Imaginez-vous au volant, coincé sur une rocade déserte, une épaisse fumée noire s’élevant au loin, des sirènes hurlant dans le chaos. Ce n’était pas un film, mais bien la réalité à Rennes ce 10 septembre 2025, où le mouvement Bloquons tout a transformé la ville en un théâtre de tensions. Dès l’aube, des centaines de manifestants ont pris d’assaut les axes stratégiques, et ce qui semblait être une simple mobilisation sociale a vite dégénéré en affrontements violents, marqués par l’incendie spectaculaire d’un bus. Comment une ville habituellement paisible a-t-elle basculé dans une telle agitation ?
Un Mouvement Né de la Colère Populaire
Le 10 septembre n’était pas une date choisie au hasard. Depuis des semaines, des appels à bloquer le pays circulaient sur les réseaux sociaux, portés par des collectifs citoyens et des groupes d’extrême gauche. Ce mouvement, baptisé Bloquons tout, visait à protester contre une situation économique et politique jugée insoutenable par beaucoup : austérité, hausse du coût de la vie, et un sentiment d’abandon par les élites. À Rennes, ville historiquement marquée par les mobilisations sociales, l’appel a trouvé un écho particulier.
La colère est palpable. Les gens ne veulent plus se taire face à un système qui les étouffe.
– Un militant anonyme lors d’une assemblée générale
Des assemblées générales, organisées dans des quartiers comme Cleunay ou Villejean, ont réuni des centaines de participants dès la fin de l’été. Étudiants, commerçants, syndicalistes, et citoyens ordinaires se sont joints à la cause, chacun avec ses propres frustrations. Mais qu’est-ce qui a poussé cette mobilisation à prendre une tournure aussi explosive ?
Une Journée Sous Haute Tension
La journée a commencé tôt, bien avant que le soleil ne se lève sur la capitale bretonne. Dès 6h30, des groupes se sont rassemblés aux stations de métro stratégiques, comme Henri Fréville et Viasilva, avec un objectif clair : paralyser la rocade, l’artère vitale de Rennes. Des barricades de palettes ont été érigées, certaines rapidement enflammées, bloquant la circulation dans les deux sens. Mais c’est l’incendie d’un bus qui a marqué les esprits.
Selon des témoignages, un groupe de manifestants masqués aurait forcé un chauffeur de bus du réseau STAR à quitter son véhicule avant de le saccager et d’y mettre le feu. L’incendie, survenu sous un pont près de la porte d’Alma, a provoqué une explosion, soulevant des inquiétudes sur la stabilité de l’édifice. Les images, largement relayées sur les réseaux sociaux, montrent une épaisse fumée noire s’élevant dans le ciel, tandis que des sirènes déchiraient le silence.
J’ai vu le bus brûler de loin. C’était comme un film, mais la peur était bien réelle.
– Un automobiliste coincé sur la rocade
Les forces de l’ordre, déployées en nombre, ont riposté avec des gaz lacrymogènes et des charges pour disperser les manifestants. Les heurts, parfois violents, ont opposé des groupes de jeunes, dont certains identifiés comme appartenant à la mouvance black bloc, aux gendarmes mobiles. Des jets de pavés et de mortiers d’artifice ont répondu aux tirs de gaz, transformant la rocade en un champ de bataille urbain.
Pourquoi un Tel Dérapage ?
Si les blocages étaient attendus, l’ampleur des violences a surpris. D’après des experts en mouvements sociaux, la radicalisation d’une partie des manifestants s’explique par un sentiment d’exaspération généralisée. Les récentes politiques d’austérité, combinées à une défiance croissante envers les institutions, ont créé un cocktail explosif. À Rennes, ville étudiante et bastion de la gauche, cette colère s’est exprimée avec une intensité particulière.
- Contexte économique : Hausse des prix, précarité accrue, et sentiment d’injustice face aux inégalités.
- Défiance politique : La chute récente du gouvernement a renforcé l’idée que les élites sont déconnectées.
- Organisation horizontale : Sans leader clair, le mouvement a laissé place à des actions spontanées, parfois incontrôlées.
Personnellement, en observant cette montée des tensions, je ne peux m’empêcher de penser à d’autres mouvements historiques, comme les Gilets jaunes. La différence ? Cette fois, l’absence de structure centralisée semble avoir amplifié le chaos. Les réseaux sociaux, comme Telegram ou Signal, ont joué un rôle clé dans l’organisation, mais aussi dans l’escalade des actions radicales.
