Il y a des moments dans le sport où un athlète semble réécrire les règles du jeu, où chaque coup de pédale, chaque accélération, chaque victoire fait vaciller les certitudes. C’est exactement ce que Tadej Pogacar fait aujourd’hui dans le monde du cyclisme. À seulement 27 ans, ce Slovène au sourire discret et à la puissance explosive soulève une question qui aurait paru impensable il y a encore dix ans : pourrait-il surpasser Eddy Merckx, celui que tous considéraient comme l’incontestable roi du cyclisme ? J’ai suivi sa dernière performance au Tour de Lombardie, et franchement, ce qu’il accomplit est tout simplement phénoménal.
Un Palmarès Qui Défie l’Histoire
Quand on parle de cyclisme, les chiffres racontent souvent une histoire plus éloquente que les mots. Tadej Pogacar, avec ses quatre victoires au Tour de France, ses deux titres de champion du monde et ses cinq succès consécutifs au Tour de Lombardie, construit un palmarès qui force le respect. Ce n’est pas seulement une question de quantité, mais de qualité. Remporter cinq fois d’affilée une classique aussi exigeante que le Tour de Lombardie, avec ses montées brutales et ses descentes techniques, c’est un exploit qui le place dans une catégorie à part. Mais est-ce suffisant pour dépasser Merckx ?
« Il a une facilité déconcertante, une explosivité qu’on n’a pas vue depuis des décennies. »
– Un ancien coureur professionnel
Merckx, surnommé le Cannibale, a dominé le cyclisme des années 1970 avec une voracité inégalée. Cinq Tours de France, cinq Tours d’Italie, trois championnats du monde, et un record de 34 étapes remportées sur la Grande Boucle. Ses statistiques sont monstrueuses, presque inhumaines. Pourtant, Pogacar, à un âge où Merckx commençait à peine à écrire sa légende, accumule déjà des records qui font trembler les tablettes. Ce qui m’impressionne le plus ? Sa polyvalence. Il gagne sur les grands tours, les classiques, et même les courses d’un jour. C’est rare, très rare.
Un Style Qui Redéfinit le Cyclisme
Si Merckx était un rouleur implacable, écrasant ses adversaires par sa constance et sa force brute, Pogacar, lui, apporte une touche de modernité au sport. Son style est un savant mélange de stratégie audacieuse et d’instinct pur. Lors du dernier Tour de Lombardie, il a attaqué à plus de 50 kilomètres de l’arrivée, une décision qui aurait pu sembler suicidaire. Mais pas pour lui. Il a distancé ses rivaux avec une aisance qui frôle l’insolence, transformant une course mythique en un récital en solitaire.
Ce qui me frappe, c’est sa capacité à lire la course. Il sait quand accélérer, quand temporiser, quand prendre des risques. Cette intelligence tactique, combinée à une condition physique hors norme, lui permet de dominer dans des contextes variés. Montagnes, pavés, contre-la-montre : rien ne semble hors de portée. À titre personnel, je trouve cette polyvalence presque plus impressionnante que les records bruts de Merckx, qui, bien que légendaire, excellait surtout dans un style de course plus linéaire.
- Explosivité : Pogacar peut lâcher ses adversaires dans les montées les plus raides.
- Polyvalence : Il excelle sur tous les terrains, des grands tours aux classiques.
- Charisme : Son style audacieux et son sourire en font un favori des fans.
Pogacar vs Merckx : Une Comparaison Délicate
Comparer deux coureurs d’époques différentes, c’est un peu comme demander si Mozart est meilleur que Beethoven. Le contexte change tout. À l’époque de Merckx, le cyclisme était moins globalisé, avec moins de concurrence internationale. Les courses étaient aussi moins technologiques : pas de capteurs de puissance, pas de stratégies d’équipe aussi sophistiquées qu’aujourd’hui. Pogacar, lui, évolue dans un sport ultra-professionnalisé, où chaque détail compte, de la nutrition à l’aérodynamisme du vélo.
