Quand on pense à une star mondiale du football, on imagine souvent les stades en ébullition, les contrats mirobolants et les projecteurs braqués sur un talent hors norme. Mais derrière chaque grand joueur, il y a souvent une figure discrète, un pilier qui façonne non seulement une carrière, mais aussi un homme. Dans le cas de Kylian Mbappé, cette figure, c’est sa mère, Fayza Lamari. Dans une interview rare et sincère, elle se livre sur son rôle, ses peurs et sa fierté face à l’ascension fulgurante de son fils. Une question me trotte dans la tête : comment une mère vit-elle l’émergence d’une icône planétaire ? Plongeons dans son récit, un mélange de tendresse, de lucidité et de défis inattendus.
Une Mère au Cœur de la Légende
Fayza Lamari n’est pas seulement la mère de Kylian Mbappé, elle est aussi sa conseillère, une figure omniprésente dans ses choix de carrière. Mais loin des clichés des agents sportifs froids et calculateurs, elle incarne une approche humaine, presque viscérale. Elle raconte avec un sourire teinté d’ironie comment, dès ses quatre ans, Kylian refusait de défendre sur le terrain. « Ça, c’est tout lui », confie-t-elle. Ce détail, anodin en apparence, révèle une constante : Kylian a toujours suivi son instinct, un trait qu’elle a appris à respecter, voire à canaliser.
« Quand il quitte Paris pour le Real Madrid, malgré les avertissements sur les chances de gagner la Ligue des champions, il répond : “Je repars d’une feuille blanche.” Là, je retrouve l’enfant qui rêvait dans sa chambre. »
– Fayza Lamari
Ce choix audacieux, quitter le PSG pour le Real Madrid en 2024, illustre la liberté que Fayza et son mari Wilfrid ont toujours voulu préserver pour leur fils. Mais cette liberté a un prix. Être la mère d’une star, c’est naviguer entre fierté immense et une forme d’isolement. Elle l’avoue sans détour : « Quand les supporters l’encouragent ou le huent, il n’appartient plus à toi. »
Les Défis d’Être la Mère d’une Icône
Le mot icône dérange Fayza. Elle ne le trouve pas adapté pour décrire son fils. « Ça fait peur, parfois ça m’attriste », explique-t-elle. Derrière les paillettes, il y a les attentes écrasantes, les jugements amplifiés par les réseaux sociaux et les sacrifices d’une vie personnelle quasi inexistante. Elle confie avoir pris 22 kilos sous le stress entre un match décisif de Kylian à Monaco et son transfert au PSG en 2017. Une confidence qui humanise cette femme que l’on imagine souvent comme une stratège infaillible.
- Pression médiatique : Les rumeurs et critiques amplifiées par les réseaux sociaux.
 - Sacrifices personnels : Peu de moments d’intimité avec son fils, pris par un emploi du temps surchargé.
 - Équilibre familial : Préserver des valeurs simples malgré la notoriété.
 
Pourtant, Fayza ne se plaint pas. Elle préfère parler de la joie de voir Kylian devenir un modèle, non seulement comme joueur, mais surtout comme homme. « C’est l’homme qu’il est devenu qui me rend fière », insiste-t-elle. Cette fierté, elle la puise dans les petites anecdotes, comme lorsqu’il rencontre Zinédine Zidane à 14 ans et refuse de laver son manteau parce que son idole l’a touché. Un gamin, finalement, dans un monde d’adultes.
Une Enfance Pas Comme les Autres
Kylian Mbappé n’a jamais été un enfant ordinaire. Élevé dans un univers familial riche, entre des grands-parents camerounais maîtrisant la langue française avec brio et des parents immergés dans le sport, il baigne dès son plus jeune âge dans une culture d’exigence et de passion. À cinq ans, il connaît par cœur le répertoire de Charles Aznavour – pas vraiment le passe-temps typique d’un gamin de Bondy. Mais c’est sur le terrain que Kylian s’épanouit vraiment. « Il s’autosuffisait au foot », raconte Fayza, amusée. Même à l’école, où il s’ennuie souvent, il trouve refuge dans le ballon rond.
« En 6e, il a dégondé une porte parce que la prof lui avait dit de “prendre la porte”. J’ai cru que j’allais le tuer ! »
– Fayza Lamari
Cette anecdote, presque burlesque, montre un Kylian espiègle, incapable de tenir en place. L’école, malgré un potentiel intellectuel évident, n’a jamais été son terrain de jeu favori. Testé pour un haut potentiel, il bâcle l’évaluation pour rejoindre ses amis sur le terrain. Résultat ? Un saut de classe, mais aussi un programme scolaire adapté pour ne pas étouffer son énergie débordante.
Une Carrière, un Projet Familial
Si Kylian Mbappé est aujourd’hui capitaine des Bleus et star du Real Madrid, c’est aussi grâce à une stratégie familiale bien rodée. Fayza et Wilfrid, son père, ont toujours eu un rôle clair : lui s’occupe de l’aspect sportif, elle gère les questions financières. Une répartition qui peut sembler froide, mais qui repose sur une réalité pragmatique. « On a compris très tôt que pour qu’un club respecte notre gamin, il fallait qu’il le paye cher », explique-t-elle. Une leçon tirée de l’expérience de Jirès Kembo Ekoko, leur fils adoptif, dont la carrière à Rennes avait été freinée par des considérations financières.
| Rôle | Responsable | Objectif | 
| Stratégie sportive | Wilfrid Mbappé | Optimiser le développement technique et physique | 
| Gestion financière | Fayza Lamari | Assurer des contrats respectueux du talent | 
| Soutien émotionnel | Les deux parents | Préserver l’équilibre mental de Kylian | 
Ce pragmatisme n’a jamais éclipsé l’amour du jeu. Fayza insiste : Kylian vit pour le football. « C’est une addiction », dit-elle, presque inquiète. À 26 ans, il n’a pas de vie sociale comparable à celle d’un jeune de son âge. Pas de virées entre amis, pas de moments d’insouciance. Même obtenir son permis de conduire devient une épopée, entre contraintes de sécurité et emploi du temps surchargé.
