Imaginez une nuit calme, dans une maison où trois enfants dorment paisiblement. Soudain, un cri déchire le silence. Un drame inimaginable se déroule, un de plus, dans une société où les violences conjugales continuent de frapper. Ce week-end, à Saint-Priest, une femme de 35 ans a perdu la vie, victime d’une agression à l’arme blanche. Son mari, arrêté, est désormais en garde à vue. Ce fait divers tragique n’est pas un cas isolé : il s’inscrit dans une réalité alarmante qui secoue la France entière. Pourquoi ces drames se répètent-ils ? Comment enrayer ce cycle de violence ?
Un Drame qui Révèle une Crise Sociétale
Ce dimanche, dans une maison de Saint-Priest, une femme rwandaise de 35 ans a été mortellement blessée au cou. Les secours, arrivés rapidement sur les lieux, n’ont rien pu faire pour la sauver. Ses trois enfants, âgés de 6, 9 et 12 ans, dormaient au moment des faits. Ils ont été pris en charge par un proche, épargnés par l’horreur, mais désormais confrontés à une perte incommensurable. L’auteur présumé, le mari de la victime, s’est réfugié chez un ami avant d’être interpellé par les forces de l’ordre.
Ce qui rend ce drame encore plus poignant, c’est qu’il ne sort pas de nulle part. Selon des sources proches de l’enquête, la victime avait déjà signalé des violences par le passé. En 2014, elle avait déposé une plainte pour menaces de mort. Cinq ans plus tard, en 2019, une autre plainte pour violences conjugales avait été enregistrée. Ces alertes, pourtant claires, n’ont pas suffi à empêcher l’irréparable. Ce constat soulève une question dérangeante : notre système protège-t-il vraiment les victimes ?
Les Féminicides en France : Un Fléau Persistant
Ce drame s’ajoute à une liste déjà longue. D’après une association de défense des droits des femmes, 131 féminicides ont été recensés en France depuis le début de l’année 2025, soit environ un décès tous les deux jours. Ce chiffre donne le vertige. En 2023, les forces de l’ordre ont comptabilisé 96 féminicides conjugaux, sur un total de 119 morts violentes au sein du couple. Dans 82 % des cas, les auteurs étaient des hommes. Ces statistiques ne sont pas juste des nombres : derrière chaque cas, il y a une vie brisée, une famille dévastée.
« Un décès tous les deux jours, c’est une urgence nationale. On ne peut plus fermer les yeux. »
– Une militante pour les droits des femmes
Ce qui frappe, c’est la répétition de ces drames malgré les alertes. Les plaintes déposées par la victime de Saint-Priest montrent qu’elle avait tenté de se protéger. Mais trop souvent, ces démarches restent sans suite ou sans mesures assez fortes. J’ai toujours trouvé troublant qu’une plainte pour menaces de mort puisse être ignorée. Cela pose la question de l’efficacité des dispositifs actuels : bracelets anti-rapprochement, ordonnances de protection, accompagnement des victimes… Sont-ils vraiment à la hauteur ?
Les Violences Conjugales : Une Réalité en Chiffres
Les violences conjugales ne se limitent pas aux féminicides. En 2024, le ministère de l’Intérieur a recensé 272 400 victimes de violences au sein du couple. Ce chiffre a doublé entre 2016 et 2023, une hausse que les autorités attribuent à une libération de la parole et à un meilleur accueil des victimes par les services de police. Mais cette augmentation révèle aussi l’ampleur du problème. Les femmes, principales victimes, représentent la grande majorité des cas signalés. Pourtant, combien de situations restent encore dans l’ombre ?
| Année | Nombre de féminicides conjugaux | Victimes de violences conjugales |
| 2023 | 96 | 244 000 |
| 2024 | Données partielles | 272 400 |
| 2025 (jusqu’au 21/10) | 131 (selon une association) | Non disponible |
Ces chiffres montrent une réalité brutale : la violence conjugale est un problème systémique. Mais ils soulignent aussi un progrès : les victimes osent davantage parler. Ce paradoxe est fascinant. D’un côté, la société avance en brisant le silence. De l’autre, les drames continuent. Comment expliquer cet écart ?
