Vous êtes déjà passé devant ces grands immeubles de bureaux un peu tristes le long de la Seine, dans le 13e arrondissement, et vous vous êtes demandé ce qu’ils allaient bien pouvoir devenir ? Moi oui, souvent. Et là, bingo : l’ancien siège d’une grande entreprise américaine va se transformer en quelque chose de vraiment utile pour les Parisiens. Pas en énième résidence de luxe ou en coliving hors de prix, non. En 438 logements étudiants sociaux. Franchement, quand on voit la galère que c’est de se loger quand on a 20 ans et trois francs six sous, ça fait plaisir.
Quand un immeuble de bureaux devient une bouffée d’oxygène pour les étudiants
Imaginez : un bâtiment des années 80, une dizaine d’étages, 11 000 m², qui se vide petit à petit parce que l’entreprise qui l’occupait décide de déménager ailleurs dans Paris. Classique. À ce moment-là, deux scénarios possibles : soit on reloue à d’autres boîtes, soit on vend. Et quand on vend, à Paris, vous savez très bien qui se pointe en premier avec le chéquier : les opérateurs de coliving qui sentent la bonne affaire à dix kilomètres.
Mais cette fois, la mairie a dit stop. Et pas qu’un peu. Le bailleur social CDC Habitat a raflé la mise et va transformer tout ça en résidence étudiante sociale, livraison prévue rentrée 2029. 438 studios de 20 m² environ, loyer plafonné sous les 400 €, avec kitchenette et salle de bain privative. Ajoutez à ça une salle de sport, des buanderies, un resto au rooftop (oui, un vrai resto, pas juste un coin micro-ondes) et même un espace de formation. Autant vous dire que si j’avais 20 ans aujourd’hui, je ferais déjà la queue.
Pourquoi la mairie a sorti l’artillerie lourde contre le coliving
À Paris, le coliving, c’est un peu l’ennemi public numéro 1 de l’équipe municipale actuelle. Pourquoi une telle haine ? Parce que derrière les jolis discours sur la « communauté » et les espaces partagés ultra-design, il y a surtout une réalité crue : des loyers qui explosent, souvent bien au-dessus de l’encadrement, et des investisseurs qui se gavent en contournant toutes les règles made in PLU.
« C’était la première des batailles. Et il y en aura d’autres. »
Un adjoint au logement particulièrement déterminé
Et là, sur ce projet précis, plusieurs offres de coliving étaient déjà sur la table. La banque propriétaire de l’immeuble avait le choix. Mais la ville a mis tout son poids dans la balance : préemption, discussions en coulisse, pression politique… Résultat ? Le coliving a perdu. Et 438 étudiants vont pouvoir respirer.
Un projet qui coche (presque) toutes les cases de la vertu écologique
On ne va pas se mentir, transformer un immeuble existant plutôt que de couler du béton neuf, c’est déjà une super nouvelle pour la planète. Mais là, ils ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Le projet « Seinergy » (oui, c’est son petit nom) promet une rénovation lourde : tout le cloisonnement intérieur, la plomberie, l’électricité, le chauffage… tout y passe.
Et la cerise sur le gâteau ? Une surélévation de trois étages entièrement en ossature bois. Du bois, pas du béton. Ça change tout en termes d’empreinte carbone. À la fin, on aura un bâtiment qui consomme peu, qui produit peut-être même une partie de son énergie (on croise les doigts), et qui montre qu’on peut faire du logement social sans faire n’importe quoi écologiquement.
- Rénovation complète des réseaux (eau, électricité, chauffage)
- Surélévation 100 % bois de trois niveaux
- Rooftop végétalisé avec restaurant universitaire
- Objectif : bâtiment basse consommation, voire énergie positive
438 logements, c’est beaucoup… ou pas assez ?
Allez, soyons honnêtes deux minutes. 438 studios, c’est énorme pour un seul projet. Si tout se passe bien, ça portera à 1 500 le nombre de logements étudiants créés sur l’année à Paris. C’est un record. Bravo. Applaudissements.
Mais quand on sait qu’il manque plusieurs dizaines de milliers de places en résidence étudiante dans la capitale, on redescend vite sur terre. C’est une goutte d’eau dans l’océan. Une très belle goutte d’eau, certes, mais une goutte quand même. Et pendant ce temps, les loyers dans le privé continuent de flamber, les marchands de sommeil se frottent les mains, et les parents mettent la main au portefeuille.
Ce projet est donc à la fois une immense victoire et un rappel cruel : on a encore tellement à faire.
Ce que ça dit de Paris en 2025
J’ai l’impression qu’on assiste à un vrai tournant. Pendant des années, la reconversion des bureaux vides se faisait surtout au profit du luxe ou de concepts marketing un peu creux. Là, pour une fois, la puissance publique remet la main sur le volant et impose une destination sociale et utile. C’est rare. Et ça fait du bien.
Est-ce que c’est reproductible à grande échelle ? Franchement, j’espère. Parce qu’il y a des milliers d’hectares de bureaux obsolètes en Île-de-France. Si on arrivait à en transformer ne serait-ce que 10 % en logements abordables (étudiants, familles, jeunes actifs), on changerait vraiment la donne.
Et les locataires actuels dans tout ça ?
Petit point important : l’immeuble n’est pas encore totalement vide. Quelques entreprises occupent encore des étages. Le bailleur l’a dit clairement : personne ne sera mis dehors du jour au lendemain. Des discussions vont s’engager pour organiser les départs en douceur. C’est la moindre des choses.
Le calendrier, parce que ça vous intéresse
- Dépôt du permis de construire : troisième trimestre 2026
- Début des travaux : probablement fin 2026/début 2027
- Durée du chantier : environ deux ans
- Livraison : rentrée universitaire de septembre 2029
Quatre ans, c’est long. Très long quand on dort dans un 9 m² à 900 €. Mais c’est le temps qu’il faut pour faire les choses correctement, surtout quand on touche à la structure et qu’on ajoute trois étages en bois. Patience donc.
En attendant, ce projet prouve une chose : quand la volonté politique est là, quand un bailleur social se bouge, et quand on met le coliving devant la porte, on peut encore faire des miracles à Paris. Et croyez-moi, on en a bien besoin.
Alors oui, 2029, c’est loin. Mais pour une fois, on a une bonne raison d’attendre.
