Et si votre assiette racontait une histoire de lutte ? Cet été, alors que la sécheresse a transformé les champs en déserts craquelés et que les maladies animales ont frappé les élevages, les agriculteurs français ont décidé de ne plus se taire. Le 10 septembre 2025, une vague de colère multisectorielle déferlera sur la France, et la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole du pays, sera de la partie. Ce mouvement, né sur les réseaux sociaux sous le slogan « Bloquons tout », promet de secouer le paysage économique et social. Mais qu’est-ce qui pousse ces travailleurs de la terre à descendre dans la rue ? Plongeons dans les racines de cette mobilisation.
Une Crise Agricole aux Multiples Visages
Les agriculteurs français traversent une période sombre. Entre les sécheresses extrêmes qui ont ravagé les récoltes cet été et les épidémies animales comme la dermatose nodulaire contagieuse des bovins, le secteur est à bout de souffle. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon des estimations récentes, certaines régions ont perdu jusqu’à 40 % de leur production agricole en 2025 à cause des conditions climatiques. Mais ce n’est pas tout. Les politiques publiques, souvent perçues comme déconnectées des réalités du terrain, attisent la frustration. J’ai toujours trouvé que la colère des paysans, bien qu’intense, est souvent mal comprise. Elle ne naît pas seulement des aléas climatiques, mais d’un sentiment d’abandon face à des décisions prises loin des champs.
Les agriculteurs ne demandent pas la lune, juste de vivre dignement de leur métier.
– Porte-parole d’un syndicat agricole
La Confédération paysanne, en rejoignant le mouvement du 10 septembre, veut mettre ces enjeux sur la table. Leur message est clair : il faut des solutions concrètes, pas des promesses creuses. Mais quelles sont les causes profondes de cette grogne ? Et pourquoi ce syndicat, souvent perçu comme plus progressiste que ses concurrents, choisit-il de s’allier à un mouvement aussi large ?
Sécheresse et Maladies : Un Été Caustique pour les Paysans
L’été 2025 a été impitoyable. Les vagues de chaleur ont asséché les sols, rendant les cultures presque impossibles dans certaines régions du sud de la France. Les feux de forêt, plus nombreux que jamais, ont ajouté une couche de désespoir. À cela s’ajoute la dermatose nodulaire contagieuse, une maladie qui a touché les troupeaux bovins, obligeant les autorités à prendre des mesures drastiques. Mais ces décisions, comme l’abattage systématique des foyers infectés, ont été critiquées par la Confédération paysanne. Pourquoi ? Parce qu’elles ont été imposées sans réelle concertation avec les agriculteurs concernés.
Ce manque de dialogue est un point sensible. Imaginez : vous travaillez jour et nuit pour nourrir le pays, et on vous impose des solutions qui, selon vous, aggravent la situation. Frustrant, non ? La Confédération paysanne reproche au gouvernement de privilégier des approches technocratiques, comme les méga-bassines (grandes retenues d’eau), au détriment de solutions plus durables. Ces infrastructures, souvent présentées comme une réponse à la sécheresse, sont vues comme des fausses solutions par le syndicat, qui milite pour une refonte de l’agriculture méditerranéenne et du pastoralisme.
- Sécheresse : Jusqu’à 40 % de pertes de récoltes dans certaines régions.
- Maladies animales : La dermatose nodulaire a frappé les élevages bovins.
- Réponses inadaptées : Les méga-bassines favorisent l’agro-industrie, pas les petits exploitants.
Face à ces défis, le syndicat propose des idées audacieuses, comme un fonds mutuel et solidaire pour l’assurance climatique. L’idée ? Faire contribuer toute la chaîne agroalimentaire – des fabricants de matériel agricole aux supermarchés – pour répartir les risques. Une proposition qui semble pleine de bon sens, mais qui se heurte à la résistance des grands acteurs du secteur.
Mercosur : Une Menace pour l’Agriculture Française ?
Un autre sujet brûlant alimente la colère des agriculteurs : l’accord de libre-échange avec le Mercosur, le marché commun sud-américain. Cet accord, dont le processus de ratification a débuté en septembre 2025, suscite une levée de boucliers. Pourquoi ? Parce qu’il pourrait augmenter les quotas d’importation de produits agricoles sud-américains, souvent produits à des coûts bien inférieurs. Pour les agriculteurs français, c’est une menace directe à leur survie.
Cet accord, c’est accepter un suicide de l’agriculture française.
