Vous vous souvenez de l’été 1998 ? Ce France-Brésil en finale, cette ambiance de folie, ce maillot bleu qui brillait sous les projecteurs du Stade de France… Vingt-sept ans plus tard, l’histoire pourrait bien nous offrir un nouveau chapitre, mais cette fois sous le soleil de la Floride et le ciel gris de la Nouvelle-Angleterre. Parce que oui, les Bleus s’envolent pour les États-Unis en mars prochain. Et pas pour boire des cocktails sur South Beach.
Ils vont y affronter deux monstres sud-américains : la Colombie et le Brésil. Deux matchs amicaux, deux affiches de rêve, et surtout une première vraie répétition générale avant le Mondial 2026 qui se disputera… sur ces mêmes terres nord-américaines. Franchement, quand on m’a glissé l’info, j’ai d’abord cru à une blague. Et puis j’ai réalisé que c’était du très sérieux.
Une tournée qui sent déjà la poudre
Imaginez un peu le tableau. Fin mars, pendant que la plupart des Européens seront encore en train de râler contre la grisaille, nos Bleus poseront leurs valises à Miami. Le Hard Rock Stadium, temple du football américain, va se transformer en arène sud-américaine le temps d’un France-Colombie. Quelques jours plus tard, direction Boston, le Gillette Stadium, pour un France-Brésil qui promet déjà des frissons.
Sur le papier, c’est du lourd. Très lourd même. La Colombie, troisième des éliminatoires sud-américains, joue un football chatoyant, rapide, technique. Le Brésil version Carlo Ancelotti ? On en parle encore peu, mais l’arrivée du technicien italien sur le banc de la Seleção change déjà la donne. Et puis il y a cette symbolique : affronter les deux nations qui respirent le football comme personne avant de revenir y disputer une Coupe du monde, c’est un peu comme aller faire un stage chez les meilleurs pour mieux les battre plus tard.
Pourquoi partir si loin si tôt ?
La vraie raison, elle est simple : le Mondial 2026 se jouera aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Sept heures de vol, cinq ou six heures de décalage horaire selon les villes, une chaleur parfois écrasante, des pelouses différentes, un public ultra divers… Tout ça, il faut le vivre avant, pas le découvrir en phase de poules.
Didier Deschamps et son staff le savent mieux que personne. Se frotter à ces conditions dès mars, c’est prendre une longueur d’avance. C’est aussi l’occasion de tester des schémas, des rotations, peut-être même de lancer quelques jeunes dans le grand bain face à des adversaires qui ne font pas de cadeaux.
« Respirer l’air américain avec deux adversaires de prestige »
Philippe Diallo, président de la Fédération
Cette phrase résume assez bien la philosophie. On ne va pas là-bas pour faire du tourisme. On y va pour travailler, transpirer, et rentrer avec des certitudes.
Le calendrier qui fait grincer des dents
Maintenant, soyons honnêtes : tout le monde ne va pas applaudir des deux mains. Parce que cette fenêtre internationale tombe pile une semaine après les huitièmes de finale retour de Ligue des champions et une semaine avant les quarts aller. Autant dire que les clubs risquent de faire la tronche.
Sept heures de vol aller, autant au retour, cinq ou six heures de décalage, des matchs à haute intensité… Et derrière, il faudra enchaîner avec des chocs européens. Les préparateurs physiques des grands clubs ont déjà sorti leur calculette. Et je ne vous parle même pas des risques de blessures sur des organismes déjà bien sollicités en cette période de la saison.
- Joueurs qui reviennent fatigués ? Probable.
- Risques accrus de pépins musculaires ? Très probable.
- Clubs qui vont râler auprès de leurs fédérations ? À 200 %.
C’est le revers de la médaille. Le football moderne, c’est ça : des calendriers toujours plus denses, des intérêts parfois contradictoires entre sélections et clubs. Mais quand on est champion du monde en titre et vice-champion, on assume aussi d’avoir un statut qui attire les plus belles affiches.
Le tirage au sort, ce petit détail qui change tout
Il y a quand même une petite épée de Damoclès au-dessus de tout ça. Le tirage au sort de la Coupe du monde, prévu début décembre. Si la France et le Brésil sont tous les deux têtes de série, aucun risque de se retrouver dans le même groupe. Par contre, la Colombie n’a pas ce statut.
Et là, tout peut basculer. Si les Bleus héritent des Cafeteros dans leur poule en 2026, le match amical de mars pourrait sauter. Logique : personne n’a envie de se découvrir totalement six mois avant un choc officiel. Ce serait comme jouer ses cartes à découvert avant une finale de poker.
Du coup, tout reste suspendu à ces petites boules qui sortiront le 5 décembre. Un scénario à la russe, comme en 2018, où on avait évité le pire ? Ou un groupe relevé dès le départ ? Réponse dans quelques semaines.
Des retrouvailles et des premières
Ce qui est sûr, c’est que certains joueurs vont retrouver des saveurs particulières. Kylian Mbappé face au Brésil, c’est toujours un événement. On se souvient encore de ses accélérations folles en 2019 au Stade de France. Griezmann contre la Colombie, lui qui a tant vibré avec les Sud-Américains à l’Atlético.
Et puis il y a cette nouvelle génération qui rêve de se montrer. Un gamin comme Warren Zaïre-Emery ou Bradley Barcola pourrait vivre ses premières grandes émotions sous le maillot bleu face à des stars mondiales. C’est aussi ça, la beauté de ces matchs de prestige.
Miami, Boston : deux ambiances, deux enjeux
Miami, c’est la chaleur, l’ambiance latina, un public qui risque de pencher largement pour la Colombie. Boston, c’est plus nordique, plus rugueux, avec une communauté brésilienne énorme dans le Massachusetts. Deux matchs, deux atmosphères totalement différentes.
Et entre les deux ? Quelques jours pour récupérer, s’acclimater, travailler. Le staff tricolore va transformer cette tournée en mini-stage délocalisé. On imagine déjà les séances vidéo sur le décalage horaire, les ajustements d’horaires d’entraînement, les siestes stratégiques. Le haut niveau, c’est aussi ça.
Et si c’était le début d’une nouvelle ère ?
Ce qui me frappe, au-delà du sportif pur, c’est la dimension symbolique. Partir si tôt aux États-Unis, c’est poser un drapeau. C’est dire au monde entier : la France sera prête pour 2026. Prête à défendre son titre. Prête à écrire une nouvelle page.
Parce que oui, on parle beaucoup du Qatar 2022, de cette finale incroyable contre l’Argentine. Mais le temps passe vite. Dans quelques mois, une nouvelle campagne commencera. Et ces deux matchs de mars pourraient bien être les premiers pas d’une équipe qui vise rien de moins que le triplé. Ambitieux ? Peut-être. Mais avec ce groupe-là, on a le droit de rêver.
Alors oui, les clubs vont râler. Oui, il y aura des fatigue accumulées. Oui, le tirage au sort peut tout changer. Mais franchement ? Quand on a la chance d’aller se frotter au Brésil et à la Colombie sur leurs terres d’adoption, on ne se pose pas trop de questions.
On prend son billet. Et on va vibrer.
Parce que le football, c’est aussi ça : des voyages, des défis, des émotions qui traversent les océans. Rendez-vous en mars. Quelque part entre Miami et Boston, l’équipe de France écrira peut-être les premières lignes d’une nouvelle légende.
