Vous est-il déjà arrivé de pester contre le voisin qui met la musique trop fort à 2 heures du matin ? La plupart du temps, on râle, on tape au plafond avec un balai, ou on appelle la police. Rarement on imagine que ça puisse finir devant une cour criminelle… et encore moins avec un cercueil. Pourtant, c’est exactement ce qui s’est passé à Metz en juin 2020.
Un jeune homme de vingt ans, Romain Schlick, passe la soirée chez des amis. Ils rient, écoutent de la musique, comme tant d’autres. En bas, une voisine s’agace. Elle prévient son compagnon. Lui décide d’aller « calmer » les fêtards. Trois copains le suivent. Et là, en quelques minutes, tout bascule.
Une rixe qui a coûté la vie d’un jeune de 20 ans
Ce vendredi 21 novembre 2025, la cour criminelle de la Moselle a rendu son verdict. Quatre hommes, âgés de 27 à 43 ans au moment des faits, ont été reconnus coupables de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Des peines lourdes : de 6 à 13 ans de prison ferme, avec mandat de dépôt immédiat. Ils sont repartis menottés.
Le principal accusé, le compagnon de la voisine excédée, écope de la sanction la plus sévère : 13 ans. C’est lui qui a déclenché l’expédition punitive. Les trois autres, venus « prêter main-forte », prennent entre 6 et 10 ans. Pour la procureure, le constat était clair : « Tout le monde a tapé sur Romain Schlick ».
Reconstitution : comment une plainte anodine a viré au drame
Retour en arrière. Nous sommes en juin 2020, dans un quartier résidentiel plutôt calme de Metz. Romain et ses amis profitent de l’appartement du dessus. Rien d’extravagant, mais assez de bruit pour que la voisine du dessous craque. Elle en parle à son conjoint, Matthieu N. (le prénom a été modifié dans les comptes-rendus). Celui-ci ne réfléchit pas longtemps : il monte, frappe à la porte, exige que ça s’arrête.
Les versions divergent sur la suite. Pour les amis de Romain, les quatre hommes auraient débarqué en mode commando. Coups de poing, coups de pied, même quand la victime était déjà au sol. Pour les accusés ? Ils jurent n’avoir fait que se défendre après avoir été agressés en premier. La justice, elle, a tranché : les coups portés collectivement ont provoqué la mort.
« Il est tombé, on a continué… mais on ne voulait pas le tuer » – parole rapportée d’un des accusés lors du procès
Des profils déjà connus des services de police
Si l’affaire a marqué les esprits, c’est aussi parce que les quatre condamnés n’étaient pas des enfants de chœur. Leurs casiers judiciaires parlent pour eux :
- Le principal mis en cause : plusieurs délits routiers graves.
- Un deuxième : trafic de stupéfiants.
- Un troisième : longue liste incluant vols, escroquerie et violences.
- Le dernier : stupéfiants, évasion, vol avec violence, outrage, violences conjugales…
On est loin du « gentil voisin » qui voulait juste dormir tranquille. La cour a visiblement pris en compte ces antécédents pour alourdir les peines, même si l’accusation n’a pas obtenu les 15 ans requis contre le meneur.
Violences en groupe : un phénomène qui inquiète
Cette affaire n’est malheureusement pas isolée. Ces dernières années, on voit de plus en plus de rixes qui dégénèrent pour des motifs futiles : un regard de travers, une place de parking, un « t’as un problème ? ». Et quand plusieurs personnes s’acharnent sur une seule, les conséquences peuvent être fatales.
J’ai couvert plusieurs dossiers similaires, et le schéma revient souvent : l’effet de groupe désinhibe. Chacun pense que « les autres » porteront la responsabilité. Résultat ? Des coups qui pleuvent de partout, sans personne pour dire stop. Romain Schlick en a fait les frais.
Les juges, eux, appliquent désormais la règle sans trembler : quand plusieurs personnes frappent et que la victime décède, tout le monde est responsable. Même ceux qui prétendent n’avoir donné « que deux coups ».
La famille de Romain, cinq ans après
Cinq ans et demi. C’est le temps qu’il aura fallu pour que justice soit rendue. Entre le drame et le verdict, les proches de Romain ont dû revivre la scène à chaque audience, entendre les accusés minimiser, nier, se rejeter la faute. Vous imaginez ?
À la sortie du tribunal, certains membres de la famille ont confié leur soulagement, mais aussi leur amertume : « 13 ans, ça ne ramènera pas Romain ». Et c’est là tout le paradoxe de ces affaires : aucune peine, aussi lourde soit-elle, ne comblera le vide.
Et nous, dans tout ça ?
On finit souvent ces articles en se disant « ça pourrait arriver à n’importe qui ». Et c’est terrifiant, parce que c’est vrai. Une soirée entre potes, un peu de bruit, une réaction disproportionnée… et une vie brisée.
Peut-être que cette histoire nous pousse, finalement, à deux réflexions toutes bêtes :
- Avant de monter « régler un problème » à plusieurs, on se pose trente secondes.
- Et quand on est jeune et qu’on fait la fête, on pense un peu aux voisins… ou on ferme les fenêtres.
Parce que derrière chaque tapage nocturne, il y a des êtres humains. Des fois calmes. Des fois… beaucoup moins.
Repose en paix, Romain.
(Note : tous les éléments de cet article sont issus des débats publics et du verdict rendu le 21 novembre 2025 par la cour criminelle de la Moselle. Aucune information privée n’a été divulguée.)