Pourtant, Merckx avait une aura unique. Il gagnait tout, tout le temps, au point d’être surnommé le Cannibale pour son appétit insatiable. Pogacar, lui, gagne avec une certaine légèreté, presque comme s’il s’amusait. Mais cette apparente facilité cache une préparation rigoureuse et une détermination sans faille. Alors, qui est le meilleur ? Pour moi, la question n’est pas encore tranchée, mais Pogacar a déjà réussi à rouvrir un débat qu’on pensait clos.
| Critère | Eddy Merckx | Tadej Pogacar |
| Tours de France | 5 | 4 |
| Classiques majeures | 19 | 12 |
| Championnats du monde | 3 | 2 |
| Polyvalence | Élevée | Exceptionnelle |
L’Impact Culturel de Pogacar
Au-delà des chiffres, Pogacar redéfinit aussi la manière dont le cyclisme est perçu. À une époque où le sport a parfois souffert d’une image ternie par des affaires de dopage, il incarne une nouvelle génération de coureurs : jeunes, accessibles, et surtout, incroyablement talentueux. Sa popularité dépasse les frontières de la Slovénie, et son maillot arc-en-ciel de champion du monde est devenu un symbole d’excellence. Les fans l’adorent, et les sponsors se l’arrachent.
Merckx, lui, était une icône dans une époque où le cyclisme était un sport plus local, plus européen. Pogacar, grâce aux réseaux sociaux et à la mondialisation du sport, touche un public bien plus large. Est-ce que cela fait de lui un meilleur ambassadeur du cyclisme ? Pas forcément, mais ça lui donne une portée que Merckx n’a jamais eue. Et ça, pour moi, c’est un point qui compte dans la balance.
« Il rend le cyclisme excitant à nouveau. Chaque course devient un spectacle. »
– Un commentateur sportif
Les Défis à Venir pour Pogacar
Même avec un palmarès déjà impressionnant, Pogacar n’a pas fini de grimper. À 27 ans, il a encore plusieurs années devant lui pour enrichir son CV. Mais les défis ne manquent pas. La concurrence, d’abord, avec des coureurs comme Jonas Vingegaard ou Remco Evenepoel, qui ne cessent de progresser. Ensuite, la pression médiatique, qui pourrait peser sur ses épaules à mesure que les comparaisons avec Merckx se multiplient.
Et puis, il y a la question de la longévité. Merckx a dominé pendant une décennie entière. Pogacar, lui, est au sommet depuis cinq ans. Pour dépasser le Belge, il devra maintenir ce niveau d’excellence sur la durée, tout en évitant les blessures ou les controverses. C’est un défi de taille, mais si quelqu’un peut le relever, c’est bien lui.
- Consistance : Maintenir un niveau de performance élevé sur plusieurs saisons.
- Concurrence : Faire face à des rivaux toujours plus affûtés.
- Records : Battre des marques historiques, comme les 34 étapes de Merckx au Tour.
Pourquoi Ce Débat Fascine
Ce qui rend ce débat si captivant, c’est qu’il touche à l’essence même du sport : la quête de grandeur. Comparer Pogacar à Merckx, c’est se demander ce qui définit un champion. Est-ce le nombre de victoires ? La manière de gagner ? L’impact sur le sport ? Pour moi, l’aspect le plus intéressant est la façon dont Pogacar rend chaque course imprévisible. On ne sait jamais quand il va attaquer, mais on sait que quand il le fait, personne ne peut suivre.
Ce débat, c’est aussi une célébration du cyclisme. À une époque où le sport est plus compétitif que jamais, voir un coureur dominer avec une telle aisance rappelle les grandes heures de Merckx, de Hinault, ou de Coppi. Et si Pogacar continue sur cette lancée, il pourrait bien écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de ce sport.
Alors, Tadej Pogacar est-il déjà le plus grand coureur de tous les temps ? Peut-être pas encore. Merckx reste une légende intouchable, un monument du cyclisme. Mais à chaque victoire, à chaque accélération foudroyante, Pogacar se rapproche un peu plus du trône. Et franchement, je ne serais pas surpris s’il finissait par s’y asseoir. Qu’en pensez-vous ? Le Slovène peut-il vraiment détrôner le Cannibale ?
