Vous souvenez-vous de votre premier bulletin de vote ? Moi oui. C’était en 2001, dans une petite commune voisine, et la candidate qui m’avait marqué était une femme, professeure, mère de famille, qui parlait sans notes et semblait connaître chaque rue par son prénom. Vingt-cinq ans plus tard, j’ai presque l’impression de retrouver la même énergie quand j’entends Alexandra Rosetti annoncer, ce lundi de novembre, qu’elle repart pour un tour à Voisins-le-Bretonneux.
À 58 ans, la maire sortante pose ses cartes sur la table sans détour : oui, elle sera candidate en mars 2026 pour un troisième mandat. Dans un paysage politique où les sortants se font parfois discrets, cette décision a le mérite de la clarté. Et dans une ville qui a bien changé en dix ans, ça n’a rien d’anodin.
Une maire qui incarne la continuité dans un territoire en ébullition
Voisins-le-Bretonneux, ce n’est plus tout à fait la commune-dortoir des années 90. Entre le développement de Saint-Quentin-en-Yvelines, l’arrivée du Grand Paris Express et la pression immobilière, le coin a pris un sérieux coup d’accélérateur. Et pourtant, depuis 2014, une constante : Alexandra Rosetti est là.
Élève de l’UDI, elle n’a jamais fait mystère de son ancrage centriste, mais elle cultive surtout l’image d’une édile de proximité. Celle qui vous croise au marché le samedi matin, qui connaît le prénom du gardien de l’école et qui n’hésite pas à répondre elle-même aux mails des habitants. Dans une agglomération où certaines villes flirtent avec les 30 000 habitants, ce style « maire de village » fait encore recette.
D’une salle de classe à l’hôtel de ville
Avant la politique, il y a eu les cours d’anglais. Des années à enseigner au collège de Trappes puis au lycée de Montigny-le-Bretonneux. Des classes parfois compliquées, des ados qui vous en font voir de toutes les couleurs, et cette conviction chevillée au corps : l’éducation, c’est la base de tout.
C’est sans doute cette expérience qui explique pourquoi l’une de ses fiertés reste la rénovation des écoles et la création de nouveaux équipements sportifs. Quand elle parle crèches, cantines bio ou city-stades, on sent que ça vient de loin. Pas juste des cases à cocher sur un programme électoral.
« Une ville où les enfants sont bien, c’est une ville qui tourne rond. »
Alexandra Rosetti, lors d’un conseil municipal en 2023
La parité, pas juste un slogan
Elle aime le rappeler : elle est un « pur produit de la parité ». Première adjointe en 2008, puis maire en 2014 après le départ de son prédécesseur. À l’époque, voir une femme prendre les rênes dans une ville de cette taille, ça faisait encore figure d’exception dans les Yvelines.
Aujourd’hui, ça semble presque normal. Preuve que les lignes bougent, même si on est encore loin du compte. Et Alexandra Rosetti n’a jamais joué la carte « femme politique » pour se faire élire. Elle a simplement fait le boulot, avec l’idée que la compétence n’a pas de genre.
Les chantiers qui ont marqué les deux mandats
Difficile de résumer dix ans de mandat en quelques lignes, mais certains dossiers reviennent sans cesse dans les conversations :
- La création du pôle gare avec ses parkings relais et ses cheminements doux
- Le plan local d’urbanisme qui a permis de préserver les zones pavillonnaires tout en densifiant intelligemment
- Le développement des associations – plus de 120 aujourd’hui – et la mise en place d’un vrai budget participatif
- La rénovation énergétique des bâtiments publics (écoles, médiathèque, complexe sportif)
- La sécurisation des abords des écoles après plusieurs accidents évités de justesse
Des réalisations concrètes, souvent invisibles au quotidien, mais qui changent la vie. Et puis il y a les sujets qui fâchent : la circulation aux heures de pointe, le prix du foncier qui explose, la crainte de voir la ville perdre son âme avec les nouveaux programmes immobiliers.
2026, un contexte complètement différent
Ce troisième mandat, si les habitants le lui accordent, ne ressemblera à aucun autre. D’abord parce que l’agglomération Saint-Quentin-en-Yvelines est en train de vivre une mutation profonde. Ensuite parce que la maire sortante aura face à elle une opposition qui s’organise – on parle déjà de listes citoyennes et peut-être d’un candidat estampillé Renaissance.
Et puis il y a l’usure du pouvoir. Dix ans, c’est long. Certains habitants commencent à dire qu’il serait temps de passer la main. D’autres, au contraire, voient en elle la garantie que la ville ne basculera pas dans l’inconnu à l’heure où tout s’accélère.
Les défis qui attendent la prochaine équipe
Qu’on soit pour ou contre sa candidature, force est de constater que les chantiers ne manquent pas pour les six prochaines années :
- Accompagner l’arrivée de la ligne 18 du Grand Paris Express et ses 5 000 voyageurs quotidiens attendus
- Gérer la pression immobilière sans dénaturer les quartiers pavillonnaires
- Répondre à la demande de logements sociaux (la ville est encore loin des 25 %)
- Maintenir l’équilibre budgétaire alors que les coûts explosent
- Préserver le dynamisme associatif et culturel malgré les restrictions
Des dossiers lourds, techniques, parfois clivants. Exactement le genre de sujets où l’expérience compte.
Une campagne qui s’annonce déjà animée
En lançant sa campagne dès novembre 2025, Alexandra Rosetti prend tout le monde de vitesse. Stratégie habile : elle pose ses thèmes, occupe le terrain, et oblige ses futurs adversaires à se positionner par rapport à son bilan.
Les prochaines semaines diront si les habitants ont envie de continuité ou de rupture. Ce qui est sûr, c’est que dans cette ville où on se connaît encore, la campagne va se jouer autant dans les réunions de quartier que sur les réseaux sociaux.
Et quelque part, c’est plutôt rassurant. Dans un monde qui va trop vite, il reste des endroits où la politique locale se fait encore à hauteur d’homme – ou de femme.
Personnellement, j’ai toujours trouvé fascinant ces maires qui s’accrochent à leur ville comme à une seconde famille. Alexandra Rosetti fait partie de ceux-là. Reste à savoir si les habitants de Voisins-le-Bretonneux lui diront encore « oui » en mars prochain. Une chose est sûre : elle, elle y croit dur comme fer.
