Imaginez un instant : un coureur cycliste, seul représentant de son équipe, pédale à toute allure sur les routes sinueuses de la Vendée, sous un soleil de plomb, porté par les encouragements d’une tribu familiale aussi bruyante qu’un peloton. C’est l’histoire de Julien Bernard, un compétiteur au grand cœur, qui, ce dimanche 29 juin 2025, s’élance aux Championnats de France sans le soutien logistique d’une équipe professionnelle, mais avec un atout inestimable : sa famille. Une aventure qui mêle sueur, stratégie et instants précieux passés ensemble. Comment ce coureur, habitué à jouer les équipiers dans une équipe internationale, transforme-t-il un week-end de course en une véritable fête familiale ? Accrochez-vous, on vous emmène dans les coulisses d’une expérience unique.
Julien Bernard : L’Équipier Modèle au Défi en Solo
Julien Bernard n’est pas un inconnu dans le monde du cyclisme. À 33 ans, ce coureur de l’équipe Lidl-Trek s’est forgé une réputation d’équipier modèle, toujours prêt à se sacrifier pour ses leaders, comme Mads Pedersen ou Jonathan Milan. Mais aux Championnats de France, il endosse un rôle bien différent : celui de coureur isolé, sans directeur sportif ni mécanicien à ses côtés. Une situation qui pourrait intimider, mais que Julien aborde avec une sérénité déconcertante. Pourquoi ? Parce qu’il a une équipe d’un autre genre : sa famille, venue en force pour l’épauler dans cette épreuve.
Ce week-end à Saint-Paul-en-Pareds, petit village vendéen où le thermomètre frôle les 40 °C, l’ambiance est à la fois compétitive et festive. Julien, deuxième l’an dernier et troisième en 2023, rêve du maillot tricolore. Mais au-delà du résultat, c’est l’organisation familiale qui rend ce moment si spécial. Pas de staff technique, pas de voiture suiveuse, juste une bande de proches qui s’improvise logisticiens, cuisiniers et supporters. Une véritable colonie de vacances sur deux roues !
Une Logistique Familiale Bien Huilée
Quand on pense aux grandes équipes cyclistes, on imagine des armées de mécaniciens, des bus climatisés et des plans tactiques millimétrés. Pour Julien Bernard, rien de tout ça. À la place, un gîte réservé un an à l’avance, l’Auberge des Farfadets, transformé en QG improvisé. Avec son baby-foot, ses tireuses à bière (sans fût, hélas) et une grande table pour accueillir la tribu, l’endroit a des airs de fête de village. Mais ne vous y trompez pas : derrière l’ambiance décontractée, tout est pensé pour que Julien soit dans les meilleures conditions.
Tout le monde s’occupe de moi. Je ne fais rien, sauf le dimanche : là, c’est mon boulot.
– Julien Bernard
La logistique repose sur les épaules de Jean-François, le père de Julien, ancien coureur professionnel et véritable chef d’orchestre du week-end. C’est lui qui organise les repas, coordonne les ravitaillements et veille à ce que tout soit prêt. Sa compagne, Bénédicte, a déniché le gîte idéal, tandis que Margot, l’épouse de Julien, et leur fils Charles apportent une touche de tendresse à l’aventure. Même la grand-mère, Marie-Laure, et la sœur, Charline, sont de la partie, une première pour elles. Ajoutez à cela un oncle, des amis proches et vous obtenez une équipe aussi chaleureuse qu’efficace.
- Jean-François : gère les ravitaillements et le planning.
- Margot : soutient moralement et aide à la logistique.
- Charles : apporte une dose d’énergie avec ses Lego et son vélo sans roulettes.
- Les autres : supporters inconditionnels, prêts à crier sur le bord de la route.
Ce fonctionnement, presque artisanal, rappelle les débuts du cyclisme, quand les coureurs se changeaient dans le coffre de la voiture familiale. Julien, lui, savoure cette simplicité. « Un week-end en famille, ça n’a pas de prix », confie-t-il. Et quand on voit l’enthousiasme de ses proches, on ne peut qu’acquiescer.
