signal et on continue. Parce que l’animal, dans cette équation, n’est qu’une marchandise. Une marchandise qui souffre, qui meurt, mais qui rapporte gros.
Que demande-t-on exactement ?
Les ONG qui suivent l’affaire depuis le début ne lâchent rien. Elles exigent :
- Une enquête immédiate et indépendante de l’Organisation mondiale de la santé animale
- L’intervention de l’Organisation maritime internationale
- L’inspection complète du bateau et des animaux encore à bord
- Des poursuites pour violation de la convention Marpol
- Et surtout : l’interdiction pure et simple du transport d’animaux vivants en haute mer
Parce que oui, des alternatives existent. La viande réfrigérée ou congelée voyage très bien, merci. Les carcasses aussi. On n’a plus besoin d’expédier des êtres vivants à l’autre bout du monde dans des conditions dignes du Moyen Âge.
Et nous, dans tout ça ?
Je vais être honnête : quand j’ai lu cette histoire, j’ai eu envie de ne plus jamais manger de viande importée. Pas par militantisme pur et dur, mais par simple décence. Savoir que mon steak a peut-être voyagé deux mois dans la souffrance, entouré de cadavres… non merci.
Et vous ? Est-ce que vous acceptez encore que ça se passe sous nos yeux en 2025 ? Parce que oui, on sait. On sait tout ça depuis des années. Les rapports s’empilent, les scandales se succèdent, mais rien ne change vraiment.
Ce cargo fantôme, c’est le symbole parfait d’une industrie qui préfère fermer les yeux plutôt que de remettre en question ses profits. Le jour où on coupera le signal de tous ces bateaux-poubelles pour de bon, on pourra dire qu’on a fait un pas vers un peu plus d’humanité.
En attendant, le Spiridon II continue sa route. On ne sait même pas s’il reste des vaches à bord. Peut-être qu’il vogue déjà vers une nouvelle destination, prêt à recommencer le même cirque. Et ça, c’est ce qui me révolte le plus.
Si cette histoire vous a choqué autant que moi, partagez-la. Parce que tant qu’on fermera les yeux, ces bateaux continueront de naviguer dans l’ombre.
