Imaginez-vous réveillé en pleine nuit par une lueur rouge sang qui envahit votre chambre. Vous ouvrez les volets et là, à quelques centaines de mètres, une montagne entière semble en feu. Ce n’est pas un film catastrophe. C’est ce qu’ont vécu des centaines d’habitants d’Oita, sur l’île de Kyushu, le 18 novembre 2025.
J’ai vu les vidéos. Franchement, ça glace le sang. Des flammes de plusieurs mètres qui dévorent des maisons comme si c’étaient des allumettes. Et surtout cette phrase qui revient sans cesse dans les témoignages : « La montagne brûlait ». Quand même, ça marque.
Un incendie qui a tout emporté en quelques heures
Tout a commencé en fin d’après-midi, vers 17 h 45, dans le quartier de Saganoseki, un coin résidentiel assez dense près du port de pêche. Un départ de feu, on ne sait pas encore exactement d’où, et puis le vent s’en mêle. Un vent violent, comme souvent à cette saison dans cette région du sud du Japon.
En quelques minutes seulement, le sinistre passe de « petit feu » à brasier incontrôlable. Les maisons traditionnelles japonaises, souvent en bois avec des toits en tuiles, n’ont aucune chance. Le feu saute de toit en toit, aidé par des températures sèches et ce vent qui charrie des braises incandescentes à des dizaines de mètres.
« Les flammes montaient si haut que le ciel était rouge. On aurait dit la fin du monde. »
Un habitant évacué, encore sous le choc
À la nuit tombée, le spectacle est carrément apocalyptique. Les images tournées par les habitants montrent des murs de feu qui avancent inexorablement vers la forêt voisine. Et là, c’est le drame qui s’accélère : la montagne prend feu à son tour.
170 bâtiments partis en fumée, et ce n’est peut-être pas fini
Le dernier bilan officiel fait état d’au moins 170 bâtiments touchés. Mais attention, on parle bien de « au moins ». Parce que les pompiers luttaient encore ce mercredi matin pour circonscrire le sinistre, et certaines zones restaient inaccessibles à cause de la chaleur et des risques d’effondrement.
Parmi ces 170 structures, on compte des maisons d’habitation, mais aussi des entrepôts, des petits commerces, des hangars de pêcheurs. Tout un quartier qui, en une nuit, a été rayé de la carte.
- Maisons traditionnelles en bois : particulièrement vulnérables
- Bâtiments modernes en béton : certains ont résisté, mais beaucoup ont quand même subi de gros dommages
- Infrastructures électriques : 300 foyers privés de courant dès les premières heures
- Forêt adjacente : des hectares déjà partis en fumée
Ce qui frappe, c’est la vitesse de propagation. En à peine six heures, le feu a couvert une zone immense. Les spécialistes parlent d’un « feu de convection » : la chaleur crée son propre vent, qui alimente encore plus le brasier. Un cercle vicieux terrifiant.
Une personne disparue : l’angoisse maximale
Parmi tous ces chiffres, il y en a un qui fait mal : une personne reste portée disparue. On ignore encore s’il s’agit d’un habitant qui n’a pas pu sortir à temps, d’un pompier, ou d’une personne âgée isolée. Les recherches continuent, mais avec la dangerosité du site, c’est compliqué.
Ce genre de nouvelle, ça vous prend aux tripes. Parce que derrière les images spectaculaires, il y a des vies brisées. Des familles qui ont tout perdu en une nuit. Des souvenirs qui partent en fumée. C’est ça, le vrai drame.
175 personnes évacuées dans l’urgence
Dès les premières alertes, les autorités ont réagi vite. 115 foyers, soit environ 175 personnes, ont été évacués dans la précipitation. Beaucoup n’ont pris que le strict minimum : un téléphone, des papiers, parfois même juste les vêtements qu’ils portaient.
« J’ai attrapé mon permis et mon portable, c’est tout. Le reste… on verra plus tard. »
Une mère de famille évacuée avec ses deux enfants
Les gymnases des écoles et les salles communales ont été réquisitionnés en urgence. Des couvertures, des repas chauds, un peu de réconfort dans la panique générale. Mais pour beaucoup, le choc est immense. Certains regardaient, impuissants, leur maison brûler depuis le centre d’évacuation.
Les pompiers dépassés, l’armée prête à intervenir
Ils étaient plusieurs centaines de pompiers mobilisés toute la nuit. Des renforts venus de toute la préfecture, voire des préfectures voisines. Mais face à un feu aussi vaste et alimenté par le vent, c’est David contre Goliath.
Le gouverneur a très vite contacté les forces d’autodéfense (l’armée japonaise) pour un éventuel soutien logistique. Hélicoptères, camions-citernes supplémentaires, personnel formé aux catastrophes… Tout est sur la table.
Et ce n’est pas du luxe. Car même si le vent a légèrement faibli dans la matinée, le risque de reprise reste très élevé. Les braises sous les décombres, la forêt encore fumante… Un seul coup de vent un peu fort et tout peut repartir.
Pourquoi un feu aussi violent au Japon ?
On pourrait se dire : le Japon, c’est plutôt les typhons et les séismes. Les incendies massifs, c’est plus l’Australie ou la Californie, non ? Eh bien détrompez-vous.
Le Japon connaît régulièrement des feux importants, surtout en automne et en hiver, quand l’air est sec et les vents forts. Et dans les zones comme Kyushu, où les maisons sont souvent anciennes et très proches les unes des autres, un seul départ de feu peut vite tourner au désastre.
- Constructions traditionnelles en bois très inflammables
- Quartiers densément peuplés avec peu d’espaces coupe-feu
- Vents saisonniers puissants (parfois plus de 50 km/h)
- Forêts de pins et de cèdres qui brûlent comme de l’essence une fois lancées
Résultat : quand les conditions sont réunies, ça part très vite et très fort. Et là, à Oita, tout était malheureusement aligné pour le pire.
Les leçons d’un drame qui aurait pu être évité ?
Évidemment, tant que l’enquête n’est pas terminée, on ne connaîtra pas la cause exacte. Mais déjà, des voix s’élèvent pour pointer des problèmes récurrents.
Dans beaucoup de quartiers anciens comme Saganoseki, les rues sont étroites, les camions de pompiers passent difficilement. Les bouches d’incendie sont parfois trop espacées. Et surtout, beaucoup de maisons n’ont pas été rénovées depuis des décennies.
Est-ce qu’on va enfin tirer les leçons ? Moderniser certains quartiers ? Créer des zones tampon entre les habitations et les forêts ? Installer plus de détecteurs et de systèmes d’alerte précoces ? On l’espère.
Et maintenant ?
À l’heure où j’écris ces lignes, le feu n’est toujours pas totalement maîtrisé. Les pompiers continuent d’arroser les points chauds, les hélicoptères tournent au-dessus de la zone sinistrée.
Pour les habitants, le calvaire ne fait que commencer. Retrouver un toit, reconstruire une vie, gérer le traumatisme… Ça va prendre des mois, voire des années.
Mais dans ces moments-là, on voit aussi le meilleur de la solidarité japonaise. Les voisins qui s’entraident, les dons qui affluent, les bénévoles qui arrivent de partout. C’est dur, très dur. Mais ils vont s’en sortir. Ils n’ont pas le choix.
En attendant, cette image reste en tête : une montagne qui brûle comme un volcan au-dessus d’une ville endormie. Un rappel brutal que la nature, même dans un pays aussi maîtrisé que le Japon, peut encore nous rappeler qui commande vraiment.
Prenez soin de vous. Et si vous habitez une zone à risque, vérifiez vos détecteurs de fumée. On ne sait jamais.
