Franchement, quand on regarde le PSG écraser la Ligue 1 avec dix points d’avance mi-novembre, on se dit que tout va bien dans le meilleur des mondes. Et pourtant, il y a ce petit bruit de fond qui commence à devenir assourdissant : la défense parisienne n’est pas sereine. Pas du tout même.
Je ne parle pas seulement des blessures – même si elles pourrissent la vie de Luis Enrique depuis août – mais d’une forme d’insécurité collective qui apparaît dès qu’on gratte un peu. Contre le Bayern, on a tous vu ce qui s’est passé : une arrière-garde pourtant « au complet » qui a pris l’eau en seconde période. Alors, c’est quoi le vrai problème ?
Une défense type qui n’existe presque plus
Commençons par les chiffres, ils parlent d’eux-mêmes. Sur les 17 matchs officiels disputés cette saison, la défense Hakimi – Marquinhos – Pacho – Nuno Mendes n’a été alignée titulaire que cinq petites fois. Cinq. C’est à peine 30 %. Le reste du temps ? On bricole, on adapte, on prie.
Et quand je dis « on prie », ce n’est pas une image. Prenez le match contre Le Havre ce samedi : encore une fois, ni Hakimi ni Nuno Mendes. Résultat, on va probablement voir un pauvre latéral droit reconverti ou un gamin de la formation se retrouver face à des attaquants qui sentent le sang.
Les blessures : malchance ou mauvaise gestion ?
Alors oui, les blessures, on ne les contrôle pas complètement. Mais quand même. Hakimi et Nuno Mendes, les deux pistons stars, sont out depuis le 4 novembre. On nous parle de « lésions musculaires », de « protocole prudent ». Ok. Mais pourquoi ça tombe toujours sur les mêmes postes ?
J’ai l’impression – et je ne suis pas le seul – qu’on demande peut-être trop à ces deux-là. Le style Luis Enrique, c’est intense, très intense. Les latéraux parcourent parfois 13 kilomètres par match, montent très haut, redescendent à fond. C’est magnifique quand ça marche, c’est usant quand le calendrier s’enchaîne tous les trois jours.
- Hakimi : déjà plusieurs alertes musculaires ces dernières saisons
- Nuno Mendes : historique fragile (cuisse, ischio)
- Lucas Hernández : toujours pas revenu à 100 % depuis sa rupture des croisés
- Presnel Kimpembe : on en parle même plus…
À un moment, il faut se poser la question : est-ce que le staff médical anticipe assez ? Est-ce que la préparation physique est adaptée à ce football ultra-exigeant ? Ou est-ce qu’on sacrifie la santé des joueurs sur l’autel du beau jeu ?
Le cas Illia Zabarnyi : promesse ou pansement ?
Arrivé cet été en provenance de Bournemouth, l’Ukrainien de 22 ans est devenu, presque par défaut, le défenseur le plus utilisé par Luis Enrique. 15 titularisations toutes compétitions confondues. C’est énorme pour un joueur qui découvre la Ligue 1 et la Ligue des champions.
Le gamin est talentueux, ça crève les yeux : lecture du jeu, calme ballon au pied, bonne relance. Mais il reste jeune, et on lui demande parfois de porter toute la défense sur ses épaules aux côtés d’un Marquinhos qui n’est plus tout à fait le roc d’il y a deux ans.
« Illia apprend très vite, mais il a besoin de stabilité autour de lui. »
Un observateur régulier des entraînements
Traduction : il fait ce qu’il peut, mais il n’a pas encore les automatismes ni l’expérience pour organiser toute une défense à lui seul.
Willian Pacho : l’autre recrue qui divise
Pareil pour l’Équatorien arrivé de Francfort. Très bon en un-contre-un, rapide, propre techniquement. Mais là encore, on sent parfois des hésitations dans le placement, des duels perdus bêtement. Contre le Bayern, c’est lui qui se fait déposer sur le deuxième but. Dur.
Est-ce qu’on a recruté deux très bons défenseurs… mais pas forcément ceux dont le PSG avait besoin ? C’est la question que je me pose. Parce qu’au final, on a remplacé numériquement, mais pas forcément en leadership et en expérience.
Marquinhos : la fin d’un cycle ?
Et puis il y a le capitaine. À 31 ans, Marquinhos reste un monstre de régularité. Mais soyons honnêtes : il n’a plus tout à fait la même explosivité, la même lecture instantanée. Il compense par l’intelligence, l’expérience, mais quand il est esseulé face à des attaquants de classe mondiale, ça devient compliqué.
Je ne dis pas qu’il faut le mettre au placard, loin de là. Mais peut-être qu’il faudrait un vrai patron à côté de lui, un Sergio Ramos 2.0, quelqu’un qui hurle, qui organise, qui prend les coups. Là, on a deux jeunes très talentueux, mais personne pour les cadrer vraiment.
Luis Enrique : génie ou responsable ?
Maintenant, parlons du coach. Luis Enrique a transformé le PSG en machine offensive. Pressing haut, transitions rapides, spectacle permanent. C’est magnifique. Mais ce style expose forcément la défense. Quand tu joues avec les latéraux aussi haut, il y a des espaces énormes derrière.
Contre les petites équipes de Ligue 1, ça passe crème. Contre le Bayern ou l’Atlético, tu te fais punir. C’est mathématique. Alors oui, il adapte parfois, baisse un peu le bloc, mais son ADN reste offensif. Est-ce qu’il est prêt à sacrifier un peu de spectacle pour plus de solidité ? Rien n’est moins sûr.
Et maintenant ? Mercato d’hiver ou patience ?
Le club le dit en interne : on suit plusieurs profils expérimentés pour janvier. Un défenseur central avec du caractère, pourquoi pas. Mais est-ce que ça suffira ? Parce que le problème n’est pas seulement numérique.
Il y a aussi la question des automatismes. Une défense, ça se construit dans le temps. Or, avec les blessures à répétition, c’est mission impossible. On change de charnière tous les trois matchs. Comment voulez-vous créer des repères ?
Personnellement, je pense qu’il faudra au moins jusqu’à l’hiver prochain pour voir une vraie stabilité. D’ici là, il va falloir serrer les dents en Ligue des champions. Parce que si on prend encore des valises contre les gros, la belle histoire risque de tourner court.
Le PSG a les moyens de dominer l’Europe. Mais pour ça, il va falloir régler cette défense. Pas seulement avec des noms, mais avec du temps, de la patience et peut-être quelques ajustements tactiques. Luis Enrique en est capable. La question, c’est : en a-t-il envie ?
En attendant, samedi contre Le Havre, on croisera encore les doigts pour que ça tienne derrière. Parce que même quand on gagne 4-0, on sait tous que ça peut basculer très vite. Et ça, c’est nouveau au PSG version 2025-2026.
