Vous êtes-vous déjà demandé ce qui pousse des supporters à faire taire leur ferveur légendaire ? À Strasbourg, les ultras, ces âmes vibrantes du stade de la Meinau, ont décidé de mettre leurs chants en sourdine. Pas par manque de passion, non, mais par conviction. Leur combat ? La multipropriété, ce modèle où un même investisseur contrôle plusieurs clubs, ici incarné par le consortium américain BlueCo, actionnaire majoritaire du Racing Club de Strasbourg depuis 2023. À la veille d’un choc contre l’Olympique de Marseille, les Ultras Boys 90 (UB90) ont annoncé une grève inédite, tout en prônant l’apaisement. Mais que se passe-t-il vraiment dans les tribunes alsaciennes ? Plongeons dans cette saga où passion, principes et football s’entremêlent.
Un Conflit qui Secoue le Racing
Depuis l’arrivée de BlueCo, également propriétaire de Chelsea, les ultras strasbourgeois ne décolèrent pas. Leur grief principal ? La multipropriété, qu’ils perçoivent comme une menace à l’identité de leur club. Pour eux, le Racing doit rester un bastion populaire, indépendant, loin des logiques financières qui, selon eux, diluent l’âme du football. Cette tension, qui couve depuis deux ans, a explosé récemment avec des banderoles cinglantes déployées lors d’un match contre Le Havre. L’une d’elles demandait au président Marc Keller de partir après une « décennie dorée ». Une autre visait le capitaine Emanuel Emegha, qualifié de « pion de BlueCo » et sommé de rendre son brassard. Ambiance.
Mais pourquoi une telle colère ? J’ai toujours trouvé fascinant comment le football, plus qu’un sport, devient un miroir des passions humaines. Les ultras ne se contentent pas de soutenir leur équipe ; ils incarnent une culture, un héritage. La multipropriété, pour eux, c’est un peu comme si on demandait à un artiste de peindre avec les couleurs d’un autre. Alors, ils ont choisi la grève : pas de chants, pas d’animations, jusqu’à ce que leurs revendications soient entendues. Mais, surprise, ils ont aussi décidé de « jouer l’apaisement ». Un paradoxe ? Pas vraiment.
Une Grève, Mais Pas de Chaos
Les UB90, dans une conférence de presse rare, ont clarifié leur position. « On respecte les mesures du club, même si on les conteste », a déclaré un porte-parole. Ces mesures ? Des restrictions sur l’accueil des supporters à la Meinau et lors des déplacements, instaurées après les banderoles controversées. Les ultras demandent leur suspension, arguant que la répression ne ramènera pas l’ambiance électrique qu’ils chérissent. Mais ils refusent l’escalade. Pas de débordements, pas de violences. Leur grève est silencieuse, symbolique, presque poétique.
« Nous allons jouer l’apaisement et respecter les mesures, même si on les conteste. Mais sans conditions réunies, pas d’animation au stade. »
– Porte-parole des UB90
Ce choix d’apaisement est stratégique. Les ultras savent que leur voix porte plus fort dans l’unité que dans la confrontation. En optant pour une grève sans heurts, ils envoient un message clair : leur combat est idéologique, pas destructeur. Mais jusqu’où tiendront-ils ? La réponse pourrait se jouer dès ce vendredi, lors du match face à Marseille, un rendez-vous où l’ambiance est d’ordinaire bouillante.
Le Stade de la Meinau : Un Cœur Silencieux ?
La Meinau, c’est plus qu’un stade. C’est une forteresse où les supporters alsaciens font trembler les adversaires. Sans leurs chants, leurs tifos, leurs fumigènes, le Racing perd une partie de son âme. Mais les ultras ne sont pas seuls dans ce match. L’entraîneur, Liam Rosenior, a appelé les autres supporters à compenser ce silence. « Je respecte leur opinion, mais j’espère que tout le monde soutiendra l’équipe », a-t-il déclaré. Un appel relayé par le joueur Guéla Doué : « Le principal, c’est qu’on soit tous unis pour gagner. »
Cette situation soulève une question : un stade peut-il vibrer sans ses ultras ? D’après mon expérience, les supporters lambda peuvent apporter de l’énergie, mais la ferveur organisée des ultras est irremplaçable. Leur absence, même temporaire, risque de laisser un vide. Pourtant, les UB90 ne ferment pas totalement la porte. Ils préparent deux banderoles pour le match contre l’OM : l’une revendiquant un « Racing indépendant, populaire et différent », l’autre défendant la liberté d’expression comme un droit. Un message qui, selon toute vraisemblance, sera toléré par le club.
