Quand j’ai commencé à suivre le football, gamin, je me souviens d’un oncle qui pestait contre les clubs qui changeaient d’entraîneur comme on change de chemise. « Un bon coach, ça se garde ! » lançait-il, une bière à la main, devant un match de Ligue 1. Des années plus tard, en repensant à l’AS Monaco et à son défilé d’entraîneurs, je me demande : est-ce que le club de la Principauté est vraiment ce genre de club qui « tranche dans le vif » trop vite ? Huit coaches en dix ans, ça semble beaucoup, non ? Et pourtant, en creusant un peu, on découvre que l’histoire est plus nuancée qu’il n’y paraît.
L’AS Monaco, un club instable ? Pas si vite !
À première vue, huit entraîneurs en une décennie, ça fait jaser. Surtout quand on pense à des clubs comme l’AS Monaco, avec son histoire prestigieuse et ses ambitions européennes. Mais quand on compare avec le reste de la Ligue 1, est-ce vraiment si extravagant ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les dix dernières années, Monaco n’est pas le plus grand consommateur de coaches. D’autres clubs, comme Nantes ou l’OM, ont des rotations encore plus frénétiques. Alors, où se situe vraiment l’ASM dans ce ballet des bancs de touche ?
Un turn-over modéré sur dix ans
Depuis la saison 2015-2016, l’AS Monaco a vu défiler huit entraîneurs différents, si l’on compte les passages répétés de certains et les intérims. Avec l’arrivée prochaine d’un nouveau technicien, ce chiffre grimpe à neuf. Cela place le club dans le top 10 des équipes de Ligue 1 pour les changements d’entraîneurs, mais loin derrière des cadors comme Nantes, qui caracole en tête avec un turn-over impressionnant. Sur les cinq dernières années, la tendance s’inverse légèrement : l’OM domine avec neuf coaches, suivi de près par Nantes (huit), tandis que Monaco se contente de trois.
Monaco n’a pas la réputation d’un club qui licencie à tour de bras. Ces dernières années, ils ont même laissé du temps à leurs coaches.
– Analyste sportif
Ce qui frappe, c’est la relative stabilité de Monaco par rapport à ses concurrents directs. Des clubs comme Lyon, Rennes ou Nice, avec sept entraîneurs chacun sur la même période, semblent plus prompts à appuyer sur la gâchette. À Monaco, on dirait presque une volonté de donner une chance aux coaches, même si tout n’a pas toujours été rose.
Des départs en cours de saison : une exception ?
Si l’on zoome sur les changements en cours de saison, Monaco reste plutôt sage. Sur les dix dernières années, le club n’a remplacé son entraîneur en plein exercice que cinq fois. Avec l’arrivée imminente d’un nouveau coach, ce chiffre passera à six, ce qui le met au niveau de Lille. Pendant ce temps, Nantes, Marseille et Rennes trustent le podium avec des chiffres bien plus élevés. À Nantes, par exemple, on n’hésite pas à couper les têtes : six changements en cours de saison sur cinq ans !
- Monaco : 5 changements en cours de saison sur 10 ans (bientôt 6).
- Nantes : 6 changements en cours de saison sur 5 ans.
- OM : Leader avec 9 entraîneurs sur 5 ans.
Ce qui m’étonne, c’est que Monaco semble avoir adopté une approche plus patiente ces dernières années. Prenez l’exemple de Philippe Clement ou Niko Kovac : chacun a eu le temps de diriger plus de 50 matchs en Ligue 1 avant de partir. C’est loin des cas extrêmes, comme celui d’un certain coach espagnol à l’OM, qui n’a tenu que cinq matchs avant de plier bagage.
Les entraîneurs éphémères : une vieille histoire ?
Si Monaco donne aujourd’hui plus de temps à ses entraîneurs, ça n’a pas toujours été le cas. Rewind sur la saison 2019-2020 : un coach n’a dirigé que dix matchs en Ligue 1 avant de quitter le club. La saison d’avant, un autre n’en a tenu que douze. Ces passages éclair, souvent liés à des contextes chaotiques (comme une saison arrêtée par le Covid ou des résultats en berne), contrastent avec la stabilité actuelle. Mais même là, Monaco reste loin des records de brièveté d’autres clubs. À Lyon, un entraîneur n’a tenu que sept matchs, et à Rennes, un autre a été éjecté après huit rencontres.
| Club | Entraîneur le plus éphémère | Matchs en L1 |
| Monaco | 10 matchs (2019-2020) | Moyen |
| OM | 5 matchs | Record |
| Lyon | 7 matchs | Élevé |
Ce tableau montre une chose : Monaco n’est pas le plus trigger-happy des clubs. Mais pourquoi alors cette impression d’instabilité persiste-t-elle dans l’imaginaire des supporters ?
