Vous souvenez-vous de l’ambiance des municipales de 2020 à Paris ? Cette sensation que tout pouvait basculer d’un jour à l’autre, ces tractations nocturnes, ces alliances qui se faisaient et se défaisaient en quelques heures… Eh bien, accrochez-vous, parce que 2026 s’annonce encore plus explosive. Et cette fois, c’est le camp socialiste qui vient de frapper un grand coup.
Jeudi soir, en toute discrétion – ou presque –, les militants socialistes parisiens ont validé l’intégralité des listes pour le scrutin de mars 2026. Dix-sept listes d’arrondissement plus la grande liste pour la mairie centrale. Tout est bouclé. Et quand on regarde de plus près ce qui a été décidé, on comprend vite que ce n’est pas qu’une formalité administrative. C’est un véritable tournant.
Un renouvellement massif qui fait déjà grincer des dents
Le chiffre circule depuis quelques jours, mais le voir officiellement entériné, ça change tout : 60 % de renouvellement parmi les élus sortants en position éligible. Autrement dit, plus d’un sortant sur deux a été gentiment – ou pas si gentiment – prié d’aller voir ailleurs.
Dans les couloirs du parti, on parle déjà de « nuit des longs couteaux version rose ». Des figures historiques, des adjoints en place depuis parfois quinze ans, des proches de la première heure se retrouvent soudain remerciés. Et pas toujours avec le sourire.
« On ne fait pas du neuf avec des vieux meubles », aurait lâché un proche du candidat en réunion interne.
Le message est clair : Emmanuel Grégoire ne veut plus être perçu comme le simple héritier. Il veut imprimer sa marque, son rythme, sa génération. Quitte à froisser quelques susceptibilités.
Pourquoi un tel grand ménage maintenant ?
La réponse tient en trois lettres : U-S-U-R-E. L’usure du pouvoir après vingt-cinq ans de mandat à gauche (de Bertrand Delanoë à Anne Hidalgo) est palpable. Les Parisiens reprochent souvent l’entre-soi, les habitudes, parfois une forme d’arrogance. Grégoire le sait. Il a vu les sondages. Il a senti le vent tourner.
En renouvelant massivement ses équipes, il espère incarner le changement… tout en restant dans la continuité idéologique. Un exercice d’équilibriste particulièrement délicat.
- Nouveaux visages issus de la société civile (professeurs, entrepreneurs, associatifs)
- Parité parfaite respectée partout
- Plus de diversité sociale et géographique (beaucoup plus de candidats venant des arrondissements populaires)
- Moins de cumulards et de professionnels de la politique
C’est presque un pari : montrer que le PS peut se réinventer sans renier ses valeurs.
Les absents qui parlent plus que les présents
Mais ce qui frappe peut-être encore plus, ce sont ceux qui n’y sont plus. Des noms qu’on pensait indéboulonnables se retrouvent sur la touche. Des adjoints en exercice, des présidents de groupe, des figures connues des conseils d’arrondissement… Tout le monde y passe ou presque.
Certains l’ont mal pris. Très mal. On murmure déjà que plusieurs exclus préparent leur revanche, parfois en discutant avec d’autres chapelles de gauche, parfois en menaçant de faire liste dissidente. Le genre de situation qui peut faire très mal au premier tour.
D’après mes informations, au moins trois arrondissements du nord-est parisien pourraient voir émerger des candidatures « socialistes historiques » concurrentes. Rien de confirmé encore, mais l’ambiance est électrique.
La stratégie derrière le grand coup de balai
Maintenant, regardons les choses en face : ce renouvellement n’est pas seulement cosmétique. C’est une arme stratégique.
En bouclant ses listes le premier, Grégoire met une pression énorme sur les autres forces de gauche. Les écologistes, les insoumis, le Parti communiste, Place publique… Tout le monde est désormais sommé de se positionner. Et vite.
« Premier arrivé, premier servi », résume un cadre socialiste avec un sourire en coin.
Le calcul est limpide : en affichant des listes renouvelées, rajeunies, diversifiées, Grégoire rend beaucoup plus compliquée toute tentative de rassemblement sur un autre nom que le sien. Qui voudra fusionner avec une liste perçue comme « vieille gauche » quand lui incarnera le renouveau ?
Et l’union de la gauche dans tout ça ?
C’est LA grande question. Tout le monde parle d’union dès le premier tour. Tout le monde la veut. Mais personne ne veut lâcher la tête de liste.
Grégoire a beau répéter qu’il est ouvert à la discussion, ses actes parlent plus fort : en validant ses listes complètes, il pose ses conditions. Traduction : l’union oui, mais derrière moi.
Du côté des écologistes, on grince déjà des dents. Certains verraient bien une personnalité issue de leurs rangs prendre la tête d’un large rassemblement. Côté insoumis, on oscille entre la volonté d’exister et la peur de se retrouver marginalisés.
- Scénario 1 : l’union se fait autour de Grégoire → victoire probable mais campagne terne
- Scénario 2 : plusieurs listes de gauche au 1er tour → risque réel de voir la droite l’emporter
- Scénario 3 : apparition d’une candidature surprise (un transfuge ? un outsider ?) → tout devient possible
Personnellement, je penche pour le scénario 2 si rien ne bouge d’ici janvier. L’ego a souvent pris le dessus sur la raison à gauche ces dernières années.
Ce que ça dit de l’état du PS parisien
Ce qui est fascinant, c’est de voir un parti qu’on disait moribond il y a encore cinq ans reprendre l’initiative avec une telle vigueur. Le PS parisien version 2025 ressemble de moins en moins à celui de 2014 ou 2020.
Il y a une forme d’audace, presque de culot, à trancher dans le vif comme ça. À assumer de mécontenter une partie de ses propres troupes pour tenter de reconquérir l’opinion.
Est-ce que ça va marcher ? Franchement, personne ne le sait encore. Mais une chose est sûre : Grégoire vient de faire le choix du risque calculé. Et en politique, c’est souvent ceux qui osent qui finissent par l’emporter.
Et la droite dans tout ça ?
Pendant que la gauche se regarde le nombril, la droite, elle, avance en ordre dispersé mais avec des ambitions intactes. Entre les listes officielles, les candidatures dissidentes, les appels du pied au centre ou plus à droite encore, le paysage reste très ouvert.
Le renouvellement massif à gauche pourrait paradoxalement profiter à la droite si jamais la division perdure. C’est tout l’enjeu des prochains mois.
Ce qu’il faut retenir
En une soirée, Emmanuel Grégoire a réussi à :
- Imposer son tempo à toute la gauche parisienne
- Faire parler de lui pendant des semaines (et on en parle…)
- Poser les bases d’une campagne qui se veut moderne et offensive
- Prendre le risque de fracturer son propre camp pour mieux le reconstruire
Les municipales 2026 à Paris viennent officiellement de commencer. Et quelque chose me dit que ça va être passionnant à suivre. Restez connectés, parce que les prochaines semaines risquent de réserver encore bien des surprises.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Ce grand renouvellement est-il une bonne chose ou un risque inutile ? Les commentaires sont ouverts.
