Il y a des matchs qui pèsent plus lourd que trois points. Des matchs où l’on sent, avant même le coup d’envoi, que quelque chose peut se briser définitivement. Samedi après-midi à Béziers, à 16 h 35, Montpellier reçoit Perpignan dans ce qui ressemble déjà à un tournant de saison. Onzième avec seulement six victoires en neuf journées, le MHR joue gros. Très gros. Et quand on dit « le MHR », on parle surtout de Joan Caudullo, de Benoît Paillaugue et de tout un staff qui sait que le chrono est lancé.
Un début de saison qui fait mal à la tête
Reprenons calmement. Montpellier reste sur une défaite à domicile contre Clermont, 7-9, un score de Pro D2 un soir de novembre pluvieux. Avant la trêve internationale, ça faisait déjà deux revers consécutifs. À l’extérieur, le MHR n’a toujours pas gagné. À la maison, deux défaites déjà. Et surtout, surtout : six petits points de retard sur la sixième place, l’objectif affiché en début de saison.
Quand on a été champion de France en 2022, quand on a les moyens financiers que l’on connaît, finir 11e à la mi-parcours, ça commence à faire beaucoup. Même pour un président réputé patient… ou du moins qui essayait de le devenir.
Mohed Altrad, l’homme qui veut des résultats rapides
On le sait, le patron du club a changé plusieurs fois de staff par le passé. Il y a deux ans, après le maintien arraché en barrage à Grenoble, il avait pourtant décidé de faire confiance à un projet 100 % maison : Joan Caudullo manager, Benoît Paillaugue responsable de l’attaque, un groupe d’anciens du club autour. Contrat de trois ans, discours sur la stabilité, tout ça.
Mais la neuvième place la saison dernière, puis ce début d’exercice catastrophique, ont tout remis en question. L’argent coule toujours, les recrues ont été choisies par le staff cette fois-ci, l’objectif phase finale est martelé partout. Résultat ? L’impatience est revenue au galop.
« Le président, il met de l’argent donc il veut des résultats, ce qui est normal. »
Joan Caudullo lui-même, avec une franchise désarmante
Et cette phrase, prononcée cette semaine, en dit long. Caudullo sait. Tout le monde sait.
Bernard Laporte au milieu du gué
Le directeur du rugby, lui, joue les pompiers de service. Il soutient publiquement le staff, mais il a aussi prévenu : il faut des points, et vite. On a même vu l’ancien sélectionneur du XV de France reprendre le survêt’ une matinée pour animer des ateliers attaque. Officiellement, c’était pour « casser la routine » après les vacances. Officieusement… tout le monde a vu l’image et s’est posé la question.
Laporte réfléchit déjà à des plans B, dit-on dans les couloirs. Et quand le directeur du rugby commence à réfléchir à des plans B en novembre, c’est rarement bon signe pour ceux qui sont sur le terrain tous les jours.
Les joueurs dans le flou… mais solidaires
Dans le vestiaire, on sent la tension. Billy Vunipola, le numéro 8 anglais, l’a résumé simplement cette semaine : « On veut que personne ne perde son job. » C’est touchant. C’est aussi révélateur. Les joueurs aiment leur staff, ils savent que la situation est fragile et que chaque plaquage raté, chaque turnover bête peut avoir des conséquences loin du terrain.
- Ils restent sur deux défaites.
- Ils n’ont pas gagné à l’extérieur.
- Ils ont déjà perdu deux fois à domicile.
- Ils sont à six points du top 6.
- Et ils affrontent la lanterne rouge… qui n’a plus rien à perdre.
Mathématiquement, tout reste possible. Psychologiquement, on est déjà dans le rouge.
Perpignan, l’adversaire parfait… ou le pire piège
Sur le papier, l’USAP est l’équipe à battre. Un petit point en neuf journées, un staff déjà changé en cours de route, des joueurs qui doivent se battre pour leur survie en Top 14. Mais dans le rugby, on sait que les équipes dos au mur sont souvent les plus dangereuses.
Perpignan viendra sans pression, avec l’envie de montrer qu’ils ne sont pas morts. Et si jamais ils gagnent à Béziers ? Montpellier deviendrait officiellement la première équipe à perdre contre la lanterne rouge cette saison. Un symbole terrible.
« Si on ne gagne pas ce match, pour moi, on sort de l’objectif des six premières places. »
Joan Caudullo, qui a annoncé une semaine « mode phase finale »
Traduction : même le manager ne se cache plus. C’est maintenant ou jamais.
Et si ça bascule vraiment ?
On murmure déjà des noms. Des entraîneurs disponibles, des retours possibles, des pistes étrangères. Le président, dit-on, a déjà commencé à prendre des renseignements. Rien d’officiel, mais dans le rugby moderne, quand le milliardaire commence à bouger les lignes en novembre… ça sent le sapin pour quelqu’un.
Caudullo, lui, refuse la panique. Il parle de revanche, de plaisir à retrouver, de mentalité de phase finale dès ce week-end. Il assume totalement : il savait en signant que les résultats commandaient tout. Pas de syndrome de l’imposteur cette année, dit-il. Juste la réalité brutale du très haut niveau.
Moi, je trouve ça presque courageux. Dans un monde où tout le monde se cache derrière des discours lisses, entendre un manager dire cash : « Oui, je peux sauter si on perd encore », ça change. Ça humanise aussi la pression énorme qui pèse sur ces mecs.
Ce qu’il faut retenir avant le coup d’envoi
- Un club historique qui n’a plus fait les phases finales depuis son titre 2022.
- Un président qui a appris la patience… mais qui a ses limites.
- Un staff maison sous contrat longue durée… mais déjà sur un siège éjectable.
- Un adversaire désespéré qui jouera sa saison en 80 minutes.
- Un stade de Béziers qui risque de ressembler à une cocotte-minute.
Samedi, il ne s’agira pas seulement de rugby. Il s’agira de survie. Celle du projet Caudullo, celle de la crédibilité du club, celle d’une certaine idée du rugby montpelliérain. Une défaite, et la saison peut basculer dans le chaos. Une victoire large, et tout redevient possible.
Dans tous les cas, on saura très vite à quoi s’attendre pour la suite. Parce qu’en Top 14, quand novembre sent déjà la poudre, décembre peut sentir le soufre.
Allez, on croise les doigts pour que le rugby reste sur le terrain. Mais une chose est sûre : à 18 h 10 samedi, il y aura des gens soulagés… et d’autres qui commenceront à faire leurs valises.
