Vous est-il déjà arrivé de vous demander, en regardant les infos du soir, ce que vous feriez vraiment si tout s’arrêtait demain ? Pas juste une coupure de courant de deux heures, non, quelque chose de bien plus sérieux. Une crue centennale, un conflit qui dégénère aux portes de l’Europe, ou simplement un blackout national qui dure des jours. Moi, je me suis souvent posé la question. Et visiblement, je ne suis pas le seul.
Ce jeudi à midi, un document de 27 pages baptisé Tous responsables a été mis en ligne très discrètement sur les sites institutionnels. Pas de campagne télé, pas de brochure dans votre boîte aux lettres, juste un PDF accessible à ceux qui savent où chercher. Pourtant, ce guide n’est pas anodin : il a été pensé pour nous préparer, nous citoyens lambda, à affronter les pires scénarios possibles.
Un guide né dans l’ombre du Covid
Tout a commencé il y a quatre ans. Après les confinements successifs, l’idée a germé : et si on apprenait aux Français à être un peu plus autonomes face à l’imprévisible ? Le projet a traversé plusieurs gouvernements, a été remanié, corrigé, puis presque enterré. Trop anxiogène, disaient certains. Trop alarmiste, pensaient d’autres. Finalement, la version actuelle est arrivée sur les bureaux juste avant l’été, et la décision a été prise : on publie, mais en douceur.
Pourquoi cette prudence ? Parce que le contexte est déjà lourd. Entre les images de feux de forêt, les alertes canicule qui s’enchaînent et les tensions internationales, personne n’a envie d’ajouter une couche de stress. Le message est clair : il s’agit de responsabiliser, pas de faire peur. Et franchement, quand on lit entre les lignes, c’est plutôt réussi.
Qu’est-ce qu’un « risque majeur » aujourd’hui ?
Le guide ne tourne pas autour du pot. Il liste sans détour les menaces réalistes auxquelles la France pourrait être confrontée dans les années à venir :
- Catastrophes naturelles amplifiées par le changement climatique (inondations, tempêtes, canicules extrêmes)
- Crises sanitaires de grande ampleur
- Attentats ou actes de malveillance
- Ruptures longues d’électricité ou d’approvisionnement
- Et oui, même un conflit armé de haute intensité, y compris sur le sol européen
Ce dernier point, avouons-le, fait un peu froid dans le dos. On avait presque oublié que ce genre de scénario pouvait nous concerner directement.
Le kit de survie minimal que tout le monde devrait avoir
Le document est très concret. Il propose un « kit de base » que chaque foyer devrait constituer dès maintenant. Rien de paranoïaque, juste du bon sens :
- Une réserve d’eau (3 litres par personne et par jour, pour au moins 3 jours)
- Des aliments non périssables (conserves, barres énergétiques, lait en poudre…)
- Une trousse de premiers secours complète
- Une radio à piles ou à manivelle (crucial en cas de blackout)
- Des lampes torches + piles de rechange
- Copies papier des documents importants
- Un peu d’espèces en petites coupures
- Des sacs poubelles résistants (oui, ça sert plus qu’on ne croit)
J’ai trouvé ça presque rassurant. Pas besoin de transformer son sous-sol en bunker, juste d’anticiper ce que nos grands-parents faisaient naturellement.
« L’objectif n’est pas de faire de chaque Français un survivaliste, mais de retrouver un réflexe de prudence collective qu’on a peut-être un peu perdu. »
– Un haut fonctionnaire impliqué dans la rédaction
Le « plan familial de mise en sûreté » : l’idée la plus utile du guide
Le passage qui m’a le plus marqué, c’est celui qui invite chaque famille à remplir un petit formulaire (fourni dans le guide) avec :
- Le point de rendez-vous si on doit évacuer et que les téléphones ne passent plus
- Le numéro d’un proche hors de la région à contacter en cas d’urgence
- Les besoins médicaux spécifiques de chaque membre
- La liste des voisins fragiles à ne pas oublier
Dix minutes autour de la table un dimanche soir, et on dort déjà un peu plus tranquille. C’est simple, mais tellement évident quand on y pense.
Pourquoi ce guide arrive maintenant
Le timing n’est pas anodin. Entre la multiplication des événements climatiques extrêmes – rappelez-vous les inondations dans l’Aude ou le Pas-de-Calais ces dernières années – et le contexte géopolitique tendu, l’État semble vouloir reprendre la main sur la résilience nationale. Il y a aussi cette idée, de plus en plus présente, que l’on ne peut plus tout attendre des pouvoirs publics en cas de crise majeure.
Le message subliminal ? Vous aussi, vous avez un rôle à jouer. Et c’est plutôt sain, non ? Après tout, les pompiers, la protection civile, l’armée, ils feront leur maximum. Mais si des millions de personnes sont un minimum préparées, tout sera plus fluide.
Ce que le guide ne dit pas (mais qu’on devine)
Entre les lignes, on sent quand même une certaine gravité. Parler de « conflit armé » dans un document destiné au grand public, ce n’est pas anodin. Mentionner la nécessité de pouvoir « tenir plusieurs jours sans réseau électrique ni eau courante », non plus. On n’est pas dans la science-fiction, on est dans l’anticipation raisonnable.
Certains y verront du défaitisme. Moi, j’y vois du réalisme. Préparer, ce n’est pas céder à la panique, c’est reprendre un peu de contrôle sur l’imprévisible.
Et maintenant, on fait quoi ?
Le guide est disponible gratuitement en ligne depuis ce midi. Si vous avez cinq minutes ce soir, téléchargez-le. Lisez-le avec votre conjoint, vos enfants ados, vos parents. Remplissez ensemble le petit plan familial. Vérifiez votre placard, complétez ce qui manque tranquillement, sans stress.
Ce n’est pas une obligation. C’est juste une opportunité de redevenir un peu plus acteur de sa propre sécurité. Et dans le monde dans lequel on vit, ça ne fait pas de mal.
Personnellement, j’ai déjà commandé une radio à manivelle. Et vous ?
(Article mis à jour le 19 novembre 2025 – Le guide « Tous responsables » est téléchargeable sur les sites officiels du gouvernement)
