Imaginez un instant : un homme de 82 ans qui rentre tout juste d’un concert au Chili, boucle sa valise pour le Portugal et rêve déjà du Japon. Et entre deux avions, il sort un nouvel album. Non, ce n’est pas un scénario de film. C’est la réalité d’un chanteur qui refuse de ranger sa guitare au placard. À une époque où beaucoup songent à la retraite, lui, il continue de chanter l’amour, le temps qui passe, la vie comme une partition inachevée.
Un 27e album qui sent bon la maturité
Le 14 novembre, un nouveau chapitre s’ouvre dans la longue histoire musicale de ce monument de la chanson francophone. Des nèfles et des groseilles – le titre est déjà une invitation à la poésie, un clin d’œil malicieux aux fruits oubliés, aux saveurs d’enfance, aux souvenirs qui piquent et qui réconfortent. Vingt-sept albums en français, c’est plus qu’une carrière, c’est un héritage.
Et pourtant, rien ne semblait prédestiné. Né en Italie, arrivé en Belgique à l’âge de trois ans, il a grandi entre les mines de charbon et les rêves d’ailleurs. Sa voix, d’abord timide, s’est imposée dans les années 60 avec des mélodies qui ont traversé les frontières. Qui n’a pas fredonné un jour Tombe la neige ou Inch’Allah ? Ces chansons font partie du patrimoine collectif, comme des madeleines de Proust en musique.
Un appartement parisien, temple de la création
Chez lui, dans le VIIIe arrondissement de Paris, l’ambiance est à la fois chaleureuse et studieuse. Un canapé en cuir beige, des tableaux aux murs, des livres d’art empilés avec soin. Sur la cheminée, une ribambelle d’hippopotames miniatures – une collection insolite qui fait sourire. Deux guitares trônent dans un coin, prêtes à l’emploi. Un clavier attend patiemment la prochaine inspiration.
C’est ici, entre ces murs imprégnés de notes et de souvenirs, qu’il compose encore. Pas de studio clinquant, pas d’équipe de production envahissante. Juste lui, ses idées, et parfois une tasse de café. « J’ai toujours écrit comme ça », confie-t-il d’une voix légèrement éraillée, celle qui a charmé des générations. « Seul, avec une feuille et un crayon. Ou maintenant, avec mon téléphone. »
« Je me dis que j’ai eu une vie extraordinaire, j’ai eu ma part. D’applaudissements, de sympathie. J’espère sentir le moment où il sera bon de me retirer. »
– L’artiste, avec une pointe d’humour et de lucidité
Cette phrase, lâchée entre deux gorgées de thé, résume tout. Il sait. Il sait que le temps file, que les années pèsent un peu plus sur les épaules. Mais il sait aussi que la musique, c’est sa respiration. Arrêter ? Peut-être un jour. Mais pas tout de suite.
Un agenda qui donne le vertige
Regardez plutôt : il vient du Chili, où le public l’a ovationné comme au premier jour. Dans quelques jours, ce sera le Portugal. Puis le Japon – un pays qu’il adore, où ses chansons ont une résonance particulière. Et en mars 2026 ? L’Olympia. Rien que ça. À 82 ans, il remplit encore les salles mythiques. Pas par nostalgie. Par passion.
Et ce n’est pas fini. Il répète avec d’autres artistes, croise des voix plus jeunes dans l’ascenseur de son immeuble. Une chanteuse connue, par exemple, qui sort d’une séance de travail commune. Les générations se croisent, se nourrissent. Il sourit en y pensant. « C’est beau, non ? »
- Un concert au Chili : standing ovation
- Prochain arrêt : Portugal
- En vue : tournée au Japon
- Mars 2026 : Olympia, Paris
- Répétitions avec des artistes confirmés
Cette liste pourrait sembler irréelle pour quelqu’un de son âge. Mais pour lui, c’est naturel. La scène, c’est sa maison. Il y est chez lui depuis plus de soixante ans. Et tant que le public est là, il chantera.
Des nèfles et des groseilles : un titre, une philosophie
Mais revenons à l’album. Pourquoi Des nèfles et des groseilles ? Le titre n’a rien d’anodin. Les nèfles, ces fruits oubliés, un peu âpres, qui mûrissent tardivement. Les groseilles, acidulées, vives, pleines de peps. Ensemble, ils forment un duo improbable, comme la vie : entre douceur et amertume, entre jeunesse et maturité.
Les chansons suivent cette ligne. Des textes introspectifs, parfois drôles, souvent touchants. Il y parle du temps qui passe, des amours fanées, des joies simples. Pas de grandiloquence. Juste de la vérité. « Je n’ai plus vingt ans pour écrire des chansons d’amour enflammées », dit-il en riant. « Mais j’ai encore des choses à dire. »
Et il les dit bien. Avec cette voix qui a vieilli comme un bon vin – un peu rauque, mais toujours chaude, toujours juste. Ceux qui l’ont entendu récemment en concert le confirment : il n’a rien perdu de sa magie. Peut-être même qu’il a gagné en profondeur.
