Quand une vie s’éteint dans la violence, sous les yeux de ses propres enfants, comment ne pas se demander où le système a failli ? La nuit du 8 au 9 août 2025, à Saint-Jouan-des-Guérets, près de Saint-Malo, une femme de 36 ans a été brutalement assassinée par son ex-compagnon. Ce drame, qui s’inscrit comme le 55e féminicide recensé en France cette année, soulève des questions brûlantes sur la protection des victimes de violences conjugales. J’ai ressenti, en me penchant sur cette affaire, une colère sourde mêlée d’impuissance face à une tragédie qui, peut-être, aurait pu être évitée.
Un Drame aux Conséquences Dévastatrices
La victime, une mère de trois enfants, vivait à Saint-Jouan-des-Guérets, une petite commune paisible d’Ille-et-Vilaine. Cette nuit-là, tout a basculé. Selon les premiers éléments de l’enquête, elle a repéré son ex-compagnon près de son immeuble. Accompagnée d’une de ses filles, elle est descendue pour lui parler. Ce qui aurait dû être une confrontation verbale s’est transformé en un acte d’une violence inouïe. Deux coups de couteau au cou, portés par un homme de 38 ans, ont mis fin à sa vie devant sa fille, témoin impuissant d’une scène qui marquera à jamais sa mémoire.
Ce n’est pas juste un fait divers. C’est une histoire qui nous force à regarder en face une réalité trop souvent reléguée aux statistiques : les violences conjugales continuent de tuer, malgré les alertes répétées des victimes. Ce drame m’a particulièrement touché par sa brutalité, mais aussi par ce qu’il révèle des failles dans notre société.
Des Signaux d’Alerte Ignorés ?
Ce qui rend ce féminicide encore plus révoltant, c’est que la victime avait tenté de se protéger. Elle avait déposé deux plaintes contre son ex-compagnon avant le drame. La première, mi-juillet, dénonçait un harcèlement incessant : messages répétitifs, visites non désirées à son domicile. Elle avait clairement exprimé sa peur, même si elle précisait n’avoir subi ni violences physiques ni menaces de mort. La seconde plainte, début août, concernait des dégradations sur son véhicule, un acte qu’elle attribuait à son ancien partenaire. Pourtant, au moment du meurtre, les enquêtes sur ces plaintes étaient toujours en cours.
Les plaintes pour harcèlement sont souvent les premiers signaux d’alerte dans les cas de violences conjugales. Leur prise en charge rapide peut sauver des vies.
– Une experte en droit des victimes
Ces plaintes, bien que prises en compte par les autorités, n’ont pas suffi à empêcher l’irréparable. Pourquoi ? C’est une question qui hante les proches de la victime et, soyons honnêtes, tous ceux qui suivent ce genre d’affaires. D’après mon expérience, les lenteurs administratives et judiciaires jouent souvent un rôle dans ces tragédies. Les ressources manquent, les suivis sont parfois bâclés, et les victimes se retrouvent seules face à leur bourreau.
Une Confrontation Fatale
Revenons sur les circonstances du drame. Cette nuit-là, l’ex-compagnon, armé d’un couteau, n’a pas hésité à passer à l’acte. Les détails sont glaçants : une dispute éclate, des mots sont échangés, puis la violence surgit, soudaine et irréversible. La présence d’une adolescente, témoin de l’horreur, ajoute une dimension encore plus tragique. Comment une jeune fille peut-elle surmonter un tel traumatisme ? Cette question, je me la pose encore, et je n’ai pas de réponse facile.
Ce qui frappe, c’est la rapidité avec laquelle la situation a dégénéré. Une simple rencontre, motivée peut-être par l’espoir de calmer les tensions, a tourné au cauchemar. Cela nous rappelle que les violences conjugales ne sont pas toujours prévisibles, mais elles suivent souvent un schéma : une escalade progressive, des signaux ignorés, et une explosion finale.
- Harcèlement répété : Messages insistants, visites non désirées.
- Absence de violence physique initiale : Ce qui peut compliquer l’évaluation du danger.
- Manque de suivi rapide : Les plaintes en attente ont laissé la victime vulnérable.
La Traque du Suspect et son Issue
Après le meurtre, l’ex-compagnon a pris la fuite, direction Taden, dans les Côtes-d’Armor. Les forces de l’ordre, rapidement mobilisées, l’ont intercepté. Mais l’homme, loin de se rendre, a adopté une attitude menaçante, brandissant une machette. Face à cette situation, un gendarme a ouvert le feu, mettant fin à la cavale du suspect par deux tirs mortels. Un tir à impulsion électrique, tenté au préalable, s’était révélé inefficace.