Les Répercussions sur la Ville
Les blocages n’ont pas seulement paralysé la rocade. Les transports en commun, déjà fragilisés par des grèves, ont été fortement perturbés. Certaines lignes de bus ont été suspendues, tandis que le métro a fonctionné au ralenti. Les écoles, touchées par des appels à la grève des enseignants, ont vu des fermetures partielles, avec des perturbations dans la restauration scolaire.
| Secteur | Perturbations | Impact |
| Transports | Blocages rocade, lignes bus suspendues | Fort |
| Éducation | Grèves enseignants, fermetures écoles | Moyen |
| Commerce | Fermetures boutiques, barricades | Moyen |
Les commerçants du centre-ville, eux, ont pris des mesures draconiennes. Beaucoup ont barricadé leurs vitrines, craignant des dégradations similaires à celles observées lors des manifestations contre la réforme des retraites en 2023. Une libraire rennaise confiait : “On soutient la cause, mais on doit protéger nos boutiques. C’est un équilibre difficile.”
Une Mobilisation Nationale aux Échos Locaux
Rennes n’était pas un cas isolé. Partout en France, le mouvement Bloquons tout a donné lieu à des actions similaires : blocages de ronds-points à Toulouse, perturbations ferroviaires entre Bordeaux et Toulouse, affrontements à Paris. Mais la capitale bretonne, avec son histoire de militantisme, s’est distinguée par l’intensité de ses actions. Pourquoi ? Peut-être parce que la ville concentre une population jeune, étudiante, et sensible aux questions sociales.
Rennes, c’est un laboratoire des luttes sociales. Chaque mouvement y trouve un écho particulier.
– Un sociologue spécialiste des mobilisations
Les autorités, conscientes du risque, avaient déployé un dispositif policier massif, avec près de 80 000 agents mobilisés à l’échelle nationale. À Rennes, des blindés de la gendarmerie, comme les VIPG Centaure, ont été utilisés pour sécuriser la rocade, une mesure rare qui témoigne de la gravité de la situation.
Un Mouvement Controversé
Si le mouvement a mobilisé des milliers de personnes, il a aussi divisé. Certains y voient une révolte légitime contre un système à bout de souffle ; d’autres dénoncent une dérive violente orchestrée par des groupuscules radicaux. Les autorités, elles, pointent du doigt une prise en main par l’extrême gauche, citant des actions comme l’incendie du bus ou des sabotages ferroviaires dans d’autres régions.
Pour ma part, je trouve que le débat est plus complexe. Oui, la violence est condamnable, surtout quand elle met en danger des vies, comme celle du chauffeur de bus ou des pompiers pris à partie. Mais peut-on ignorer le cri de désespoir qui pousse des citoyens, y compris des commerçants, à fermer boutique pour rejoindre la rue ? C’est une question qui mérite d’être posée.
- Revendications variées : Du pouvoir d’achat à la démission du président, les demandes sont multiples.
- Absence de leadership : L’organisation horizontale rend le mouvement imprévisible.
- Radicalisation : Une minorité d’acteurs pousse vers des actions violentes, au risque de discréditer la cause.
Et Maintenant ?
À la mi-journée, les manifestants ont quitté la rocade pour rejoindre une grande manifestation dans le centre-ville, partant de la place de la République. Le cortège, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes, a suivi un parcours encadré par les autorités, mais l’ambiance restait électrique. Les syndicats, bien que divisés sur la date du 10 septembre, ont appelé à une grève prolongée, avec une nouvelle mobilisation prévue le 18 septembre.
Quelles leçons tirer de cette journée ? D’un côté, le mouvement a montré la capacité des citoyens à se mobiliser rapidement, même sans structure formelle. De l’autre, il a révélé les limites d’une colère non canalisée, qui peut vite basculer dans le chaos. À Rennes, les stigmates de cette journée – un pont potentiellement fragilisé, des commerces barricadés, une rocade paralysée – rappellent que les tensions sociales sont loin d’être résolues.
Ce n’est pas qu’une question de politique. C’est une question de survie pour beaucoup.
– Une commerçante rennaise
En fin de compte, le 10 septembre 2025 restera comme un tournant, non seulement pour Rennes, mais pour toute la France. La question est : ce mouvement marquera-t-il le début d’une révolte plus large, ou s’essoufflera-t-il face à ses propres excès ? Une chose est sûre : la colère est bien là, et elle ne semble pas prête à s’éteindre.
Et vous, qu’en pensez-vous ? La violence est-elle un moyen légitime pour faire entendre une cause, ou risque-t-elle de tout discréditer ? Les réponses ne sont pas simples, mais elles méritent qu’on s’y attarde.