Les Sacrifices d’une Vie sous les Projecteurs
Vivre sous le feu des projecteurs, c’est aussi affronter des tempêtes. Fayza ne cache pas les moments difficiles, comme les rumeurs infondées qui ont circulé en 2024. « Si Kylian avait fait quelque chose de mal, c’est moi qui l’emmenais au commissariat », tranche-t-elle, indignée par l’emballement médiatique. En tant que femme, elle se dit particulièrement sensible à ces accusations, qui remettent en question non seulement son fils, mais aussi l’éducation qu’elle lui a donnée.
« Ce qui me dérange, c’est que les grands médias donnent autant d’importance à ce bruit. C’est comme en banlieue : on parle des 8 % qui font des bêtises, pas des 92 % qui réussissent. »
– Fayza Lamari
Cette comparaison avec la banlieue, où elle a grandi, revient souvent. Pour Fayza, les valeurs d’entraide et de tolérance forgées dans cet environnement restent ancrées dans leur famille, malgré la richesse et la notoriété. Mais elle admet que la célébrité change la perception des autres. « On m’a reproché d’avoir oublié d’où je viens », confie-t-elle, un peu blessée. Pourtant, elle continue de défendre une vision humaniste du football, notamment à travers le projet de rachat du SM Caen, où elle souhaite former des hommes avant des footballeurs.
Une Passion Plus Forte que Tout
Ce qui frappe dans le témoignage de Fayza, c’est l’amour inconditionnel de Kylian pour le football. « Il n’a besoin de rien d’autre », dit-elle. Cette passion, presque obsessionnelle, est à la fois sa force et sa prison. À 26 ans, il découvre encore le monde, apprend à retirer de l’argent avec une carte bleue ou à savourer un moment de solitude dans une voiture. Ces détails, presque dérisoires, rappellent que derrière l’icône, il y a un jeune homme qui cherche à rester humain.
- Une passion dévorante : Kylian vit pour le football, au détriment d’une vie sociale.
 - Un leader naturel : Capitaine des Bleus, il assume des responsabilités qu’il n’aime pas toujours.
 - Une quête de liberté : Les rares moments d’intimité sont précieux, mais rares.
 
J’ai trouvé fascinant ce contraste entre l’image publique de Kylian – un joueur sûr de lui, parfois jugé arrogant – et la réalité décrite par sa mère. Elle raconte, par exemple, comment il a pu être mal compris lors d’une conférence de presse où il exprimait sa frustration. « Il n’a pas de bac +15 en communication de crise », plaisante-t-elle, défendant son droit à être imparfait. Cette humanité, c’est ce que Fayza cherche à préserver, même dans un monde où tout est amplifié.
Un Projet d’Avenir : Former des Hommes
Le rachat du SM Caen par la famille Mbappé n’est pas un simple investissement financier. C’est une mission. Fayza veut repenser la formation des jeunes footballeurs, en mettant l’accent sur leur épanouissement personnel. « On veut éduquer des hommes, pas juste des footballeurs », insiste-t-elle. Dans un milieu où les enfants sont repérés dès 8 ans et traités comme des produits, elle milite pour un retour au plaisir du jeu.
« Arrêtez de mettre les gamins sur des bases de données comme s’ils étaient des produits. Les parents sont victimes de ce système. »
– Fayza Lamari
Ce discours résonne particulièrement à une époque où le football professionnel est souvent critiqué pour sa dérive mercantile. Fayza ne nie pas la réalité économique – elle a elle-même négocié des contrats pour assurer le respect du talent de son fils – mais elle refuse que cela définisse l’essence du sport. Pour elle, le football doit rester un espace de joie, comme lorsqu’un enfant court après un ballon à la kermesse.
Une Femme, une Mère, une Vision
Fayza Lamari n’est pas qu’une mère de star. C’est une femme qui a appris à naviguer dans un monde impitoyable, tout en gardant ses valeurs intactes. Elle parle avec franchise des moments où elle a douté, des critiques qui l’ont blessée, mais aussi des joies immenses, comme voir son fils devenir un modèle pour des millions d’enfants. « Quand je vois un gamin réagir face à Kylian comme lui réagissait face à Zidane, je comprends ce que ça représente », dit-elle.
Ce qui m’a marqué dans son témoignage, c’est cette capacité à rester ancrée, malgré les tempêtes. Elle ne prétend pas avoir toutes les réponses, mais elle pose les bonnes questions : comment protéger un enfant dans un monde qui le transforme en produit ? Comment préserver son humanité face à la célébrité ? À travers son récit, Fayza Lamari nous rappelle que derrière chaque exploit sportif, il y a une histoire humaine, faite de sacrifices, de doutes et d’amour.
Et si, finalement, la vraie victoire de Kylian Mbappé n’était pas seulement ses buts ou ses trophées, mais cette famille qui l’a toujours soutenu, avec une mère prête à tout pour qu’il reste fidèle à lui-même ?