L’agent impliqué a été brièvement placé en garde à vue, une procédure standard dans ce type de cas. Après enquête, il a été relâché, les investigations ayant conclu à une action dans le cadre de la légitime défense. Ce dénouement, bien que dramatique, soulève une autre question : comment gérer les suspects dans des situations aussi tendues ? Les gendarmes, confrontés à un individu armé et dangereux, ont dû prendre une décision en une fraction de seconde.
Les forces de l’ordre sont souvent les derniers remparts face à la violence, mais leurs interventions ne sont jamais anodines.
– Un ancien officier de gendarmerie
Un Système sous Pression
Ce féminicide met en lumière des failles systémiques. Les plaintes déposées par la victime n’ont pas conduit à une protection immédiate. Les enquêtes, bien qu’en cours, n’ont pas permis d’anticiper le passage à l’acte. Et si l’intervention des forces de l’ordre a stoppé le suspect, elle n’a pas pu sauver la victime. Ce constat, aussi dur soit-il, nous oblige à nous interroger : que faut-il changer pour que ces drames cessent ?
En 2023, 96 femmes ont été victimes de féminicide conjugal en France, un chiffre en baisse de 19 % par rapport à 2022, selon des données officielles. Pourtant, chaque cas reste un échec collectif. Les associations de défense des droits des femmes appellent à une réforme profonde : plus de moyens pour les commissariats, des formations spécifiques pour reconnaître les signaux de danger, et une justice plus rapide pour traiter les plaintes.
| Année | Nombre de féminicides | Évolution |
| 2022 | 118 | – |
| 2023 | 96 | -19 % |
| 2025 (jusqu’à août) | 55 | En cours |
Ce tableau, bien que factuel, ne rend pas justice à la douleur des familles. Chaque chiffre cache une histoire, des enfants orphelins, des proches brisés. À Saint-Malo, trois enfants, dont deux adolescentes présentes lors du drame, doivent désormais vivre avec ce traumatisme. Leur prise en charge par l’aide sociale à l’enfance est un premier pas, mais il faudra bien plus pour les aider à se reconstruire.
Vers une Prise de Conscience Collective
Ce drame, aussi tragique soit-il, doit servir de catalyseur. Les violences conjugales ne sont pas une fatalité. Elles nécessitent une réponse collective : des campagnes de sensibilisation, des moyens accrus pour la justice et les forces de l’ordre, et une écoute plus attentive des victimes. Personnellement, je crois qu’il est temps de repenser la manière dont on traite les plaintes pour harcèlement. Trop souvent, elles sont minimisées, considérées comme secondaires face à des actes plus « visibles ».
Et si on inversait la tendance ? Si, au lieu de réagir après coup, on agissait dès les premiers signaux ? Les associations le répètent : une plainte pour harcèlement n’est pas anodine. Elle est souvent le prélude à une escalade. Écoutons-les.
- Renforcer les moyens judiciaires : Accélérer le traitement des plaintes pour harcèlement.
- Former les professionnels : Sensibiliser les forces de l’ordre et les magistrats aux signaux d’alerte.
- Protéger les victimes : Mettre en place des mesures d’éloignement efficaces dès les premières plaintes.
Ce féminicide à Saint-Malo n’est pas qu’un fait divers. C’est un cri d’alarme. En tant que société, nous devons nous regarder dans le miroir et reconnaître nos échecs. La victime avait fait ce qu’elle pouvait : elle avait alerté, elle avait parlé. Mais cela n’a pas suffi. À nous, maintenant, de faire en sorte que ces drames ne se répètent plus.
Et Après ?
Les enfants de la victime, désormais orphelins de leur mère, sont pris en charge par les services sociaux. Mais leur avenir reste incertain. Comment grandir après avoir vu l’inimaginable ? Les psychologues le savent : le traumatisme d’un tel événement peut marquer à vie. Pourtant, il existe des solutions : un accompagnement psychologique renforcé, un soutien scolaire, une communauté qui se mobilise. J’ai espoir que ces enfants trouveront, malgré tout, un chemin vers la résilience.
Ce drame nous rappelle aussi l’importance de parler. Si vous, ou quelqu’un que vous connaissez, êtes victime de violences conjugales, n’hésitez pas à demander de l’aide. Des numéros d’urgence existent, des associations sont là pour écouter. Parfois, un simple appel peut tout changer.
Parler, c’est déjà un pas vers la liberté. Ne restez pas seule face à la violence.
– Une militante pour les droits des femmes
En écrivant cet article, j’ai voulu rendre hommage à cette femme, à sa force, à son courage. Mais j’ai aussi voulu pointer du doigt ce qui ne va pas. Les féminicides ne sont pas une fatalité. Ils sont le résultat de failles que nous pouvons, que nous devons, combler. À Saint-Malo, une vie a été brisée. À nous de faire en sorte que ce ne soit pas en vain.
