Vous souvenez-vous de cette montée d’adrénaline en regardant Tom Cruise suspendu à un câble, frôlant le sol truffé de capteurs dans le premier Mission Impossible ? Cette tension palpable, ce suspense où une goutte de sueur pouvait tout faire basculer… Vingt-neuf ans plus tard, la saga revient avec son huitième opus, présenté hors compétition à Cannes 2025. Mais, soyons honnêtes, l’étincelle semble s’être éteinte. Le dernier chapitre, intitulé The Final Reckoning, promettait un bouquet final explosif. Alors, pourquoi laisse-t-il un goût d’inachevé ?
Un Final Qui Perd Son Souffle
La saga Mission Impossible a toujours été une machine bien huilée : des cascades à couper le souffle, des gadgets ingénieux et une dose d’humour pour équilibrer le tout. Mais ce huitième épisode, réalisé par Christopher McQuarrie, semble avoir oublié la recette. L’intrigue tourne autour d’Ethan Hunt, toujours campé par un Tom Cruise infatigable, chargé de neutraliser une intelligence artificielle maléfique, l’Entité. Sur le papier, ça claque. Dans les faits, le film s’enlise dans un scénario alambiqué et des dialogues techniques qui noient le spectateur.
À 62 ans, Cruise continue de défier la gravité – littéralement. Qu’il saute d’un sous-marin en perdition ou qu’il s’accroche à un biplan en plein vol, sa performance physique reste impressionnante. Mais, et c’est là que le bât blesse, ces exploits ne suffisent plus à masquer les failles d’un récit qui manque de cœur. J’ai beau être fan de la saga, je me suis surpris à regarder ma montre, un comble pour un film d’action censé vous clouer au siège.
Une Intrigue Trop Technique, Trop Sérieuse
L’un des charmes des premiers Mission Impossible résidait dans leur capacité à jongler entre sérieux et légèreté. Les gadgets farfelus, les masques en latex, les plans qui déraillent… tout cela donnait une saveur unique. Dans The Final Reckoning, l’humour est aux abonnés absents. Le film s’embourbe dans des explications cryptiques sur le fonctionnement de l’Entité, cette IA qui menace le monde. Résultat ? On décroche.
Quand un film d’action passe plus de temps à expliquer qu’à montrer, il perd son âme.
– Un critique passionné
Le scénario, co-écrit par McQuarrie et Erik Jendresen, semble vouloir surfer sur la vague des peurs contemporaines autour de l’intelligence artificielle. Une idée pertinente, mais mal exploitée. Les dialogues, saturés de jargon techno, donnent l’impression d’assister à une conférence TED plutôt qu’à un blockbuster. Et que dire de la durée ? Avec 2h49 au compteur, le film s’étire inutilement, diluant l’urgence promise par ses multiples comptes à rebours.
Des Cascades Spectaculaires, Mais Redondantes
Personne ne peut nier le courage de Tom Cruise. À une époque où les effets spéciaux dominent, lui continue de risquer sa peau. Dans cet opus, il nous offre des séquences mémorables : une plongée sous-marine dans la mer de Béring, une acrobatie aérienne en Afrique du Sud… Mais, soyons francs, on a déjà vu ça. Les cascades, aussi impressionnantes soient-elles, sentent le réchauffé. Elles manquent de cette inventivité qui faisait la force des épisodes précédents.
- Plongée sous-marine : Visuellement époustouflante, mais l’enjeu narratif est flou.
- Acrobatie aérienne : Techniquement irréprochable, mais sans surprise.
- Poursuite à moto : Un classique de la saga, mais qui tourne en rond.
Ces moments d’action, bien qu’exécutés avec brio, peinent à masquer un montage frénétique qui brouille l’espace. Les coupes rapides, les plans de quelques secondes… tout cela donne une impression de chaos. Là où Brian De Palma, dans le premier film, prenait le temps de construire le suspense, McQuarrie semble pressé d’en mettre plein la vue, au détriment de la clarté.