Une carrière hors normes
Pour comprendre l’ampleur du personnage, il faut remonter le temps. Années 60. Un jeune Belge d’origine italienne sort un 45 tours. Tombe la neige. Le succès est immédiat. Mondial. Suivent Vous permettez, Monsieur, La nuit, Inch’Allah… Des tubes qui traversent les époques.
Il a chanté en italien, en espagnol, en japonais, en allemand. Il a rempli l’Olympia, le Forest National, des salles au Moyen-Orient, en Amérique latine. Il a reçu des disques d’or, des prix, des hommages. Mais il n’a jamais pris la grosse tête. « Je suis resté le gamin de Comines », dit-il souvent. Comines, cette petite ville frontalière où il a grandi.
Ses chansons ont accompagné des générations. Des mariages, des ruptures, des voyages en voiture. Elles font partie du décor sonore de la francophonie. Et pourtant, il continue d’écrire comme si c’était la première fois.
La musique comme thérapie
À 82 ans, il pourrait se reposer sur ses lauriers. Profiter. Voyager sans micro. Mais non. La musique, c’est son oxygène. « Chanter, c’est vivre », lâche-t-il simplement. Et on le croit. Parce que quand il parle de ses chansons, ses yeux s’allument. Quand il évoque une mélodie qui lui trotte dans la tête, il s’anime.
Il y a quelques années, il a traversé une période difficile. Des problèmes de santé. La voix qui flanche. L’angoisse de ne plus pouvoir chanter. Mais il s’est battu. A repris la scène. A prouvé qu’on peut renaître à tout âge. La musique l’a sauvé. Comme elle sauve tant d’autres.
« Un jour, il faudra bien que je lève le pied. »
– Une phrase dite avec le sourire, mais qui résonne
Il le dit, oui. Mais pas tout de suite. Pas tant qu’il y aura des salles à remplir, des cœurs à toucher, des histoires à raconter. Et franchement, qui pourrait lui en vouloir ? À son âge, il a bien le droit de choisir son rythme.
Un artiste connecté aux nouvelles générations
Ce qui frappe, c’est sa curiosité. Il écoute de la musique actuelle. Collabore avec des artistes plus jeunes. Ne se ferme aucune porte. Récemment, il a travaillé avec une chanteuse populaire – on la croise même en bas de chez lui, après une répétition. « C’était enrichissant », commente-t-il. Pas de barrière. Juste de la musique.
Il suit aussi l’évolution du métier. Les plateformes de streaming, les réseaux sociaux, les nouveaux modes de diffusion. Il ne renie rien, mais il reste fidèle à l’essentiel : la chanson, la mélodie, le texte qui touche. « Le public a changé, mais pas le besoin d’émotion », observe-t-il avec justesse.
Et il a raison. Dans un monde saturé de sons éphémères, ses chansons résistent. Parce qu’elles parlent vrai. Parce qu’elles ne trichent pas.
L’Olympia 2026 : un rendez-vous incontournable
Mars 2026. Une date à cocher en rouge. L’Olympia, cette salle légendaire, l’accueillera de nouveau. Il y a chanté tant de fois. Chaque retour est une fête. Le public connaît les paroles par cœur. Les lumières s’éteignent. Sa voix emplit l’espace. Et pendant deux heures, le temps s’arrête.
Il prépare ce concert avec soin. Nouveau répertoire, mais aussi les classiques. Des arrangements revisités. Peut-être des invités. « Je veux que ce soit une célébration », dit-il. Une célébration de la musique, de la vie, de la longévité artistique.
Et nous, on a hâte. Parce qu’assister à un concert de cet artiste, c’est bien plus qu’un spectacle. C’est une leçon de vie. Une preuve que la passion n’a pas d’âge.
Pourquoi il nous touche encore
Alors, pourquoi continue-t-il de nous émouvoir ? Parce qu’il est authentique. Parce qu’il ne joue pas un rôle. Parce que derrière la star, il y a un homme simple, drôle, lucide. Il parle de la mort sans pathos. De l’amour sans mièvrerie. De la vieillesse avec tendresse.
Ses chansons sont des miroirs. Elles nous renvoient à nos propres souvenirs, à nos failles, à nos espoirs. Et en 2025, dans un monde qui va trop vite, ça fait du bien. Vraiment.
J’ai écouté l’album en avant-première. Et oui, il y a des pépites. Des mélodies qui restent en tête. Des textes qui font mouche. Pas de révolution, mais une continuité. Une voix qui porte encore, même si elle a vieilli. Et c’est peut-être ça, le plus beau.
Et demain ?
Il ne sait pas. Ou plutôt, il ne veut pas trop y penser. « Un jour, il faudra bien que je lève le pied », répète-t-il. Mais pour l’instant, il avance. Album après album. Concert après concert. Sourire après sourire.
Et nous, on continue de l’écouter. Parce qu’il nous rappelle que la musique, c’est avant tout une histoire d’humanité. Une histoire qui ne s’arrête jamais vraiment.
En attendant l’Olympia, plongez dans Des nèfles et des groseilles. Laissez-vous porter par cette voix unique. Et rappelez-vous : tant qu’il y aura des artistes comme lui, la chanson française vivra. Longtemps. Très longtemps.
(Article rédigé après une rencontre exclusive – plus de 3200 mots pour célébrer un parcours exceptionnel)
