Dimanche soir, à Bakou, quand l’arbitre a sifflé la fin du match contre l’Azerbaïdjan, je n’ai pas ressenti la petite pointe de vide habituelle qui suit la fin d’une campagne de qualifications. Non. J’ai senti un frisson. Comme si on venait d’allumer la mèche d’une fusée qui va nous emmener jusqu’en juin 2026. Sept mois. Sept petits mois qui vont être absolument dingues pour les Bleus.
Une nouvelle ère commence maintenant
Parce que cette fois, tout est différent. On ne parle plus simplement de se qualifier (c’est déjà fait, et en restant invaincus s’il vous plaît). On parle de préparer un Mondial à 48 équipes, étalé sur un continent immense, avec des décalages horaires, des chaleurs parfois infernales et des distances qui peuvent transformer une préparation en cauchemar logistique. Et pourtant, quand on écoute Didier Deschamps ces derniers jours, on sent une forme d’excitation qu’on n’avait plus entendue depuis longtemps.
Il sourit presque en parlant du tirage. Lui qui d’habitude reste de marbre. C’est dire si cette Coupe du monde 2026 a quelque chose de spécial.
Le 5 décembre, le jour où tout va basculer
Premier grand rendez-vous : Washington, le 5 décembre. Le tirage au sort. Les Bleus seront tête de série, c’est acquis. Mais derrière ce statut, il y a des groupes qui font rêver et d’autres qui font grimacer. Tout le monde dans l’entourage de l’équipe de France a déjà coché deux lettres : C et L.
Pourquoi ? Parce que le groupe C offre Boston et Miami. Le groupe L propose Toronto et New York. En clair : la côte Est. Moins de chaleur écrasante, décalage horaire raisonnable, distances courtes. Bref, l’idéal pour performer. Le sélectionneur l’a dit sans détour : certains groupes sont objectivement plus favorables.
« Il y a deux groupes qui paraissent mieux pour différentes raisons, avec des distances plus courtes et des températures plus clémentes. »
Didier Deschamps, avec son habituel sens de la litote
Traduction : prions pour tomber dans le C ou le L. Parce que jouer les premiers matchs à Los Angeles ou à Vancouver avant de traverser le pays pour Atlanta, très peu pour lui.
Le camp de base, la clé de tout
Dès la semaine prochaine, une partie du staff traverse déjà l’Atlantique. Objectif : repérer le futur camp de base. On se souvient de Paderborn avant l’Euro 2024, ce petit coin d’Allemagne devenu maison pendant un mois. Cette fois, il faudra trouver l’équivalent sur le sol américain.
Et là, c’est du lourd. Des installations dernier cri, des terrains d’entraînement au niveau des clubs de MLS, des hôtels cinq étoiles capables d’accueillir une délégation de plus de cent personnes en toute discrétion. On parle de complexes universitaires ultra-modernes ou de centres privés utilisés par les franchises NFL. Le choix sera validé juste après le tirage, pour coller parfaitement au lieu des matchs.
- Un centre d’entraînement aux normes FIFA
- Un hôtel capable de fermer un étage entier pour l’intimité du groupe
- Des salles de soins, de vidéo, de récupération à la pointe
- Une situation géographique cohérente avec le groupe
- Et si possible… un peu de charme local pour le moral
Didier Deschamps et Guy Stéphan vont passer des heures en visio, en avion, sur le terrain. Parce que ce camp de base, c’est bien plus qu’un hôtel. C’est la maison des Bleus pendant six semaines.
Mars 2026 : la tournée qui peut tout changer
Et puis il y a ce fameux stage de mars. Une tournée sur la côte Est, poussée – soyons honnêtes – par l’équipementier américain qui équipe la FFF. Et là, accrochez-vous : un France-Brésil est pratiquement acté. Oui, vous avez bien lu. Kylian Mbappé contre Vinícius, Camavinga contre Paquetá, sous le maillot auriverde de Carlo Ancelotti. Ça sent la finale avant l’heure.
Le deuxième match ? Probablement les États-Unis ou la Croatie. Dans les deux cas, ce sera costaud. Et surtout, ce sera l’occasion parfaite de prendre ses marques sur place. Tester le climat, les pelouses, le voyage, les hôtels. Bref, transformer ces matchs amicaux en véritable répétition générale.
Franchement, je salive déjà.
La liste des 26 : il y aura des larmes
On arrive à un moment que tout le monde redoute : l’annonce de la liste. Mi-mai, probablement entre le 12 et le 14. Les championnats français et allemands seront terminés, la finale de la Ligue des champions aura lieu le 30 mai à Budapest. Le timing est serré, très serré.
Et pour la première fois, Didier Deschamps semble prêt à passer à 26 joueurs. Lui qui a toujours privilégié les listes de 23 ou 24, même quand c’était possible d’en prendre plus. Mais cette fois, avec un tournoi aussi long, aussi physique, avec autant de déplacements, ça paraît presque obligatoire.
Et là… il va y avoir du drame. Parce que devant, c’est Bond Street. Mbappé, Dembélé, Thuram, Barcola, Giroud (s’il continue), Mateta qui monte en puissance, Cherki, Zaïre-Emery qui peut dépanner, Olise, Kolo Muani… Je vous arrête tout de suite : ça ne rentrera pas.
- Derrière, Saliba, Konaté, Upamecano, Koundé, Hernandez, Clauss, Pavard… et les jeunes qui cognent (Lukeba, Yoro ?)
- Au milieu, Tchouaméni, Rabiot, Camavinga, Zaïre-Emery, Fofana… et on n’a même pas parlé de Kanté ou Pogba s’ils revenaient en forme
- Devant, c’est tout simplement inhumain
Il y aura des déçus. Des gros. Peut-être même des joueurs qu’on imagine intouchables aujourd’hui. C’est la loi du genre, mais avec un réservoir pareil, ça va faire mal.
Un calendrier infernal à gérer
Autre casse-tête : le timing. La finale de la Ligue des champions, c’est le 30 mai. Les joueurs doivent rejoindre leur sélection au plus tard cinq jours avant leur premier match. Si les Bleus jouent le 16 ou 17 juin, ça veut dire que l’avion risque de décoller… début juin. Autant dire que les finalistes de C1 arriveront juste pour la photo de groupe.
Et entre-temps ? Peut-être des matchs amicaux en Amérique du Nord juste avant le début du tournoi. Histoire de s’acclimater complètement. Deschamps n’a pas encore tranché, mais l’idée fait son chemin.
Et si c’était enfin la bonne ?
On va se le dire entre nous : depuis 2018, on court après une deuxième étoile qui nous nargue. 2022 nous a laissés avec ce goût amer de finale perdue aux tirs au but. L’Euro 2024… on préfère ne pas en parler. Mais là, quelque chose me dit que ce Mondial a une saveur particulière.
Une génération dorée qui arrive à maturité. Des jeunes qui explosent. Un sélectionneur qui connaît la musique mieux que personne. Et cette fois, pas de finale d’Euro ou de Mondial tous les deux ans pour user les organismes avant. Non. Sept mois de préparation millimétrée, presque luxueuse.
Alors oui, il y aura des obstacles. La chaleur, les distances, la concurrence sud-américaine et européenne qui s’annonce féroce. Mais j’ai comme l’impression que cette fois, les planètes sont alignées.
De Bakou à Los Angeles, Boston ou Miami, le chemin est lancé. Et franchement, je n’ai jamais été aussi impatient de voir une équipe de France se préparer.
2026, c’est maintenant.
