Vous êtes-vous déjà demandé ce que ça fait de voir un gouvernement changer de tête aussi souvent qu’on change de chemise ? Depuis 2017, un président français a pulvérisé tous les records en nommant pas moins de sept Premiers ministres en à peine huit ans. Ce rythme effréné, digne d’un feuilleton politique, soulève des questions : est-ce le signe d’une instabilité chronique ou d’une stratégie audacieuse pour naviguer dans une France fracturée ? Plongeons dans cette valse des chefs de gouvernement, avec un zoom sur la dernière nomination, celle de Sébastien Lecornu, et ce qu’elle révèle de notre époque.
Une présidence marquée par les records
Quand on pense à la Ve République, on imagine souvent une certaine stabilité, une continuité dans le pouvoir. Pourtant, depuis son arrivée à l’Élysée en 2017, le président actuel a bousculé cette image. Sept Premiers ministres en un peu plus de huit ans, c’est du jamais-vu. Pour mettre les choses en perspective, un ancien président socialiste, en quatorze ans de mandat, avait atteint le même chiffre. Mais en un seul mandat ? C’est une première. Cette cadence, presque frénétique, intrigue autant qu’elle inquiète. Alors, qu’est-ce qui pousse à un tel turn-over à Matignon ?
Un mandat, cinq Premiers ministres : le record absolu
Depuis le début de son second mandat en 2022, le chef de l’État a nommé cinq Premiers ministres. C’est un record absolu sous la Ve République. Pour mieux comprendre, jetons un œil à la chronologie :
- Élisabeth Borne (mai 2022 – janvier 2024) : une période marquée par des réformes controversées.
- Gabriel Attal (janvier 2024 – septembre 2024) : un choix jeune et médiatique, mais éphémère.
- Michel Barnier (septembre 2024 – décembre 2024) : une tentative de rassurer les conservateurs.
- François Bayrou (décembre 2024 – septembre 2025) : un centriste expérimenté, mais rapidement remplacé.
- Sébastien Lecornu (depuis septembre 2025) : un fidèle du président, chargé de relever des défis colossaux.
Ce rythme est d’autant plus frappant qu’en 2024, la France a vu défiler quatre Premiers ministres en une seule année. Du jamais-vu ! À titre de comparaison, un autre président emblématique des années 1980-1990 avait nommé quatre chefs de gouvernement sur son second septennat, mais sur sept ans. Ce contraste donne le vertige.
Changer de Premier ministre aussi souvent, c’est comme changer de pilote en plein vol. Ça peut fonctionner, mais ça secoue les passagers.
– Un analyste politique
Personnellement, je trouve ce turn-over fascinant, mais aussi un peu inquiétant. Est-ce une stratégie pour garder le contrôle en testant différents profils ? Ou un aveu d’échec face à une situation politique ingérable ? Une chose est sûre : chaque nomination raconte une histoire, celle d’un pays en quête de stabilité.
Sébastien Lecornu : un fidèle face à des défis immenses
La nomination de Sébastien Lecornu en septembre 2025 n’a pas surpris les observateurs. Fidèle parmi les fidèles, cet homme politique discret mais efficace a gravi les échelons au fil des années. Ancien ministre, il connaît les rouages du pouvoir et les attentes du président. Mais le contexte dans lequel il arrive est tout sauf simple. Entre un budget à boucler, des tensions internationales et des dossiers législatifs en attente, le nouveau locataire de Matignon a du pain sur la planche.
Quels sont les grands chantiers qui l’attendent ? Voici un aperçu :
- Budget : Trouver un équilibre dans un contexte économique tendu.
- Défense : Renforcer la posture française face aux défis géopolitiques.
- Textes en suspens : Faire avancer des réformes bloquées au Parlement.
Ce qui m’interpelle, c’est la pression qui repose sur ses épaules. Arriver en cinquième position dans un mandat, c’est comme entrer sur le terrain à la 80e minute d’un match tendu. Il faut tout donner, et vite.
Un record dans un contexte de crise
Pourquoi autant de changements ? La réponse réside en partie dans la crise politique qui secoue la France. Depuis les élections législatives de 2022, le pays est confronté à une Assemblée nationale fragmentée, où aucune majorité claire n’émerge. Cette instabilité oblige le président à multiplier les ajustements pour maintenir un semblant de cohérence.
Pour mieux comprendre, comparons avec d’autres présidents de la Ve République :
| Président | Mandat | Nombre de Premiers ministres |
| Emmanuel Macron | 2017-2025 | 7 |
| François Mitterrand | 1981-1995 | 7 |
| Jacques Chirac | 1995-2007 | 4 |
| François Hollande | 2012-2017 | 3 |
| Nicolas Sarkozy | 2007-2012 | 1 |
Ce tableau montre à quel point le rythme actuel est exceptionnel. Là où certains présidents ont misé sur la continuité, le contexte actuel semble imposer une valse incessante à Matignon. Mais à quel prix ?
Les raisons derrière cette valse
Si l’on creuse un peu, plusieurs facteurs expliquent cette situation. D’abord, la fragmentation politique. Avec un Parlement divisé, chaque Premier ministre doit naviguer entre des alliances fragiles et des oppositions virulentes. Ensuite, les crises multiples – économique, sociale, internationale – exigent des profils différents à des moments clés. Enfin, il y a la stratégie du président lui-même, qui semble vouloir garder la main en changeant régulièrement de chef de gouvernement.
Chaque nomination est une tentative de reprendre le contrôle d’un jeu politique devenu imprévisible.
– Un observateur du paysage politique
J’ai l’impression que cette stratégie, bien que risquée, reflète une volonté de s’adapter à un monde en perpétuel mouvement. Mais à force de changer de capitaine, ne risque-t-on pas de perdre le cap ?
Quels impacts pour la France ?
Un tel turn-over n’est pas sans conséquences. D’abord, il peut donner une impression d’instabilité, tant sur la scène nationale qu’internationale. Les partenaires étrangers, habitués à une certaine continuité, pourraient y voir un signe de faiblesse. Ensuite, les réformes peinent à aboutir. Chaque nouveau Premier ministre doit reprendre les dossiers de zéro, ce qui ralentit les progrès.
Pourtant, il y a aussi des aspects positifs. Cette rotation permet de tester de nouvelles approches, d’apporter des idées fraîches. Sébastien Lecornu, avec son expérience et sa loyauté, pourrait-il être celui qui stabilise enfin la barre ? C’est une question qui mérite d’être posée.
Et maintenant, que faut-il attendre ?
Avec Sébastien Lecornu à Matignon, les regards sont tournés vers l’avenir. Saura-t-il relever les défis d’un pays en crise ? Parviendra-t-il à fédérer une majorité fragile ? Une chose est sûre : son arrivée marque un tournant, mais le chemin reste semé d’embûches.
Pour résumer, voici les points clés à retenir :
- Un record historique de sept Premiers ministres en huit ans.
- Une instabilité politique reflétée par quatre changements en 2024.
- Des défis majeurs pour Sébastien Lecornu : budget, défense, réformes.
- Une stratégie présidentielle qui divise : audace ou désarroi ?
En tant que citoyen, je ne peux m’empêcher de me demander si cette valse des Premiers ministres est un symptôme d’un mal plus profond ou une tentative audacieuse de réinventer la politique. Une chose est sûre : l’histoire retiendra ce mandat comme celui des records… et des incertitudes.
