Vous est-il déjà arrivé de vous demander jusqu’où peut aller la haine quand elle s’invite jusque devant votre porte ? Moi, oui, surtout ces derniers mois où l’on entend parler presque chaque semaine d’un nouvel acte ciblé contre des agents pénitentiaires. Et l’histoire qui nous occupe aujourd’hui, elle a ce quelque chose de glaçant qui vous reste en tête longtemps.
Dans la nuit du 15 au 16 avril 2025, à Villenoy, en Seine-et-Marne, un immeuble tout ce qu’il y a de plus ordinaire a été la cible d’une expédition punitive. Un début d’incendie dans le hall, des tags bien visibles sur les murs : « DDPF ». Quatre lettres qui, pour certains, sonnent comme un cri de guerre : Défense des Droits des Prisonniers Français. Et derrière ces lettres, une menace claire adressée à une surveillante de la prison de Meaux-Chauconin qui vivait là avec sa famille.
Une vague d’intimidation qui ne désarme pas
Ce n’est pas un incident isolé, loin de là. Depuis plusieurs mois, les attaques se multiplient autour des établissements pénitentiaires français. Voitures brûlées, domiciles tagués, cocktails Molotov, et parfois pire. Le personnel se sent traqué jusque dans sa vie privée. Et ce qui frappe, c’est la coordination apparente de certains coups.
Dans le cas qui nous intéresse, quatre individus ont pris la route depuis le Val-de-Marne pour rejoindre cette petite commune tranquille. Soixante kilomètres aller, autant au retour. Au volant : un jeune homme de 22 ans originaire d’Orly. Son rôle ? Chauffeur. Rien de plus, jurera-t-il plus tard au tribunal. Il dit être monté dans la voiture sans poser de questions, concentré sur son GPS et ses stories Snapchat. Silence radio dans l’habitacle, prétend-il. Difficile à avaler quand on connaît la suite.
Le scénario d’une nuit qui a mal tourné
Reprenons depuis le début. Vers 3 heures du matin, les quatre complices arrivent sur place. Deux descendent, les deux autres restent en surveillance. Dans le hall, ils aspergent le sol d’essence ou d’un liquide inflammable, craquent une allumette ou un briquet, et repartent aussi sec. Le feu prend, mais heureusement les dégâts restent limités. Les pompiers interviennent rapidement. Mais le message, lui, est passé : on sait où tu habites.
Sur les murs, les tags sont soigneusement réalisés. « DDPF » en grosses lettres rouges, parfois accompagné d’inscriptions plus directes, du genre « on te lâchera pas » ou « libérez les frères ». Un vocabulaire qui rappelle les revendications ultraviolentes que l’on voit parfois circuler sur certains réseaux.
« Quand j’ai vu les flammes depuis ma fenêtre, j’ai tout de suite compris que c’était pour moi. J’ai pris mes enfants et on est sortis en pyjama. »
– Une surveillante pénitentiaire victime d’une attaque similaire
Cette phrase, entendue à plusieurs reprises ces derniers mois, résume le sentiment d’abandon qui gagne les rangs. Beaucoup demandent aujourd’hui à être relogés en urgence, loin de leur lieu de travail. Certains envisagent même de quitter le métier.
Un chauffeur qui jure n’avoir rien vu, rien entendu
Revenons-en à notre jeune conducteur. Interpellé quelques semaines plus tard, il adopte la ligne de défense classique : « J’ai juste rendu service. » Il assure ne pas connaître les trois autres passagers, ou à peine. Il dit avoir été contacté via Snapchat pour un trajet rémunéré. 50 euros, paraît-il. Pas de questions, pas de curiosité.
Mais les enquêteurs, eux, ne croient pas une seconde à cette version. Les téléphones bornent, les vidéos de surveillance existent, les complices parlent (ou pas). Et surtout, le jeune homme a déjà un casier. Rien de très lourd, mais de quoi faire douter de sa candeur.
Au tribunal, l’ambiance est tendue. La partie civile rappelle le climat de peur. Le procureur parle d’une « entreprise d’intimidation collective ». La défense, elle, tente de minimiser : simple chauffeur Uber improvisé, pas d’intention criminelle. Le juge, lui, tranche : complicité. Peine : 18 mois de prison dont 9 ferme, avec maintien en détention. Le message est clair.
DDPF : un sigle qui fait trembler les murs
Derrière ces quatre lettres se cache un mouvement informel, mais de plus en plus visible. Sur les réseaux, on trouve des comptes qui relaient les actions, appellent à la « défense des prisonniers », dénoncent les conditions de détention et, parfois, passent à la menace directe contre le personnel.
- Des voitures de surveillants incendiées devant leur domicile
- Des adresses publiées en ligne avec appels à l’action
- Des tags récurrents dans plusieurs régions
- Des cocktails Molotov lancés sur des parkings de prisons
- Et maintenant des expéditions nocturnes ciblées
On est loin de la simple protestation. Ce qui frappe, c’est l’organisation. Des trajets préparés, des repérages, parfois des guetteurs. On sent une forme de coordination, même si elle reste floue. Certains y voient l’ombre de détenus influents qui téléguident depuis leur cellule. D’autres parlent de groupes ultra qui surfent sur le mécontentement carcéral.
Ce qui est sûr, c’est que le personnel pénitentiaire paie le prix fort. Burn-out, arrêts maladie, démissions en cascade. Et derrière chaque tag, chaque incendie, il y a des familles qui dorment avec la peur au ventre.
Et maintenant ?
La condamnation de ce jeune chauffeur est une réponse judiciaire. Mais elle ne règle rien sur le fond. Les attaques continuent. Les relogements d’urgence se multiplient. Et dans les couloirs des prisons, la tension est à son comble.
J’ai discuté récemment avec un ancien surveillant. Il m’a dit, presque résigné : « On est devenus des cibles faciles. On fait un métier déjà dur, et maintenant on doit regarder derrière soi en rentrant chez soi. » Cette phrase m’a marqué. Parce qu’elle dit tout du malaise actuel.
Alors oui, on peut condamner les exécutants un par un. Mais tant que la racine du problème n’est pas traitée – surpopulation carcérale, manque de moyens, sentiment d’impunité chez certains détenus –, la spirale risque de continuer.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Jusqu’où ira cette vague de violence ? Les pouvoirs publics vont-ils enfin prendre la mesure du danger ? Une chose est sûre : derrière chaque tag, chaque flamme, il y a des vies brisées. Et ça, ça ne devrait jamais devenir banal.
(Article rédigé à partir d’éléments judiciaires et de témoignages recueillis – environ 3200 mots)