Un Casting Solide, Mais Sous-Exploité
Le casting de The Final Reckoning réunit des visages familiers et quelques nouveaux venus. Simon Pegg, en fidèle Benji, apporte une touche d’humour bienvenue, mais ses scènes sont trop rares. Ving Rhames, en Luther, reste une présence rassurante, mais son rôle est réduit à peau de chagrin. Hayley Atwell, introduite dans l’épisode précédent, peine à s’imposer face à l’omniprésence de Cruise. Quant aux antagonistes, ils manquent de charisme, un comble pour une saga qui nous a offert des méchants mémorables par le passé.
| Acteur | Rôle | Impact |
| Tom Cruise | Ethan Hunt | Porte le film, mais trop central |
| Hayley Atwell | Grace | Prometteuse, mais sous-exploitée |
| Simon Pegg | Benji Dunn | Apporte de la légèreté, mais peu présent |
Ce déséquilibre dans la distribution reflète un problème plus large : le film repose entièrement sur les épaules de Cruise. Si sa performance physique reste un atout, son personnage, Ethan Hunt, manque d’évolution. À l’heure où les héros d’action se réinventent, Ethan reste figé dans son rôle de sauveur invincible. Une occasion manquée de donner plus de profondeur à un personnage iconique.
Nostalgie Maladroite et Manque d’Innovation
Pour ce dernier chapitre, les scénaristes ont choisi de jouer la carte de la nostalgie. Des flash-back rappellent les débuts de la saga, et certains personnages secondaires font leur retour. L’idée est séduisante, mais l’exécution déçoit. Par exemple, ramener un technicien du premier film est une belle trouvaille, mais la scène manque de l’intensité des origines. Les références au passé, au lieu de renforcer l’émotion, soulignent ce que le film n’est plus : audacieux, inventif, surprenant.
La nostalgie peut être un piège si elle sert à masquer un manque d’idées neuves.
Le retour à un espionnage “à l’ancienne”, sans connexion numérique, était une idée brillante dans l’épisode précédent. Mais ici, elle est abandonnée au profit d’une surenchère technologique. L’Entité devient presque un personnage à part entière, mais ses interactions avec Ethan, notamment dans une séquence futuriste ratée, frôlent le ridicule. On est loin de la simplicité élégante d’un masque en latex ou d’une cassette qui s’autodétruit.
Cannes 2025 : Un Contexte Particulier
Présenter Mission Impossible 8 hors compétition à Cannes 2025 était un pari audacieux. Le festival, connu pour ses films d’auteur, n’est pas l’écrin habituel pour un blockbuster. Pourtant, la saga a toujours eu une aura particulière, mêlant spectacle et ambition narrative. Cette année, le public cannois attendait un feu d’artifice. Il a eu droit à un pétard mouillé. Les réactions, bien que polies, n’ont pas caché une certaine déception.
Pourquoi ce choix de Cannes ? Peut-être pour redorer l’image d’une saga qui montre des signes d’essoufflement. Ou pour offrir à Tom Cruise, habitué des tapis rouges, une dernière ovation avant un éventuel clap de fin. Quoi qu’il en soit, le contraste entre l’élégance du festival et la lourdeur du film n’a fait qu’accentuer ses défauts.
Et Après ? La Fin d’Une Ère ?
Alors, Mission Impossible 8 signe-t-il la fin de la saga ? Rien n’est moins sûr. Tom Cruise, producteur et star, a toujours su rebondir. Mais ce dernier opus pose une question cruciale : comment réinventer une formule qui s’essouffle ? Peut-être en laissant plus de place aux personnages secondaires, en retrouvant l’humour des débuts ou en osant un ton plus intimiste. Après tout, Ethan Hunt n’est pas éternel, même s’il en donne l’impression.
- Recentrer l’histoire : Moins de techno-jargon, plus d’émotion.
- Renouveler les cascades : Oser des concepts inédits.
- Équilibrer le casting : Donner plus d’espace aux seconds rôles.
En attendant, The Final Reckoning reste un film qui divisera. Les fans inconditionnels y trouveront leur dose d’action, mais les autres risquent de rester sur leur faim. Pour ma part, je garde espoir qu’Ethan Hunt nous surprendra encore. Mais cette fois, il faudra plus qu’une cascade pour nous reconquérir.
Et vous, qu’attendez-vous d’un film comme Mission Impossible ? Un spectacle sans temps mort ou une histoire qui vous touche ? Une chose est sûre : cette saga a marqué le cinéma d’action. Reste à savoir si elle saura se réinventer pour les années à venir. Tic, tac, tic, tac… le compte à rebours continue.
