Vous êtes déjà resté coincé quarante-cinq minutes pour faire les trois kilomètres qui séparent Vélizy 2 du métro Pont-de-Sèvres ? Moi oui, et franchement, à chaque fois j’ai envie de pleurer. Alors quand on entend parler d’un téléphérique qui survolerait tout ça en dix minutes à peine, on se dit que c’est trop beau pour être vrai. Et pourtant, ça fait maintenant dix ans que ce projet traîne dans les cartons.
Un projet qui divise encore l’ouest parisien
À l’est de la région, le tout premier téléphérique francilien ouvrira ses portes dans quelques semaines seulement, reliant Créteil à Villeneuve-Saint-Georges. Les cabines sont déjà là, les tests battent leur plein, les habitants comptent les jours. À l’ouest ? C’est le calme plat. Ou presque. Car si certains élus continuent de pousser très fort, d’autres freinent des quatre fers. Et au milieu, des milliers d’usagers qui rêvent d’un trajet sans embouteillage.
D’où vient cette idée, déjà ?
Remontons un peu le temps. On est en 2015 et la saturation de l’A86 et de la N118 commence à devenir insupportable. Le centre commercial Vélizy 2, deuxième plus grand de France, attire chaque week-end des dizaines de milliers de voitures. Le parking s’effondre même une fois – oui, littéralement – et la galère devient quotidienne. C’est à ce moment-là que l’idée d’un téléphérique urbain émerge sérieusement.
L’avantage ? Passer au-dessus des bouchons, connecter directement le centre commercial à la ligne 9 et au futur prolongement du tramway T10, desservir Meudon, Sèvres et Boulogne en un temps record. Sur le papier, c’est le rêve.
Un tracé qui fait grincer des dents
Le parcours prévu est plutôt malin : départ depuis le toit de Vélizy 2, une station intermédiaire à Meudon, une autre à Sèvres, et arrivée au Pont-de-Sèvres. Dix minutes chrono, contre quarante-cinq en voiture aux heures de pointe. Mais voilà, tout le monde n’est pas d’accord sur le passage exact, notamment à Sèvres.
« Il y a toujours un maire qui est contre et qui n’explique pas vraiment pourquoi »
Un élu favorable au projet, début novembre 2025
Difficile de savoir précisément ce qui coince. Est-ce l’impact visuel des pylônes dans un secteur plutôt résidentiel ? La crainte du bruit ? Le survol de certains jardins ? Toujours est-il que le blocage est réel et qu’il empêche le dossier d’avancer depuis des années.
Ce qui marche déjà ailleurs en Île-de-France
Pendant ce temps, le Câble 1 dans le Val-de-Marne avance à grands pas. Les images des cabines rouges qui glissent au-dessus des autoroutes font rêver. Les élus locaux se félicitent, les habitants attendent ça comme le messie. Preuve que quand la volonté politique est là, ça avance vite.
- Longueur : 4,5 km
- Temps de trajet : 17 minutes contre 40 en bus
- Capacité : jusqu’à 1 600 passagers par heure et par sens
- Ouverture prévue : mi-décembre 2025
Et chez nous ? Le projet ouest est techniquement plus court (environ 3 km) et potentiellement encore plus utile vu la densité de circulation. Alors pourquoi ça patine ?
Les arguments des défenseurs du projet
Du côté de Vélizy-Villacoublay, on ne lâche pas l’affaire. Le maire rappelle régulièrement que Boulogne et Meudon sont toujours partants. Et il a de solides arguments :
- Réduction massive du trafic sur la N118 et l’A86
- Désengorgement du parking de Vélizy 2 (qui a déjà vécu des moments compliqués)
- Connexion directe avec le métro et le futur tramway
- Solution écologique : zéro émission en exploitation
- Image moderne pour le territoire
Franchement, quand on voit les navettes autonomes qui circulent déjà dans certaines villes des Yvelines et les succès des téléphériques à Brest ou en Amérique latine, on se dit que ce n’est pas de la science-fiction.
Et si le blocage venait d’ailleurs ?
Il y a aussi la question du financement. Un téléphérique, ce n’est pas donné. Même si le coût au kilomètre est souvent inférieur à celui d’un tramway, il faut compter plusieurs dizaines de millions d’euros. Qui paie ? La région ? L’État ? Les collectivités ? Dans un contexte où chaque euro est scruté, ça peut freiner.
Certains murmurent aussi que le projet pourrait être sacrifié au profit d’autres priorités, comme le prolongement du métro ou le Grand Paris Express. Sauf que dans le secteur, on attend toujours des solutions concrètes pour demain matin, pas dans quinze ans.
Ce que les habitants en pensent vraiment
Sur les réseaux sociaux locaux, c’est un festival de commentaires. Entre ceux qui trouvent l’idée géniale (« enfin une solution qui vole par-dessus les bouchons ! ») et ceux qui craignent de voir des cabines passer devant leurs fenêtres, les avis sont tranchés.
Moi je crois que la majorité des gens s’en fichent un peu du paysage tant qu’ils gagnent trente minutes par jour. Et quand on sait que certains font deux heures de trajet domicile-travail dans le secteur, on comprend la frustration.
Et maintenant, on fait quoi ?
Le dossier n’est pas officiellement enterré. Des études continuent, des réunions ont encore lieu. Peut-être qu’avec l’ouverture très médiatisée du Câble 1 à l’est, la pression va monter pour relancer le projet à l’ouest.
Après tout, rien ne ressemble plus à un téléphérique en construction… qu’un autre téléphérique qui fonctionne déjà sous les yeux de tout le monde.
En attendant, on continue de poireauter dans les bouchons en regardant le ciel, en espérant qu’un jour, les cabines y passeront vraiment.
Et vous, vous y croyez encore à ce téléphérique Vélizy – Pont-de-Sèvres ? Ou vous pensez que c’est encore un de ces projets franciliens qui finissent aux oubliettes ? Dites-le moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
