Quand une légende s’éteint, le monde semble s’arrêter un instant. À Milan, ce samedi 6 septembre 2025, des milliers de personnes se sont rassemblées dans un silence empreint de respect pour dire adieu à Giorgio Armani, le maestro de la mode italienne, décédé à l’âge de 91 ans. J’ai toujours été fasciné par la capacité d’un créateur à transcender les époques, et Armani, avec son style intemporel, incarnait cette magie. La ville, capitale mondiale de la mode, pleure aujourd’hui celui qui a redéfini l’élégance.
Un Adieu Chargé d’Émotion à l’Armani Teatro
Dans le quartier autrefois industriel de Milan, l’Armani Teatro, ancien site d’une usine de chocolat reconverti en temple de la mode, est devenu le théâtre d’un hommage poignant. Dès l’aube, une foule immense s’est formée, composée d’anonymes, de collaborateurs de longue date et de figures du monde de la mode. Le cercueil en bois clair, orné d’un simple bouquet de roses blanches, repose au centre de la salle, entouré de couronnes imposantes. Pourquoi tant d’émotion ? Parce qu’Armani n’était pas seulement un créateur, mais un symbole de l’élégance italienne.
Il a transformé la mode en une poésie du quotidien, où chaque vêtement raconte une histoire de raffinement.
– Une admiratrice anonyme à l’Armani Teatro
La chapelle ardente, ouverte de 9h à 18h ce week-end, a vu défiler des gens de tous horizons. Des jeunes créateurs, inspirés par ses coupes fluides, aux habitants de Milan, fiers de leur icône, chacun voulait rendre un dernier hommage. La scène était presque cinématographique, digne des films que Giorgio Armani aimait tant.
Un Héritage Qui a Redéfini la Mode
Giorgio Armani, c’est avant tout l’homme qui a révolutionné le tailoring. Dans les années 70, il a osé déconstruire le costume masculin, le rendant plus fluide, plus naturel. Exit les épaulettes rigides et les structures lourdes : Armani a introduit une silhouette douce et puissante, qui a conquis le monde. Les femmes, elles aussi, ont adopté ce style, trouvant dans ses créations un équilibre parfait entre force et féminité.
Ce qui me frappe, c’est comment il a su rester fidèle à sa vision. Dans une industrie où les tendances s’essoufflent en un claquement de doigts, Armani a bâti un empire sur la constance. Ses collections, souvent décrites comme minimalistes, étaient en réalité des manifestes d’élégance intemporelle. Qui n’a jamais rêvé de porter une de ses vestes parfaitement coupées ?
- Introduction du costume déstructuré dans les années 70.
- Collaboration avec Hollywood pour habiller les stars sur le tapis rouge.
- Expansion de l’empire Armani dans la haute couture, les parfums et même l’hôtellerie.
Son influence ne s’arrête pas aux podiums. Armani a habillé des icônes du cinéma, de Julia Roberts à Leonardo DiCaprio, et a même influencé la mode sportive avec sa ligne EA7. Son amour pour le sport, notamment le basketball, s’est traduit par des partenariats avec des équipes italiennes et olympiques. Un visionnaire, tout simplement.
Milan, une Ville en Deuil
La perte d’Armani est un choc pour Milan. La ville, qui se prépare à accueillir les Jeux olympiques de 2026, semble suspendue dans le temps. Le maire, dans un discours émouvant, a déclaré que le créateur « restera à jamais une figure centrale de l’identité milanaise ». La décision de proclamer le jour des funérailles, lundi 8 septembre, comme jour de deuil civique en dit long sur l’impact d’Armani.
Milan a perdu une partie de son âme, mais son héritage continuera d’inspirer.
– Un élu local
Les boutiques Armani de la ville ont fermé leurs portes en signe de respect, et certaines à l’étranger, comme à Londres, ont annoncé des fermetures partielles lundi. Ce geste, rare dans le monde du luxe, montre à quel point Giorgio Armani était plus qu’un créateur : il était une institution.
Les Témoignages des Grands Noms
Le monde de la mode et au-delà s’est mobilisé pour rendre hommage à Armani. Des créateurs comme Donatella Versace ont salué un « géant » qui a « changé l’histoire de la mode ». D’autres, comme les dirigeants de Prada, ont loué sa capacité à incarner l’élégance italienne tout en influençant le monde entier. Même des personnalités politiques, comme la Première ministre italienne, ont exprimé leur admiration pour un homme qui a « porté haut les couleurs de l’Italie ».
| Secteur | Personnalité | Hommage |
| Mode | Créatrice italienne | « Un géant qui a redéfini le style mondial. » |
| Politique | Première ministre | « Un symbole de l’excellence italienne. » |
| Cinéma | Acteur hollywoodien | « Ses créations ont marqué mes moments les plus importants. » |
Ce qui m’a touché, en lisant ces hommages, c’est la récurrence du mot « famille ». Les collaborateurs d’Armani, de ses assistants aux mannequins, décrivent une relation presque intime avec lui. Il avait cette capacité rare à faire sentir à chacun qu’il faisait partie de son univers.