Un Coureur Isolé, mais Jamais Seul
Dans le peloton, être seul peut être un handicap. Les grandes équipes comme Groupama-FDJ ou Decathlon AG2R La Mondiale alignent plusieurs coureurs et des staffs complets, avec des stratégies bien rodées. Julien, lui, doit tout gérer : préparer ses bidons, organiser ses ravitaillements, anticiper les pannes mécaniques. Pourtant, il ne se plaint pas. Au contraire, il voit dans cette solitude une opportunité de tisser des alliances inattendues avec d’autres coureurs isolés, formant une sorte d’équipe reste du monde.
Lors de la présentation des équipes, Julien échange avec Adrien Petit, d’Intermarché-Wanty, qui met à disposition un porte-vélo pour transporter son vélo. Une solidarité rare dans un sport où la compétition est féroce. « On ne roule pas contre l’autre », explique Julien. Cette camaraderie, presque d’un autre temps, donne un charme particulier à l’épreuve. Et sur le bord de la route, la famille Bernard transforme chaque passage en kermesse, avec des pancartes et des encouragements qui résonnent dans la campagne vendéenne.
Julien est souvent absent avec les courses et les stages. On ne le voit pas beaucoup, alors on en profite.
– Margot, épouse de Julien BernardPour Margot, ces moments sont précieux. Avec un mari souvent en déplacement, les occasions de se retrouver en famille sont rares. Ce week-end, c’est une parenthèse enchantée, où même le petit Charles, du haut de ses quelques années, participe à sa manière, pédalant déjà comme un futur champion. « Il a ça dans le sang », plaisante Julien, non sans une pointe de fierté.
Un Rêve de Maillot Tricolore
Les Championnats de France, ce n’est pas juste une course. C’est une quête, un symbole. Porter le maillot bleu-blanc-rouge, c’est représenter son pays, une fierté rare pour un coureur évoluant dans une équipe étrangère. Julien en sait quelque chose. L’an dernier, à Saint-Martin-de-Landelles, il a frôlé l’exploit, terminant deuxième derrière Paul Lapeira. La déception était immense, mais elle a vite laissé place à une détermination farouche.
« J’ai pleuré sur la ligne, mais j’ai accepté. Puis, en voyant Paul avec le maillot sur le Tour, j’ai eu un pincement au cœur », confie-t-il. Ce n’est pas une obsession, mais un rêve. Et ce rêve, il le poursuit avec une préparation minimaliste mais efficace. La veille de la course, il reconnaît le parcours, échange avec des cyclotouristes locaux, et savoure l’ambiance bon enfant. « Les gens sont hyper sympas », note-t-il, amusé par ces coureurs amateurs qui glissent une baguette dans leur maillot.
Édition Résultat de Julien Lieu 2023 3e Cassel 2024 2e Saint-Martin-de-Landelles 2025 En course Saint-Paul-en-Pareds Cette année, le parcours, raccourci à cause de la chaleur, promet une course indécise. Les favoris, sous pression, pourraient se neutraliser, offrant une chance aux outsiders comme Julien. Et si son organisation bricolée – « un vrai Tetris », plaisante-t-il en parlant de sa voiture – n’est pas celle d’une équipe World Tour, elle a un atout : la liberté. Sans la pression d’un leader à protéger, Julien peut courir pour lui, avec l’envie de surprendre.
Une Ambiance de Kermesse et de Solidarité
Ce qui frappe dans cette aventure, c’est l’atmosphère. Loin des grandes organisations, le week-end de Julien ressemble à une fête de village. Le gîte, avec ses cinq chambres et son barbecue, est le théâtre de moments de convivialité. Le menu, concocté par Jean-François, fait saliver : melon, charcuterie espagnole, foie gras, paëlla… Julien, lui, reste fidèle à ses pâtes, avec peut-être un petit bout de foie gras pour la chance, comme l’an dernier.
Mais au-delà des repas, c’est l’esprit d’équipe qui impressionne. Jean-François, qui a connu les Championnats sous bannière étrangère dans les années 90, compare l’expérience de son fils à du « camping amélioré ». Pas de pression écrasante, pas de stratégie rigide, juste du plaisir. Et dans le peloton, Julien compte sur sa popularité. Connu pour son style offensif et son rôle de roule-toujours, il est apprécié des fans et des autres coureurs. Une force qui pourrait jouer en sa faveur.
- Reconnaissance du parcours : Julien effectue deux tours pour mémoriser les difficultés.
- Ravitaillement : Jean-François et Margot assurent les bidons et les encouragements.
