Imaginez un peu : vous tombez de cheval en pleine compétition majeure, vous vous relevez avec des bleus partout, et cinq mois plus tard, vous remontez sur la même monture sans avoir vraiment changé de selle. C’est un peu l’impression que donne l’équipe de France féminine de basket en ce moment. Ces matches amicaux en Espagne contre l’Italie et l’Espagne, c’est comme un miroir tendu sur les blessures de l’été dernier. Et franchement, ça interpelle.
Un Euro qui laisse des traces persistantes
L’été grec reste gravé dans les mémoires. Une quatrième place à l’Eurobasket, la pire depuis 2007. Battues en demi-finales par l’Espagne, puis en petite finale par l’Italie avec un score sans appel de 54-69. J’ai revu les images : des visages fermés, des stratégies qui patinaient, un collectif qui semblait à bout de souffle. Et pourtant, aujourd’hui, on retrouve presque le même décor, mais en version allégée.
Le groupe convoqué à La Linea de la Concepcion ressemble à une équipe bis. Huit rescapées de l’Euro sur quatorze joueuses. Les stars habituelles brillent par leur absence : pas de Gabby Williams, pas de Marine Johannès, ni de Janelle Salaün ou Iliana Rupert. À la place, des jeunes qui découvrent le haut niveau, quatre d’entre elles pour leur première sélection. C’est un laboratoire, disent-ils. Moi, je vois plutôt un pansement sur une plaie ouverte.
Rejouer l’Italie et l’Espagne, qui nous avaient battues, c’est un beau défi. Ce n’est pas facile de tomber de cheval, mais l’important c’est de vite remonter dessus.
– Le sélectionneur, avec une pointe d’optimisme
Cette citation résume bien l’état d’esprit. Mais est-ce suffisant ? Les matches se jouent ce week-end, samedi à 19h30 contre l’Italie, dimanche à 17h contre l’Espagne. Diffusion limitée à la chaîne YouTube de la fédération. Pas de grand spectacle, pas de pression médiatique. Juste un gymnase discret avec gradins verts et jaunes. Loin des projecteurs des grandes compétitions.
Un sélectionneur sous le feu des critiques
Jean-Aimé Toupane, 67 ans, reste aux commandes depuis 2021. Pourtant, après l’Euro, des voix s’étaient élevées. Staff trop léger, passe-droits pour certaines joueuses absentes en campagnes mineures mais présentes aux JO ou Mondiaux, manque de dialogue. Et surtout, cette accusation récurrente : une méconnaissance du basket féminin. Ça pèse lourd.
Le président de la fédération a tranché en septembre : confirmation dans ses fonctions. Pas de révolution de palais. D’après les échos internes, les débriefs n’auraient pas mis en lumière de réserves majeures. Vraiment ? J’ai du mal à y croire quand on voit le fossé entre les attentes et la réalité du terrain.
- Staff allégé : toujours le même problème ?
- Communication : promesses de déplacements plus fréquents auprès des joueuses
- Double mission abandonnée : plus uniquement focalisé sur les Bleues, exit le pôle France à l’INSEP
C’est la seule évolution notable. Toupane promet de voyager plus, de créer du lien. Important, certes. Mais est-ce que ça comble les lacunes structurelles ? L’aspect le plus intéressant, c’est cette volonté affichée de positiver les voyages. Comme si les kilomètres allaient effacer les doutes techniques.
Une équipe bis en terrain connu
En Andalousie, près de Gibraltar, l’ambiance est studieuse. Les joueuses répètent leurs gammes sous l’œil attentif du coach. Carla Leite, forfait pour les deux matches, laisse un vide. Mais les autres sont là, prêtes à en découdre. Ou du moins à essayer.
Cette fenêtre internationale arrive à quatre mois d’un tournoi de qualification crucial à Villeurbanne. Objectif : décrocher un billet pour la Coupe du monde 2026 en Allemagne. Berlin du 4 au 13 septembre. Ça semble loin, mais les places sont chères. Et avec une WNBA qui n’aura pas repris au printemps, la disponibilité des stars reste incertaine.
Nous n’avons pas encore parlé à tout le monde. Il y a encore beaucoup d’incertitudes avec les ligues américaines. J’espère que tout le monde sera disponible.
– Le technicien, pragmatique
Cette phrase en dit long. L’investissement à long terme des cadres pose question. Le sujet a été discuté en interne, mais sans conclusion définitive. Priorité à mettre le sélectionneur en meilleures dispositions. Les autres décisions viendront plus tard. Pas d’urgence, apparemment. Pourtant, le temps presse.
Les leçons de l’Euro : appliquées ou oubliées ?
Revenons sur les écueils helléniques. Un collectif désuni, des choix tactiques contestables, une préparation peut-être sous-estimée. Les débats ont été vifs après Athènes. Changement de coach ? Balayé d’un revers de main. Amélioration de la communication ? En cours. Mais sur le fond, le statu quo domine.
J’ai remarqué que les jeunes intégrées représentent un souffle nouveau. Quatre premières sélections, c’est une opportunité en or pour tester, pour bâtir. Mais est-ce une stratégie assumée ou une conséquence des absences ? Les deux, sans doute. L’équipe bis permet d’expérimenter sans risque majeur.
