Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller un matin en vous disant que la paix, cette évidence qu’on croyait éternelle, pourrait un jour nous filer entre les doigts ? Moi, oui. Récemment. Et je crois que je ne suis pas le seul.
Quand un haut gradé de l’armée française, tout juste nommé à la tête des forces armées, déclare publiquement qu’il faut se préparer à « perdre ses enfants » en cas de guerre, on ne peut pas rester indifférent. Ces mots, prononcés devant des centaines de maires, ont fait l’effet d’une bombe. Certains ont crié au scandale, d’autres ont hoché la tête en silence. Mais personne n’a pu ignorer la gravité du message.
Un discours qui ne passe pas inaperçu
Imaginez la scène. Un officier supérieur, droit dans son uniforme, face à un parterre d’élus locaux. Il ne parle pas de budget, pas de matériels, pas même vraiment de stratégie militaire. Non. Il parle à la Nation toute entière, comme un père parlerait à ses enfants avant une tempête annoncée.
Le message est simple, presque brutal dans sa franchise : on n’est plus vraiment en paix. Et si demain un conflit de haute intensité éclatait, il faudrait être prêt. Prêt à tout. Même au pire.
« Il faudra être capable de supporter des pertes, y compris parmi nos enfants. »
Général Fabien Mandon, chef d’état-major des Armées
Cette phrase, je l’ai relue plusieurs fois. Elle me glace le sang. Pas parce qu’elle est folle, non. Mais parce qu’elle est lucide. Trop lucide, peut-être, pour une société qui a vécu soixante-dix ans sans guerre sur son sol.
Pourquoi maintenant ?
La question qui brûle toutes les lèvres, c’est celle-ci : pourquoi ce discours maintenant ? Est-ce qu’on nous cache quelque chose ? Y a-t-il des informations classifiées qui justifieraient une telle mise en garde ?
Non, rien de tout ça. Ou en tout cas, rien de nouveau qui ne soit déjà sous nos yeux depuis des mois.
La guerre en Ukraine dure depuis bientôt quatre ans. Les frappes russes s’intensifient, les menaces nucléaires sont brandies régulièrement, les sabotages se multiplient en Europe, les discours de plus en plus agressifs viennent de l’Est. Et pendant ce temps, l’Europe, la France comprise, a longtemps cru que la paix était un acquis définitif.
Le général Mandon ne fait que dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas dans les états-majors : le risque n’est plus hypothétique. Il est réel. Et il grandit.
Le « réarmement moral » : plus qu’un slogan
Depuis plusieurs mois, on entend parler de réarmement moral de la Nation. Au début, ça sonnait comme une formule un peu pompeuse, un peu datée. Et puis on a compris. Ce n’était pas qu’un effet de manche.
Derrière ce terme, il y a une idée simple : une armée, aussi moderne et bien équipée soit-elle, ne peut rien si la population qui la soutient n’est pas prête à encaisser le choc d’un conflit majeur. Et nous, Français, élevés dans le confort de la paix, nous ne le sommes pas.
- Nous n’avons plus connu la guerre sur notre sol depuis 1945
- Le service militaire a été suspendu en 1997
- La culture de la résilience collective s’est peu à peu effacée
- Le mot « sacrifice » est presque devenu tabou
Le général ne demande pas aux Français d’aimer la guerre. Il demande juste qu’on arrête de vivre dans le déni.
Un chef militaire qui sort du cadre
Ce qui frappe aussi, c’est la liberté de ton. D’habitude, les militaires de haut rang pèsent chaque mot, restent dans les clous, évitent les polémiques. Lui, non. Depuis sa prise de fonction en septembre, il enchaîne les déclarations choc.
Il parle directement aux Français. Pas aux politiques, pas aux experts. Aux Français lambda. Comme s’il sentait que le temps des discours feutrés était révolu.
Et ça marche. Les gens écoutent. Même ceux qui critiquent la forme reconnaissent que le fond pose une vraie question : sommes-nous prêts, collectivement, à affronter ce qui pourrait arriver ?
Entre choc nécessaire et malaise palpable
Forcément, ça dérange. Parler de morts potentielles, de pertes, de sacrifices, dans une société qui valorise avant tout le confort et la sécurité individuelle, c’est violent. Certains y voient du défaitisme, d’autres une forme de propagande. Moi, j’y vois surtout une forme de respect.
Le respect de ne pas prendre les Français pour des enfants. De ne pas leur mentir par omission.
« Je préfère choquer aujourd’hui que devoir expliquer demain pourquoi on n’a rien dit. »
Cette phrase, il ne l’a pas dite textuellement, mais c’est tout comme. Et quelque part, elle résume tout.
Et nous, dans tout ça ?
La vraie question, maintenant, c’est celle-ci : qu’est-ce qu’on fait de ce message ? On le rejette en bloc parce qu’il est trop dur à entendre ? Ou on se regarde en face et on se demande ce qu’on est prêts à faire – ou pas – pour défendre ce en quoi on croit ?
Personnellement, je n’ai pas de réponse simple. Je suis père. L’idée que mon fils puisse un jour être concerné me retourne l’estomac. Mais fermer les yeux ne fera pas disparaître le danger.
Alors oui, le discours du général Mandon est rude. Oui, il dérange. Mais peut-être que c’est précisément ce dont nous avions besoin : un électrochoc. Pour sortir de l’endormissement. Pour se rappeler que la paix n’est jamais gratuite.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Êtes-vous prêt à entendre ce genre de vérité ? Ou préférez-vous qu’on continue à vous dire que tout va bien, même quand les signaux rouges clignotent de partout ?
Une chose est sûre : ce discours ne laisse personne indifférent. Et c’est déjà beaucoup.
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