- Solidarité : Alliances avec d’autres coureurs isolés pour contrer les grandes équipes.
À l’heure où les grandes équipes se disputent le titre avec une pression énorme, Julien, lui, savoure cette parenthèse. « Sur le Tour, la pression est à 100. Ici, elle est à 15 », lance-t-il avec un sourire. Une légèreté qui pourrait bien être sa meilleure arme.
Le Cyclisme, une Affaire de Famille
Si Julien excelle sur le vélo, ce n’est pas un hasard. Son père, Jean-François, troisième du Tour de France 1987, lui a transmis la passion du cyclisme. Les anecdotes familiales ne manquent pas : les premières courses en cadet, les pneus gonflés à la main, les ravitaillements improvisés. Aujourd’hui, c’est toute la famille qui perpétue cette tradition. Charles, à peine débarrassé de ses petites roues, montre déjà des prédispositions. « Il pédale dans les virages, c’est génétique », plaisante Julien, même si un passage à l’hôpital rappelle que le vélo n’est pas sans risques.
Pour moi, ce qui rend cette histoire si touchante, c’est cette capacité à mêler compétition de haut niveau et simplicité familiale. Dans un sport où la performance est souvent froide et calculée, les Bernard rappellent que le cyclisme, c’est aussi une histoire d’humanité. Qui n’a jamais rêvé de voir ses proches au bord de la route, criant son nom à chaque passage ?
Ce n’est pas du camping, mais pas loin. Julien n’a aucune assistance, mais ça ne le déconcentre pas.
– Jean-François, père de Julien BernardCette dynamique familiale n’est pas seulement un soutien moral. Elle permet à Julien de se concentrer sur l’essentiel : pédaler. Pendant que ses proches gèrent l’intendance, il peut se focaliser sur la course, sur les bosses du parcours vendéen, sur les stratégies pour surprendre les favoris. Et même si le résultat reste incertain, une chose est sûre : ce week-end restera gravé dans les mémoires.
Un Défi Sous le Signe de la Chaleur
Les conditions climatiques ajoutent une couche de difficulté à la course. Avec des températures frôlant les 40 °C, les organisateurs ont réduit la distance du parcours pour préserver les coureurs. Une décision qui pourrait bouleverser les stratégies. Les équipes favorites, habituées à contrôler la course, pourraient se neutraliser, laissant une ouverture aux coureurs comme Julien, capables de saisir leur chance dans le chaos.
Julien, lui, ne se fait pas d’illusions. Il sait que sans l’appui d’une équipe, il devra être rusé. « Il faudra être très malin », confirment les observateurs, qui louent son style offensif. Sa popularité auprès du public, acquise grâce à des années de travail dans l’ombre, pourrait aussi jouer en sa faveur. Les supporters, nombreux sur le bord des routes, scandent son nom, et cette énergie est un carburant précieux.
En repensant à cette course, je me demande : et si c’était l’année de Julien ? Après tout, le cyclisme est un sport où les surprises ne sont jamais loin. Un coureur isolé, porté par sa famille et son envie de bien faire, peut-il défier les pronostics ? L’histoire nous dira bientôt la réponse.
Pourquoi Cette Course Compte
Les Championnats de France, c’est plus qu’une simple course. C’est un moment où le cyclisme retrouve ses racines, où les coureurs, même ceux évoluant à l’international, reviennent défendre leurs couleurs nationales. Pour Julien, c’est aussi une occasion de briller pour lui-même, loin de son rôle d’équipier. « Je ne suis pas très François le Français, mais représenter son pays, ça compte », avoue-t-il.
Ce week-end, au-delà du résultat, c’est une leçon de vie. Une famille qui se réunit, un coureur qui donne tout, une ambiance où la compétition se mêle à la convivialité. Dans un monde où le sport de haut niveau est souvent synonyme de pression et de professionnalisme extrême, l’histoire de Julien Bernard nous rappelle qu’il y a encore de la place pour l’humain, pour les rires autour d’une table, pour un enfant qui pédale en imitant son père.
Alors, que retiendra-t-on de ce week-end à Saint-Paul-en-Pareds ? Peut-être une médaille, peut-être pas. Mais une chose est sûre : Julien Bernard et sa famille auront vécu une aventure hors du commun, où le vélo n’est pas seulement une question de performance, mais aussi de liens, de souvenirs et de cœur.