Une question de perception
Si l’on en croit les discussions sur les réseaux sociaux, beaucoup de fans pointent du doigt Monaco comme un club instable. Pourtant, les chiffres racontent une autre histoire. Peut-être que cette perception vient des noms prestigieux qui ont défilé sur le banc monégasque. Quand des coaches de renom s’en vont rapidement, ça marque les esprits. Ou peut-être est-ce lié à la pression constante d’un club qui vise le haut du classement et les compétitions européennes ?
Les supporters ont la mémoire courte. Un coach qui gagne, on l’oublie vite. Un échec, et on crie à l’instabilité.
– Observateur du football français
Personnellement, je trouve que cette perception est amplifiée par les attentes démesurées autour de l’ASM. Avec un propriétaire ambitieux et des investissements conséquents, chaque saison sans titre ou sans qualification en Ligue des Champions semble être un échec. Et qui trinque dans ces cas-là ? Souvent, l’entraîneur.
Comparaison avec les cadors européens
Pour mettre les choses en perspective, regardons du côté des autres grands clubs européens. En Ligue 1, le PSG se distingue par sa relative stabilité : seulement quatre changements d’entraîneur en fin de saison sur dix ans, et un seul en cours d’exercice. À l’étranger, des clubs comme le Bayern Munich ou Chelsea sont connus pour leur valse de coaches, avec des chiffres qui dépassent souvent ceux de Monaco. Alors, est-ce que l’ASM est vraiment un serial-killer d’entraîneurs ? Pas vraiment.
- PSG : 4 changements en fin de saison, 1 en cours.
- Monaco : 5 changements en cours (bientôt 6).
- Chelsea : Plus de 10 entraîneurs en 10 ans.
Ce qui me frappe, c’est que Monaco semble naviguer entre deux eaux : ni aussi stable que le PSG, ni aussi chaotique que certains clubs anglais. Une sorte de juste milieu, en somme.
Pourquoi changer d’entraîneur ?
Derrière chaque changement d’entraîneur, il y a une histoire. À Monaco, ces décisions semblent souvent liées à des résultats en deçà des attentes ou à des divergences stratégiques. Prenez l’exemple d’un coach remercié en décembre 2021 : malgré des résultats corrects, le club a préféré changer de cap pour insuffler une nouvelle dynamique. Ce genre de décision, bien que parfois critiquée, reflète une volonté de ne pas stagner.
Mais changer d’entraîneur, est-ce toujours la solution ? Pas sûr. Parfois, un peu de patience peut payer. Regardez le cas de certains clubs qui ont laissé du temps à leurs coaches : les résultats finissent souvent par arriver. À Monaco, on semble l’avoir compris ces dernières années, avec des entraîneurs qui ont eu le temps de poser leur patte.
L’avenir du banc monégasque
Avec l’arrivée d’un nouveau coach, Monaco s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre. Mais la question reste : ce changement sera-t-il synonyme de stabilité ou juste un épisode de plus dans la saga des entraîneurs ? Si le club continue sur sa lancée actuelle, avec des coaches qui ont le temps de s’installer, il pourrait bien se débarrasser de cette étiquette d’instabilité.
Ce qui est sûr, c’est que l’AS Monaco reste un club fascinant à suivre. Entre ambitions européennes, jeunes talents et choix stratégiques, le banc de touche n’est qu’une pièce du puzzle. Et vous, que pensez-vous de cette valse des entraîneurs ? Est-ce que Monaco fait bien de changer aussi souvent, ou devrait-il miser sur la continuité ?
En fin de compte, l’histoire de l’AS Monaco et de ses entraîneurs nous rappelle une chose : le football, c’est une affaire de passion, de pression et de décisions parfois audacieuses. Huit coaches en dix ans, ce n’est peut-être pas si mal, surtout quand on voit les chiffres des autres. Mais une chose est sûre : sur le Rocher, on ne s’ennuie jamais.