- Identifier les talents émergents
- Tester de nouvelles combinaisons
- Préparer le terrain pour les qualifications
- Effacer les fantômes de l’Euro
Ces amicaux ne comptent pour rien au classement, mais tout pour le moral. Affronter les bourreaux de l’été, c’est une forme de thérapie par le basket. Gagner serait un signal fort. Perdre, une confirmation des faiblesses. Entre les deux, un match nul psychologique ?
Les défis structurels du basket féminin français
Allons plus loin. Le problème n’est pas seulement conjoncturel. Le basket féminin en France souffre de maux chroniques. Visibilité limitée, moyens inférieurs à ceux des hommes, dépendance aux performances des stars en WNBA. Et ce fossé avec les nations dominantes comme l’Espagne ou l’Italie.
Prenez l’Espagne : un vivier inépuisable, une formation au top, des clubs qui investissent. L’Italie renaît de ses cendres avec une génération dorée. Et nous ? On mise sur des individualités brillantes, mais le collectif patine. L’Euro l’a cruellement démontré.
Le directeur technique national parle d’une réflexion en cours sur l’investissement régulier des joueuses. Bonne nouvelle. Mais pourquoi attendre ? La concurrence ne dort pas. Les États-Unis, l’Australie, la Belgique progressent. La France doit innover, structurer, professionnaliser davantage.
| Aspect | Situation actuelle | Objectif idéal |
| Staff technique | Allégé, focalisé sélection | Renforcé, spécialisé féminin |
| Disponibilité joueuses | Incertaine WNBA | Contrats adaptés, priorisation |
| Formation jeunes | Pôle France partagé | Dédié, suivi longue durée |
| Visibilité matches | YouTube fédération | Chaînes nationales, partenariats |
Ce tableau schématise les chantiers. Rien d’insurmontable, mais il faut de la volonté. La fédération semble avancer pas à pas. Espérons que ces amicaux marquent un tournant, pas juste une parenthèse.
Les jeunes, clé du renouveau ?
Parlons des nouvelles têtes. Ces quatre joueuses en première sélection apportent de la fraîcheur. Des profils athlétiques, techniques, affamées. Dans un basket de plus en plus rapide, physique, elles incarnent l’avenir. Mais les intégrer demande du temps, de la patience.
Imaginez une Marine Johannès mentorant une jeune arrière. Ou Gabby Williams transmettant son intensité défensive. Ce mélange générations pourrait être explosif. À condition de le préparer dès maintenant. Ces matches en Espagne sont une rampe de lancement idéale.
D’après mon expérience de suiveur du basket, les grandes équipes se construisent sur la continuité. Regardez les Américaines : un socle, des rotations fluides. Nous, on alterne entre stars et remplaçantes sans vraie transition. C’est frustrant.
Vers les qualifications : un printemps décisif
Villeurbanne, février ou mars probablement. Le tournoi de qualification. Quatre équipes, deux billets pour Berlin. La concurrence sera rude. Sans un groupe soudé, compétitif, ça sent le roussi. Ces amicaux doivent servir de révélateur.
Et si on gagnait les deux matches ? Ça redonnerait confiance, attirerait peut-être les absentes. Perdre proprement ? Au moins des enseignements. Mais stagner ? Impensable. Le basket féminin français mérite mieux que la quatrième place comme nouveau standard.
Le sujet de l’investissement long terme et régulier de chacune en sélection a été discuté en interne. Notre réflexion n’est pas finie.
– Un dirigeant fédéral
Cette prudence verbale cache une réalité : il faut des actes. Contrats fédéraux ? Incitations financières ? Dialogue renforcé avec la WNBA ? Les solutions existent. Reste à les appliquer.
Un œil sur les adversaires du week-end
L’Italie d’abord. Solide, organisée, avec des joueuses expérimentées. Leur victoire en petite finale n’était pas un hasard. Elles jouent sans pression, en reconstruction aussi. Attention à ne pas sous-estimer.
L’Espagne ensuite. Les hôtes, toujours candidates au podium. Un basket fluide, collectif, impitoyable en transition. Battre chez elles serait un exploit. Même avec une équipe bis, c’est un test grandeur nature.
Stratégiquement, Toupane doit insister sur la défense. L’Euro a montré des lacunes criantes. Intensité, repli, communication. Les bases. Offensivement, libérer les jeunes, encourager les initiatives. Pas de calculs, juste du jeu.
Et après ? Perspectives pour 2026 et au-delà
Supposons une qualification. La Coupe du monde en Allemagne serait une redemption. Affronter les meilleures, progresser. Mais sans changements profonds, on risque la désillusion. Le basket évolue vite. Vitesse, spacing, tir à trois points. Nos Bleues doivent s’adapter.
À long terme, investir dans la formation. Plus de moyens pour les clubs féminins, des partenariats avec les ligues étrangères. Et pourquoi pas un championnat plus compétitif ? La LFB a du potentiel inexploité.
Personnellement, je crois en ce groupe. Les talents sont là. Il manque la cohésion, la vision. Ces amicaux ne résoudront pas tout, mais ils peuvent allumer une étincelle. Suivons ça de près. Le basket féminin français a tant à offrir.
En résumé, cinq mois après l’Euro, le chantier reste immense. Statu quo ou presque, avec quelques ajustements cosmétiques. Les matches en Espagne diront si la guérison a commencé. Ou si on remet juste un pansement. Affaire à suivre, ballon orange en main.
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