Vous souvenez-vous de l’ambiance il y a douze mois à peine ? Les clubs de l’élite masculine tremblaient, les droits télé s’effondraient et, comme toujours, les regards se tournaient immédiatement vers les sections féminines. On les voyait déjà comme les premières sacrifiées sur l’autel des restrictions budgétaires. Et pourtant… aujourd’hui, la réalité est tout autre. Le football féminin de club, en France, non seulement survit, mais il semble même prendre son envol.
Une crise qui devait tout emporter… mais qui n’a presque rien emporté
Reprenons depuis le début. Quand les grandes chaînes ont commencé à revoir leurs offres à la baisse pour le championnat masculin, l’inquiétude a été immédiate. Plusieurs clubs historiques avaient déjà réduit la voilure sur leurs équipes féminines. Certains parlaient même de fermetures pures et simples. J’ai encore en tête ces titres alarmistes qui tournaient en boucle : « Le foot féminin menacé de disparition ». Franchement, on y croyait presque.
Mais les chiffres, ces dernières semaines, racontent une histoire radicalement différente. Et c’est peut-être ça le plus surprenant : la résilience dont font preuve les structures.
Les budgets qui grimpent au lieu de plonger
Le constat est assez bluffant. Sur les trois dernières saisons, le budget moyen d’un club de Première Ligue a augmenté de près de 30 %. Oui, vous avez bien lu. Trente pour cent. À titre de comparaison, le sixième budget de la division il y a deux ans serait aujourd’hui… le dernier du classement. C’est dire le rythme.
« On a clairement passé le creux de la vague. Le championnat continue sa structuration et on sent que les clubs croient de nouveau au projet. »
– Un dirigeant de la ligue professionnelle féminine
Cette phrase, prononcée récemment, résume assez bien le sentiment général. On pensait toucher le fond, on est en train de remonter la pente plus vite que prévu.
Des partenaires qui restent fidèles au poste
Autre bonne nouvelle, et pas des moindres : les sponsors n’ont pas fui. Le naming avec l’entreprise de chimie a été prolongé jusqu’en 2028. Le diffuseur principal a signé jusqu’en 2029. Des marques de paris sportifs, des équipementiers, des jeux vidéo… tout le monde reste dans le bateau. Mieux, de nouveaux partenaires frappent à la porte.
- Subventions fédérales liées à la qualité de structuration des clubs
- Primes pour les centres de formation labellisés
- Aides spécifiques pour les infrastructures
- Programmes de développement commercial ciblés
Dans le paysage du sport féminin français, peu de disciplines peuvent se vanter d’un tel soutien financier direct. C’est presque un cas d’école.
Les stades se remplissent enfin
On parle souvent des affluences comme le baromètre ultime. Eh bien là aussi, la progression est nette. Par rapport à la saison 2023-2024, la fréquentation moyenne a doublé. Deux tiers des matchs se jouent désormais dans les grands stades habituellement réservés aux garçons. Fini les petits terrains annexes à moitié vides le dimanche après-midi.
Les clubs ont compris l’importance de l’événementialisation. Animations, fan zones, retransmissions sur écrans géants, rencontres avec les joueuses… tout est fait pour transformer un simple match en véritable spectacle familial.
Des infrastructures qui rattrapent leur retard
Petit détail technique qui a son importance : 100 % des pelouses sont désormais en gazon naturel ou hybride. Il y a encore cinq ans, ce n’était pas le cas partout. Les vestiaires, les salles de musculation, les espaces médicalisés… tout suit le mouvement. On est loin de l’image parfois véhiculée du foot féminin « amateur professionnel ».
Et l’équipe de France dans tout ça ?
Il faut être honnête : les résultats récents de la sélection nationale ne sont pas flamboyants. Trois quarts de finale consécutifs dans les grandes compétitions, c’est frustrant. Mais curieusement, cela n’a pas freiné la dynamique des clubs. Comme si le public avait appris à dissocier les deux niveaux. Le spectacle en championnat suffit à attirer du monde, même quand les Bleues déçoivent.
C’est peut-être même une bonne chose à long terme. Les jeunes filles qui remplissent les tribunes aujourd’hui regardent d’abord leurs idoles en club. Et ça, c’est nouveau.
Le modèle anglais fait toujours rêver
Évidemment, on ne va pas se mentir : nos voisins britanniques restent largement devant. Leurs affluences, leurs contrats télé, leur visibilité médiatique… il y a encore un gap. Mais la trajectoire française est encourageante. On réduit l’écart plus vite qu’on ne le pensait il y a deux ans.
« Les grandes entreprises sont attirées par nos valeurs. »
– Un président influent du foot féminin français
Cette phrase, lancée il y a quelques mois, prend tout son sens aujourd’hui. Les marques veulent s’associer à un sport en pleine croissance, porteur d’image positive et moins saturé que le masculin.
Quels risques pour demain ?
Tout n’est pas rose pour autant. La dépendance aux aides fédérales et aux sponsors reste forte. Si un jour le vent tourne vraiment dans le foot masculin, certains clubs pourraient de nouveau être tentés de couper dans le féminin pour équilibrer leurs comptes. C’est le scénario noir qu’il faut garder en tête.
Mais pour l’instant, la dynamique est positive. Les indicateurs sont au vert. Et franchement, après toutes les prédictions catastrophistes de l’an dernier, ça fait du bien de pouvoir écrire ça.
Ce que j’en pense, personnellement
J’ai suivi le foot féminin depuis plus de dix ans maintenant. J’ai vu les matchs dans des stades vides, les joueuses qui s’entraînaient sur des terrains en gravier, les budgets ridicules. Voir aujourd’hui des derbys qui remplissent des enceintes de 20 000 places, des gamines avec le maillot floqué de leur joueuse préférée… ça donne presque la chair de poule.
Le chemin est encore long, bien sûr. Mais pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression qu’on est sur la bonne voie. Et que, cette fois, ça pourrait durer.
Le football féminin français n’est plus un simple appendice du masculin. Il est en train de devenir un produit à part entière. Et ça, croyez-moi, c’est une petite révolution.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Le foot féminin est-il enfin sorti de l’ombre pour de bon ? Les commentaires sont ouverts, comme toujours.