Une Vie au Service de l’Art
Né en 1934 à Piacenza, Giorgio Armani n’était pas destiné à la mode. Étudiant en médecine, il a tout abandonné pour suivre sa passion. Avec son partenaire Sergio Galeotti, il a fondé sa marque en 1975, en vendant sa vieille Volkswagen pour financer le projet. Cette anecdote, presque romanesque, montre à quel point Armani était un homme de conviction.
Son parcours n’a pas été sans embûches. La guerre, les critiques, la perte de Galeotti en 1985… Pourtant, il a continué, seul, à bâtir un empire. Des hôtels de luxe aux parfums, en passant par les costumes de films cultes, Armani a tout exploré. Vous saviez qu’il a habillé Richard Gere dans American Gigolo ? Ce film a littéralement lancé la mode du costume décontracté.
La mode, c’est ma façon de parler au monde, sans dire un mot.
– Giorgio Armani, dans une interview passée
Son amour pour le cinéma ne s’est jamais démenti. De The Wolf of Wall Street aux tapis rouges des Oscars, ses créations ont sublimé les stars. Et pourtant, il restait humble, presque timide, préférant laisser son travail parler pour lui.
L’Avenir de l’Empire Armani
La question qui brûle toutes les lèvres : que va devenir l’empire Armani ? Sans héritier direct, Giorgio avait tout prévu. Sa fondation, créée en 2016, garantit l’indépendance de la marque face aux géants du luxe. Ses neveux et nièces, ainsi que son fidèle collaborateur Leo Dell’Orco, devraient prendre les rênes. Mais pourront-ils maintenir la magie d’Armani ?
J’ai toujours pensé que les grandes marques survivent à leurs créateurs grâce à une vision claire. Armani a laissé des directives précises, mais l’absence de son génie risque de se faire sentir. Les prochains défilés, prévus pour la Fashion Week de Milan, seront scrutés à la loupe.
- Indépendance : La fondation Armani bloque toute acquisition pour au moins cinq ans.
- Équipe dirigeante : Leo Dell’Orco et la famille Armani à la tête des décisions créatives.
- Héritage : Une rétrospective de 150 looks prévue à la Pinacoteca di Brera.
Ce qui est sûr, c’est que l’exposition prévue pour célébrer les 50 ans de la maison Armani sera un moment clé. Elle promet de retracer l’évolution d’un style qui a marqué des générations.
Pourquoi Armani Nous Manque Déjà
Ce qui rend la disparition d’Armani si douloureuse, c’est son humanité. Il était connu pour traiter ses employés comme une famille, invitant même les petites mains à ses fêtes. Dans un monde où l’industrie de la mode peut être cruelle, il incarnait une certaine douceur. Vous imaginez un créateur de son envergure plaisanter avec ses tailleurs ? C’était lui, ça.
Son engagement allait au-delà de la mode. Il a été le premier à bannir les mannequins trop maigres de ses défilés, après un drame dans l’industrie. Il soutenait aussi le sport, notamment en habillant les équipes olympiques italiennes. Un homme qui voyait grand, mais qui n’oubliait jamais les détails.
Il ne suivait pas les tendances, il les créait.
– Une styliste milanaise
En repensant à son parcours, je me demande : qui pourra reprendre le flambeau ? Armani n’était pas seulement un designer, il était une philosophie. Son style, sa rigueur, son amour pour l’Italie… tout cela restera gravé dans nos mémoires.
Un Dernier Regard sur le Roi
Ce week-end, l’Armani Teatro restera ouvert pour permettre à tous de dire adieu. Lundi, les funérailles, souhaitées privées par Armani, marqueront la fin d’une ère. Mais son influence, elle, ne s’éteindra pas. Chaque costume parfaitement coupé, chaque robe de tapis rouge, chaque boutique Armani dans le monde portera son empreinte.
En me promenant dans Milan il y a quelques années, j’avais été frappé par la présence d’Armani partout : dans les vitrines, sur les affiches, dans l’air même de la ville. Aujourd’hui, cette présence est devenue un souvenir, mais un souvenir vivant. Giorgio Armani n’est plus, mais son élégance, elle, est éternelle.
