Imaginez : vous commandez un petit gadget à 8 euros, livraison incluse, et hop, deux euros de plus qui tombent dans les caisses de l’État avant même que le colis touche votre paillasson. Ça vous énerve déjà ? Vous n’êtes pas seul. Hier soir, l’Assemblée nationale a voté une measure qui va toucher des millions de Français dès le 1er janvier prochain. Et franchement, entre ceux qui applaudissent et ceux qui crient au scandale, on s’y perd un peu.
Une taxe de 2 euros qui fait déjà trembler les portefeuilles
Le principe est simple sur le papier. Tout colis de moins de 150 euros venant de l’extérieur de l’Union européenne se verra appliquer une redevance fixe de 2 euros. Oui, redevance. Le gouvernement insiste lourdement sur le mot, comme si ça changeait quelque chose au moment de payer. L’objectif officiel ? Financer des moyens supplémentaires pour les douanes : scanners dernier cri, embauches, contrôles renforcés. Parce qu’aujourd’hui, soyons honnêtes, à peine plus d’un colis sur mille est ouvert et vérifié.
500 millions d’euros. C’est la recette espérée chaque année. Autant dire que ça pèse dans un budget 2026 déjà sous tension. Et quand on sait que certains ménages commandent plusieurs dizaines de petits colis par an, ça commence à faire une jolie somme qui s’évapore.
Taxe ou redevance : la bataille sémantique qui cache la forêt
On nous ressort le grand classique : « Ce n’est pas une taxe, c’est une redevance proportionnée au service rendu. » J’ai presque envie de sourire. Parce que dans les faits, vous payez, que vous ayez été contrôlé ou non. Que votre colis contienne un jouet dangereux ou une paire de chaussettes toute bête. C’est fixe, c’est systématique, c’est automatique.
« Faire croire qu’avec 2 euros par colis on va soudain contrôler des centaines de millions de paquets, c’est prendre les Français pour des imbéciles. »
– Une voix de l’opposition, hier dans l’hémicycle
Et là, on touche le cœur du débat. D’un côté, ceux qui voient dans cette mesure un outil indispensable pour protéger le consommateur et les commerces locaux. De l’autre, ceux qui y voient surtout une nouvelle ponction sur le pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires, celles-là mêmes qui se rabattent sur les prix cassés quand le budget est serré en fin de mois.
Pourquoi maintenant ? Le grand rattrapage européen
Il faut le reconnaître, la France n’a pas inventé la poudre. L’Union européenne a acté il y a quelques jours la fin de l’exonération des droits de douane sur les colis de moins de 150 euros. Historiquement, tout ce qui valait moins de 22 euros échappait déjà à la TVA et aux droits de douane depuis des décennies. Résultat ? Une concurrence totalement déloyale pour nos boutiques physiques et nos sites européens.
La Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg ont déjà sauté le pas. La France sera dans le peloton de tête dès janvier, neuf mois avant la majorité des États membres. C’est presque un motif de fierté côté gouvernemental. « On protège nos commerçants, nos emplois, notre industrie », martèle-t-on dans les couloirs.
Les produits dangereux, l’argument massue
Difficile de nier le problème. Des jouets qui prennent feu, des cosmétiques bourrés de substances interdites, des chargeurs électriques qui explosent… La liste est longue. Et derrière chaque produit non conforme, il y a potentiellement un enfant ou un adulte en danger.
- Plus de 60 % des produits dangereux saisis en Europe proviennent de plateformes extra-européennes
- Des taux de non-conformité qui dépassent parfois les 80 % sur certaines catégories
- Un volume de colis qui a explosé : +300 % en cinq ans
Alors oui, renforcer les contrôles, c’est nécessaire. Personne de sérieux ne le conteste. La vraie question, c’est : est-ce aux consommateurs de payer la note ? Ne pourrait-on pas faire payer directement les plateformes qui profitent du système depuis des années ?
Le compromis de dernière minute qui a tout changé
C’est là que ça devient intéressant. Initialement, certains partis de gauche menaçaient de voter contre. Leur argument ? « Touchez aux plateformes, pas aux consommateurs. » Et puis, en pleine nuit, un amendement tombe : la taxe sera collectée via le circuit de la TVA, donc en pratique par les géants du e-commerce eux-mêmes.
Résultat ? Beaucoup ont retourné leur veste. Le texte passe à 208 voix contre 87. Seule une partie de l’opposition reste vent debout, dénonçant « une taxe sur la consommation populaire » et « un cadeau empoisonné aux classes moyennes ».
Et vous, ça va vous coûter combien concrètement ?
Petit calcul rapide, histoire de voir clair.
| Nombre de petits colis par an | Coût supplémentaire annuel |
| 10 colis | 20 € |
| 30 colis | 60 € |
| 50 colis | 100 € |
| 100 colis (les gros acheteurs) | 200 € |
Pour une famille modeste qui complète ses achats avec ces plateformes low-cost, ça commence à piquer. Et encore, je ne compte pas les éventuelles hausses de prix que certaines plateformes pourraient répercuter.
Les gagnants et les perdants de l’histoire
Clairement, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.
- Les douanes et l’État : +500 millions dans les caisses
- Les commerces physiques et sites européens : un peu moins de concurrence déloyale
- Les consommateurs modestes : une facture plus salée
- Les plateformes extra-européennes : elles paient, mais elles ont les moyens
L’aspect le plus intéressant, à mon avis ? Cette mesure arrive au pire moment pour le pouvoir d’achat. L’inflation est toujours là, les salaires peinent à suivre, et on rajoute une couche. Le timing est… audacieux, disons-le.
Et demain ? Vers une harmonisation européenne plus large ?
Ce qui se passe en France préfigure probablement ce qui arrivera partout en Europe d’ici fin 2026. D’autres pays risquent d’aller plus loin : certains parlent déjà d’une taxe proportionnelle au poids ou à la valeur, pas juste un forfait. D’autres envisagent des quotas de colis gratuits par an et par personne.
Une chose est sûre : le Far West du e-commerce extra-européen, c’est terminé. Ou du moins, ça se civilise. Reste à savoir si le remède ne sera pas pire que le mal pour une partie des Français.
Personnellement, je suis partagé. D’un côté, je comprends l’urgence de protéger les consommateurs et de rétablir un minimum d’équité. De l’autre… 2 euros, c’est peut-être peu pour certains, mais pour d’autres, c’est le prix d’un pain au chocolat ou d’un ticket de métro. Et ça, ça compte.
Et vous, vous en pensez quoi ? Cette taxe, nécessaire ou injuste ? N’hésitez pas à réagir, le débat ne fait que commencer.
