Imaginez la scène. Quatrième quart-temps, le match est serré à en couper le souffle, et deux générations se retrouvent nez à nez sous le panier. D’un côté, Draymond Green, 35 ans, quatre bagues, réputation de pitbull. De l’autre, Victor Wembanyama, 21 ans à peine, 2,24 m d’envergure extraterrestre et déjà une assurance qui fait trembler la ligue. Entre eux ? Quelques mots, un regard, et l’étincelle.
Quand le trashtalk devient une œuvre d’art
Il y a des moments en NBA où le basket dépasse le simple sport pour flirter avec le théâtre. Vendredi soir, à San Antonio, on a eu droit à un de ces épisodes dont on parlera encore dans dix ans. Draymond Green, jamais le dernier pour envoyer une petite phrase qui gratte, s’est payé un tête-à-tête mémorable avec le prodige français. Et le meilleur ? Il a tout raconté lui-même dans son podcast, avec ce franc-parler qui le caractérise.
Je vous préviens : si vous n’avez pas encore vu ou entendu l’anecdote, attachez votre ceinture. Parce que c’est du pur spectacle.
Le contre, le regard, et la machine à chambrer qui s’emballe
Tout commence sur une action anodine… enfin, anodine pour les autres. Draymond colle un énorme contre sur Wembanyama. Le genre de block qui fait lever la salle. Et là, au lieu de simplement repartir en défense, Green se retourne et balance le regard. Vous savez, celui qui dit « alors, gamin ? » sans ouvrir la bouche.
Wembanyama, lui, n’a pas du tout apprécié le sous-texte.
« Il me fait : “Quoi ? T’es pas de taille.” Je lui réponds direct : “T’es petit, t’es trop petit !” Et là il me sort : “Ah ouais je suis trop petit ? Ok.” J’enchaîne : “T’as méchamment peur de moi là.” Et lui : “Quoi ? J’ai pas peur, attends tu vas voir !” »
– Draymond Green, en rigolant dans son podcast
Franchement, on entend presque les rires dans le studio. Parce que oui, Draymond raconte ça en se marrant. Pas de rancœur, juste du respect déguisé en provocation. C’est tout l’art du trashtalk à l’américaine : piquer là où ça fait mal, mais avec assez de talent pour que l’adversaire réponde sur le terrain plutôt qu’avec les poings.
Le dunk qui a fait taire (presque) tout le monde
Et la réponse de Wembanyama ? Elle n’a pas traîné. Sur l’action suivante, les Spurs ont une seconde pour tirer. Lob vers le cercle. Tout le monde sait qui va aller chercher le ballon. Draymond le sait aussi. Il se place, prêt à prendre le corps.
Mais ce qui suit relève du surnaturel.
Green décrit la scène au ralenti : Wemby tourne sur lui-même sans bouger, attrape le ballon main gauche, décolle. À ce moment-là, Draymond réalise qu’il n’a aucune chance. Même Jimmy Butler, qui arrive en renfort, n’a aucune chance. Le dunk est tellement violent, tellement au-dessus du cercle, que la salle explose.
« La seule personne qui avait une chance d’attraper ce ballon, c’est celle qui l’a attrapé. Point. »
– Draymond Green, admiratif malgré lui
Le plus drôle ? Le panier sera finalement annulé pour une faute précédente. Mais peu importe. L’image est gravée. Wembanyama vient de répondre de la plus belle des manières : sur le terrain, avec la manière forte.
Deux versions, une seule vérité
Après le match, les deux protagonistes ont donné leur version. Draymond insiste : « Je lui ai répété qu’il avait peur de moi, et il n’a rien dit. » Wembanyama, lui, balance une réplique assassine : « Il est resté complètement silencieux quand j’ai dunké sur lui. »
Qui croire ? Les deux, probablement. Parce que dans ces moments-là, la vérité dépend de l’angle de la caméra… et de l’ego de chacun.
Ce qui est sûr, c’est que Green a quitté le parquet quelques secondes plus tard après une nouvelle faute sur Wembanyama. Et qu’à la dernière seconde, c’est encore lui qui a parfaitement boxé le Français pour empêcher le rebond de la victoire. Golden State s’impose d’un petit point. Fin du premier round.
Au-delà du chambrage : un respect évident
Ce qui rend l’histoire encore plus belle, c’est le contexte. Draymond Green n’a jamais caché son admiration pour Wembanyama. Il l’a répété plusieurs fois : le gamin va devenir le meilleur joueur de la ligue. Peut-être même the face of the NBA. Venant d’un mec qui a gagné quatre titres et qui n’a pas la langue dans sa poche, ça pèse.
Ce duel, ce n’était pas de la haine. C’était une passation de flambeau déguisée en bagarre de cour d’école. Le vieux lion qui teste le jeune prodige. Et le jeune prodige qui montre qu’il est déjà prêt à régner.
Wembanyama l’a d’ailleurs très bien résumé après le match :
« Si quelqu’un te parle d’une certaine manière, tu dois répondre d’une certaine manière. Ma meilleure réponse, c’est toujours sur le terrain. C’est ce qui leur fait le plus mal. »
Message reçu cinq sur cinq.
Et maintenant ?
Malheureusement, on va devoir attendre avant le prochain épisode. Victor Wembanyama s’est blessé au mollet et sera absent plusieurs semaines. Mais quand il reviendra, une chose est sûre : Draymond Green sera prêt. Et nous aussi.
Parce que ce genre de rivalité, même naissante, même teintée de respect, c’est ce qui fait la grandeur de la NBA. Ce n’est pas juste du basket. C’est du storytelling vivant. Et franchement, on en redemande.
Alors oui, Draymond a gagné le match. Mais Wembanyama a gagné le moment. Et dans dix ans, quand on reparlera des plus grands dunks de l’histoire, celui-là – même annulé – sera dans toutes les conversations.
Comme quoi, parfois, un simple « Tu as peur de moi ? » peut déclencher une œuvre d’art.
Et toi, tu l’as vu ce dunk ? Tu penses que Wemby a déjà le mental d’un champion ? Dis-moi tout en commentaire, je suis curieux de savoir où tu places le Français dans la hiérarchie actuelle. Parce que moi, après cette séquence… je commence à croire qu’on assiste au début de quelque chose d’historique.