- Revendication principale : Refus de la multipropriété et défense de l’identité du club.
- Action symbolique : Grève des chants et animations jusqu’à nouvel ordre.
- Stratégie d’apaisement : Respect des mesures du club, mais demande de leur suspension.
BlueCo et la Multipropriété : Le Nœud du Problème
Pour comprendre ce conflit, il faut plonger dans le concept de multipropriété. BlueCo, qui a pris le contrôle de Strasbourg en 2023 après avoir acquis Chelsea, incarne cette tendance croissante où des investisseurs possèdent plusieurs clubs. Pour les ultras, c’est une aberration. Ils craignent que leur club ne devienne un simple pion dans une stratégie globale, où les décisions se prennent à des milliers de kilomètres, loin des réalités alsaciennes. Et franchement, je peux comprendre leur méfiance. Quand un club devient une ligne dans un portefeuille d’investissements, où reste la passion ?
Le club, de son côté, défend sa direction. Dans un communiqué, les propriétaires ont réaffirmé leur soutien à Marc Keller, figure emblématique du Racing. « Nous voulons construire l’avenir avec lui pour les décennies à venir », ont-ils déclaré. Une déclaration qui sonne comme une fin de non-recevoir pour les ultras. Pourtant, ces derniers ne demandent pas la lune : juste un club qui reflète leurs valeurs, leur histoire.
| Point de vue | Position | Objectif |
| Ultras (UB90) | Opposition à la multipropriété | Préserver l’identité du club |
| Direction du club | Soutien à BlueCo et Keller | Stabilité et développement |
| Joueurs et staff | Appel à l’unité | Performance sur le terrain |
Un Contexte Plus Large : La Multipropriété en Débat
Le cas de Strasbourg n’est pas isolé. La multipropriété fait débat dans tout le football européen. En France, une proposition de loi visant à l’interdire circule même, portée par des élus qui y voient une menace pour l’équité sportive. Les supporters lensois, par exemple, ont récemment dénoncé des « pratiques inhumaines » liées à des restrictions similaires. À Strasbourg, les ultras s’inscrivent dans ce mouvement plus large, mais avec une touche locale : leur amour pour le Racing, un club à l’histoire riche, marquée par des hauts (le titre de 1979) et des bas (la relégation en 2008).
Ce qui me frappe, c’est la capacité des ultras à mobiliser autour d’une cause. Leur grève, bien que silencieuse, parle fort. Elle rappelle que le football n’est pas qu’un business. C’est une communauté, une identité. Mais comment concilier cet idéal avec la réalité économique du sport moderne ? C’est là tout le défi.
« Le football appartient aux supporters, pas aux actionnaires. »
– Un supporter anonyme
Vers une Issue Positive ?
Alors, que va-t-il se passer ? Les ultras tiendront-ils leur grève jusqu’au bout ? Le club cédera-t-il à leurs demandes ? Pour l’instant, l’apaisement semble être le mot d’ordre. Les UB90 veulent éviter une fracture avec les autres supporters, et le club, conscient de leur poids, ne semble pas vouloir envenimer les choses. Les banderoles prévues pour le match contre l’OM seront un test. Si elles sont acceptées, cela pourrait ouvrir la voie à un dialogue.
En attendant, le Racing doit se concentrer sur le terrain. Face à Marseille, l’enjeu est sportif, mais aussi symbolique. Une victoire pourrait galvaniser les supporters, ultras ou non, et apaiser les tensions. Comme le dit Guéla Doué, « l’unité » est la clé. Mais dans un football où l’argent et les passions s’affrontent, l’unité est-elle encore possible ?
- Dialogue : Le club et les ultras doivent ouvrir un canal de communication clair.
- Compromis : Lever certaines restrictions pourrait ramener l’ambiance à la Meinau.
- Identité : Le Racing doit réaffirmer son ancrage local pour rassurer ses fans.
Ce conflit, au fond, c’est l’histoire d’un club qui cherche son équilibre entre tradition et modernité. Les ultras, avec leur grève, rappellent que le football sans supporters n’est qu’un spectacle vide. Et si, finalement, leur silence était plus éloquent que leurs chants ? Une chose est sûre : à Strasbourg, le match ne se joue pas seulement sur la pelouse.