– Représentant syndical agricole
La Confédération paysanne ne mâche pas ses mots. Elle organisera une manifestation à Bruxelles pour s’opposer à cet accord, en collaboration avec le mouvement international Via Campesina. Leur objectif ? Presser les États européens, et particulièrement la France, à clarifier leur position. À titre personnel, je trouve que cet accord soulève une question essentielle : comment concilier ouverture commerciale et protection des savoir-faire locaux ? C’est un débat qui dépasse l’agriculture et touche à l’identité même de nos territoires.
| Aspect | Problème | Solution proposée |
| Mercosur | Augmentation des importations agricoles | Opposition à l’accord et renforcement des protections locales |
| Sécheresse | Pertes massives de récoltes | Repenser l’agriculture méditerranéenne |
| Assurance climatique | Coûts prohibitifs pour les agriculteurs | Fonds mutuel et solidaire |
Ce n’est pas la première fois que des accords internationaux soulèvent des inquiétudes. Mais cette fois, la mobilisation semble prendre une ampleur inédite. Le 10 septembre pourrait devenir un tournant, non seulement pour les agriculteurs, mais pour tous ceux qui se sentent lésés par la mondialisation.
Le 10 Septembre : Une Convergence des Colères
Ce qui rend le mouvement du 10 septembre si particulier, c’est son caractère multisectoriel. Née sur les réseaux sociaux, l’initiative « Bloquons tout » regroupe des mécontentements variés : agriculteurs, travailleurs du secteur public, indépendants… Tous partagent un sentiment commun d’injustice face à des politiques qui semblent favoriser les grands groupes au détriment des petites structures. La Confédération paysanne, en s’y associant, veut montrer que les luttes locales sont interconnectées.
Mais tous les syndicats agricoles ne partagent pas cet élan. Le premier syndicat du secteur, par exemple, a choisi de ne pas participer, craignant une récupération politique. Cette division intrigue. Est-ce une question de stratégie ou un signe de fracture dans le monde agricole ? Pour ma part, je pense que la diversité des approches pourrait être une force, à condition qu’elle ne dilue pas le message.
- Convergence : Le mouvement unit agriculteurs, salariés et indépendants.
- Actions prévues : Grèves, blocages et manifestations dans toute la France.
- Objectif : Obtenir des mesures concrètes pour répondre aux crises.
Ce mouvement, s’il prend de l’ampleur, pourrait redessiner les contours du débat public. Les agriculteurs, souvent en première ligne des crises climatiques et économiques, ont une voix qui porte. Leur mobilisation pourrait inspirer d’autres secteurs à se faire entendre.
Vers une Agriculture Plus Durable ?
La Confédération paysanne ne se contente pas de critiquer. Elle propose une vision alternative pour l’agriculture française. Plutôt que de s’appuyer sur des solutions à court terme, comme les grandes retenues d’eau ou les aides ponctuelles, le syndicat appelle à repenser l’occupation des sols et à promouvoir le pastoralisme. Ces idées, bien qu’ambitieuses, pourraient transformer le secteur à long terme.
Par exemple, repenser l’agriculture méditerranéenne pourrait inclure des cultures plus résistantes à la sécheresse ou des pratiques agroécologiques. Cela semble idéaliste, mais n’est-ce pas le moment de rêver grand ? Après tout, face à des crises climatiques de plus en plus fréquentes, le statu quo n’est plus une option. Le syndicat insiste aussi sur la nécessité d’un fonds mutuel pour l’assurance climatique, une idée qui pourrait alléger le fardeau financier des agriculteurs.
Il n’est pas normal que seuls les paysans portent les risques climatiques.
– Expert du secteur agricole
Cette proposition, si elle voit le jour, pourrait redéfinir les responsabilités dans la chaîne agroalimentaire. Mais elle demande une volonté politique forte, ce qui reste incertain dans le contexte actuel.
Et Après le 10 Septembre ?
Le mouvement du 10 septembre ne sera pas une fin en soi. Il pourrait, au contraire, marquer le début d’une mobilisation plus large. Les agriculteurs, en s’unissant à d’autres secteurs, envoient un message clair : la société française est à un tournant. Les crises climatiques, économiques et sociales exigent des réponses audacieuses. Mais seront-elles entendues ?
Pour la Confédération paysanne, l’enjeu est double : défendre les intérêts immédiats des agriculteurs tout en posant les bases d’un modèle agricole plus résilient. Leur présence à Bruxelles, aux côtés de Via Campesina, montre qu’ils jouent sur plusieurs tableaux. Ce mélange de local et de global est fascinant. Il rappelle que les luttes paysannes, bien qu’ancrées dans le terroir, ont une portée universelle.
En attendant, le 10 septembre s’annonce comme une journée clé. Les blocages, manifestations et actions symboliques pourraient attirer l’attention des médias et du public. Mais au-delà du bruit, c’est le fond du problème qui compte : comment garantir une agriculture viable dans un monde en crise ? Une question qui, je l’avoue, me laisse parfois perplexe tant les défis sont immenses.
Et vous, que pensez-vous de cette mobilisation ? Les agriculteurs ont-ils raison de hausser le ton ? Une chose est sûre : le 10 septembre 2025, la France retiendra son souffle.