Pourquoi les Plaintes ne Suffisent-elles Pas ?
Revenons au cas de Saint-Priest. Deux plaintes, déposées à plusieurs années d’intervalle, n’ont pas empêché le pire. Ce n’est pas un cas unique. Trop souvent, les victimes signalent des violences, mais les mesures prises restent insuffisantes. Manque de moyens, lenteur judiciaire, ou sous-estimation des risques : les raisons sont multiples. Parfois, c’est une question de mentalité. Combien de fois a-t-on entendu : « Ce n’est qu’une dispute de couple » ? Cette phrase, anodine en apparence, minimise une réalité bien plus sombre.
- Manque de suivi : Les plaintes ne sont pas toujours suivies de mesures concrètes comme une éloignement de l’agresseur.
- Insuffisance des moyens : Les dispositifs comme les bracelets anti-rapprochement sont encore trop peu utilisés.
- Stigmatisation : Certaines victimes hésitent à porter plainte par peur du jugement ou des représailles.
En discutant avec des proches, j’ai souvent entendu cette frustration : pourquoi faut-il attendre un drame pour agir ? Les associations pointent du doigt un système judiciaire débordé et des forces de l’ordre parfois mal formées pour évaluer la gravité des situations. Pourtant, des solutions existent, et certaines fonctionnent. Les ordonnances de protection, par exemple, peuvent sauver des vies lorsqu’elles sont appliquées rapidement.
Que Faire pour Briser le Cycle ?
Face à ce fléau, la société entière doit se mobiliser. Les féminicides ne sont pas des faits divers isolés : ils reflètent des failles profondes dans notre manière de traiter les violences conjugales. Voici quelques pistes concrètes pour avancer :
- Renforcer la prévention : Sensibiliser dès le plus jeune âge à l’égalité hommes-femmes et au respect dans les relations.
- Améliorer le suivi des plaintes : Mettre en place des protocoles systématiques pour évaluer les risques après chaque signalement.
- Augmenter les moyens : Financer davantage les associations d’aide aux victimes et former les forces de l’ordre.
- Encourager la parole : Créer des espaces sécurisés pour que les victimes puissent s’exprimer sans crainte.
Ce dernier point me semble crucial. Si les victimes se sentent écoutées et protégées, elles seront plus nombreuses à briser le silence. Mais cela demande un effort collectif : des voisins vigilants, des proches attentifs, des institutions réactives. À titre personnel, je trouve que l’on sous-estime trop souvent le rôle de l’entourage. Un mot, un geste, une question peut parfois tout changer.
« La lutte contre les violences conjugales commence par une prise de conscience collective. Chacun a un rôle à jouer. »
– Une experte en sociologie
Un Combat qui Concerne Tout le Monde
Le drame de Saint-Priest n’est pas qu’une tragédie familiale. Il nous renvoie à nos responsabilités collectives. Pourquoi, malgré les progrès, les chiffres restent-ils si élevés ? Peut-être parce que la lutte contre les violences conjugales demande plus qu’une réponse judiciaire. C’est une question de culture, d’éducation, de vigilance. Chaque féminicide est un échec pour notre société, mais aussi un appel à agir.
En repensant à cette femme de 35 ans, à ses trois enfants, à une vie fauchée trop tôt, une chose est claire : nous ne pouvons plus nous contenter de compter les victimes. Il faut agir, et vite. Les solutions existent, mais elles demandent du courage et des moyens. Et si, finalement, le changement commençait par nous ? Par notre capacité à écouter, à signaler, à soutenir ?
Ce drame, comme tant d’autres, doit nous pousser à réfléchir. La prochaine fois que vous entendez une dispute un peu trop vive chez vos voisins, poserez-vous la question ? La réponse pourrait sauver une vie.
