Imaginez la scène : on est en novembre 2025, la pluie fine tombe sur les pavés parisiens, et une députée, micro à la main sur un marché du 18e, balance tranquillement que non, vraiment, un socialiste à l’Hôtel de Ville en 2026, ce serait une très mauvaise idée. Le genre de phrase qui fait tousser dans les rangs de la gauche et qui, mine de rien, pourrait bien redistribuer toutes les cartes.
Cette députée, c’est Sophia Chikirou. Et elle ne fait pas semblant : elle est candidate, elle veut gagner, et elle est prête à jouer solo si besoin. Franchement, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu une telle envie de tout casser à gauche dans la capitale.
Une candidature qui change tout le paysage
Quand on parle des municipales parisiennes, on a souvent l’impression que c’est plié d’avance. Vingt-cinq ans de mairie rose-verte, un bilan qui divise, et pourtant, tout le monde pensait que la succession se jouerait gentiment entre les héritiers socialistes et écologistes. Et puis arrive Sophia Chikirou, avec son franc-parler et son envie de tout remettre à plat.
Ce n’est pas juste une candidature de plus. C’est un uppercut envoyé à ceux qui se voyaient déjà maire sans trop se fatiguer. Et le plus étonnant ? Elle y croit dur comme fer.
« Je veux gagner cette élection. Je peux être en tête de la gauche et, je l’espère, en tête du premier tour. »
Sophia Chikirou, novembre 2025
Quand on entend ça, on se dit : ok, elle ne vient pas faire de la figuration.
Pourquoi maintenant ? Pourquoi elle ?
Sophia Chikirou n’est pas une inconnue. Députée du nord de Paris depuis 2022, ancienne communicante de la France insoumise, elle a toujours eu le goût du combat politique sans concession. Mais se lancer à la conquête de la mairie de Paris, c’est un autre niveau.
Elle explique simplement qu’après plus de deux décennies de gestion socialiste puis rose-verte, Paris a besoin d’un renouvellement profond. Et selon elle, ce renouvellement ne viendra pas des appareils traditionnels, trop usés, trop compromis.
En clair : elle estime que la gauche « gestionnaire » a fait son temps. Et elle n’a pas peur de le dire haut et fort.
Le grand tabou explosé : « Pas de socialiste maire »
La phrase choc, celle qui a fait bondir tout le monde, c’est celle-là :
« Il ne faut pas qu’un socialiste soit maire de Paris. »
Dans n’importe quelle autre ville, ça passerait presque inaperçu. À Paris, c’est une déclaration de guerre. Parce que depuis 2001, la mairie est tenue par le PS et ses alliés. Refuser qu’un socialiste revienne, c’est refuser la continuité, c’est dire que tout est à reconstruire.
Et pourtant, elle assume totalement. Pour elle, la page Hidalgo (et tout ce qu’elle représente) est tournée. Définitivement.
Un bilan qui pèse lourd dans la campagne
Difficile de parler de Paris sans parler propreté, circulation, sécurité, coût de la vie. Et sur tous ces sujets, une bonne partie des Parisiens est, disons-le, fatiguée.
Sophia Chikirou n’hésite pas à pointer du doigt ce qu’elle appelle l’écologie punitive, les pistes cyclables imposées sans concertation, les amendes qui pleuvent, les rues sales, les incivilités qui s’installent. Elle parle comme beaucoup de Parisiens parlent entre eux, dans le métro ou au café.
- Des trottoirs défoncés et jamais nettoyés
- Des embouteillages monstres à cause de travaux sans fin
- Un sentiment d’abandon dans certains quartiers populaires
- Des taxes et des amendes qui explosent
Elle ne dit pas que tout est noir, loin de là. Mais elle estime que la mairie a perdu le contact avec la réalité quotidienne des habitants. Et ça, beaucoup le pensent tout bas.
Sa stratégie : viser les abstentionnistes et fracturer la gauche
À l’heure actuelle, les sondages la placent autour de 12 % d’intentions de vote. C’est peu ? Non, c’est énorme quand on sait qu’elle part de zéro et qu’elle est seule contre tous les appareils de gauche réunis.
Son calcul est simple : la gauche parisienne est émiettée. Entre les socialistes, les écologistes, les restes d’Hidalgo, les petits candidats… personne ne domine vraiment. Elle mise sur une campagne de terrain intense, porte par porte, marché par marché, pour aller chercher ceux qui ne votent plus.
Et là, elle touche un point sensible : l’abstention à Paris est massive, surtout dans les quartiers populaires. Si elle arrive à mobiliser ne serait-ce que 5 à 10 % de ces abstentionnistes, elle peut créer la surprise.
Une campagne déjà très rythmée
Depuis le lancement officiel de sa campagne, elle enchaîne les réunions publiques, les distributions de tracts, les lives sur les réseaux. Elle parle sécurité, propreté, pouvoir d’achat, logement… des sujets concrets, loin des grandes théories.
Et surtout, elle n’évite aucun débat. Quand on lui reproche d’être clivante, elle répond qu’au contraire, elle remet du débat là où il n’y en avait plus. Parce que depuis des années, à Paris, tout semblait joué d’avance.
Et la droite dans tout ça ?
Évidemment, la question qui brûle tout le monde : est-ce qu’une victoire de Sophia Chikirou ferait le jeu de la droite ou du centre ? Elle balaie l’argument d’un revers de main. Pour elle, le vrai risque, c’est de continuer comme avant. Le vrai risque, c’est l’immobilisme.
Et puis, soyons honnêtes : avec quatre ou cinq listes à gauche au premier tour, le scénario d’une triangulaire ou d’une quadrangulaire au second devient très réaliste. Et là, tout peut arriver.
Un pari fou… ou visionnaire ?
On peut trouver Sophia Chikirou excessive, trop directe, trop confiante. On peut aussi se dire qu’elle est la seule, aujourd’hui, à oser secouer un système qui tourne en rond depuis trop longtemps.
En tout cas, une chose est sûre : les municipales 2026 à Paris ne seront pas une promenade de santé pour personne. Et quelque part, c’est plutôt une bonne nouvelle pour la démocratie locale.
Parce que quand une candidate arrive à faire trembler tout un échiquier politique avec une simple phrase, c’est que le vent est en train de tourner. Reste à savoir dans quelle direction.
Une chose est sûre : les huit prochains mois vont être passionnants à suivre. Et qui sait, peut-être que Paris, cette ville qu’on dit imprévisible, nous réserve encore de belles surprises.
À suivre, très attentivement.
