Vous souvenez-vous de cette nuit de janvier 2024 où des centaines de voitures sont restées bloquées plus de dix heures sur l’autoroute ? Moi oui, très bien. J’étais dans le lot, avec un sandwich triangle et une bouteille d’eau pour seule compagnie. Depuis, chaque fois que la météo annonce neige ou verglas, je ressens ce petit pincement au ventre. Et ce soir, samedi 22 novembre 2025, c’est encore le grand jour : une bonne partie du pays va se retrouver sous un manteau blanc, parfois suivi de ce traître de verglas qui transforme n’importe quelle route en patinoire. Alors avant de sortir, prenons cinq minutes – vraiment cinq – pour éviter de revivre le cauchemar.
Neige et verglas : pourquoi c’est toujours plus sérieux qu’on ne le croit
On a tous déjà rigolé en voyant la panique générale dès les premiers flocons. Et puis un jour, on se retrouve à 10 km/h sur l’autoroute parce que le moindre coup de frein fait partir la voiture en travers. La neige, c’est joli sur les cartes postales. Sur la route, c’est une autre histoire. Et le verglas ? C’est la version ninja : invisible et implacable.
Ce week-end, les quantités prévues ne sont pas historiques, 1 à 7 cm selon les coins, mais l’association neige + redoux + pluie verglaçante dans la nuit, c’est le cocktail parfait pour transformer un trajet banal en galère mémorable. Alors on va faire simple : on passe en revue tout ce qu’il faut savoir, sans blabla inutile, mais avec le maximum d’astuces qui m’ont personnellement sauvé la mise plus d’une fois.
En voiture : la check-list que je fais religieusement avant chaque départ hivernal
La première règle, et je pèse mes mots, c’est reporter le déplacement si c’est possible. Un anniversaire ? Une soirée ? Ça attendra demain. Votre vie, non.
Mais parfois, on n’a pas le choix. Alors voilà ce que je vérifie, dans l’ordre :
- L’état du trafic en temps réel (les applis des gestionnaires d’autoroutes sont plus fiables que jamais)
- Les arrêtés préfectoraux : certaines routes ou portions d’autoroute peuvent être fermées aux poids lourds ou équipées obligatoirement
- Le niveau de carburant ou de batterie : on ne plaisante pas avec l’autonomie quand on risque de poireauter des heures
Ensuite, l’équipement. Les pneus hiver, franchement, si vous habitez au nord de la Loire et que vous n’en avez pas encore, c’est le moment de sérieusement y penser. La loi Montagne les rend obligatoires dans certaines zones, mais même ailleurs, dès que la température descend sous 7 °C, ils changent la vie. J’ai roulé avec et sans : la différence est hallucinante, surtout au freinage.
Et si vous n’avez pas de pneus hiver, les chaussettes ou chaînes doivent être dans le coffre, pas au garage. Je les ai montées une fois en 5 minutes sur le bas-côté, sous la neige : c’est faisable, mais nettement plus agréable quand on s’est entraîné avant.
« Une voiture bien préparée réduit fortement le risque d’immobilisation ou d’accident. »
– Rappel officiel des autorités routières
Le kit de survie, je ne rigole plus avec ça non plus : couverture, eau, barres céréales, médicaments si vous êtes sous traitement, chargeur téléphone, gilet jaune, triangle, lampe frontale. Ça prend 10 cm dans le coffre et ça peut changer une nuit pourrie en simple anecdote.
Conduite sur neige et verglas : les gestes qui sauvent (et ceux qui envoient dans le décor)
Première chose : on oublie les limitations de vitesse habituelles. Sur neige tassée, 50 km/h c’est parfois déjà trop. Sur verglas, 30 km/h peut être encore dangereux. L’important, c’est la fluidité.
- Anticipez très loin : doublez, triplez les distances de sécurité
- Freinez en douceur, jamais en enfonçant la pédale
- Accélérez progressivement, sans à-coup
- Évitez ABS et ESP qui s’affolent si vous êtes trop brutal
- Allumez vos feux de croisement même en plein jour, et les antibrouillard si visibilité < 100 m
Petit truc que peu de gens connaissent : quand vous suivez une saleuse, restez bien dans ses traces. Le sel est déjà brassé, la route est moins glissante. Et surtout, ne doublez jamais une saleuse en action. C’est tentant quand elle roule à 40 km/h, mais c’est le meilleur moyen de se retrouver dans le fossé deux virages plus loin.
Et si jamais vous partez en glissade ? On regarde là où on veut aller, pas le mur. Le réflexe naturel est de fixer l’obstacle, c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire. J’ai testé (involontairement), ça marche.
À vélo en hiver : oui, c’est possible, mais pas n’importe comment
Je connais pas mal de courageux qui continuent le vélotaf même quand il gèle. Respect. Mais là, avec du verglas annoncé, je pose la question : est-ce vraiment raisonnable ?
Si vous n’avez vraiment pas d’autre solution, voici ce qui change tout :
- Pneus cloutés ou pneus hiver vélo (oui, ça existe et c’est génial)
- Pression plus basse pour maximiser l’adhérence
- Freinez avec le frein arrière en priorité
- Roulez encore plus lentement que d’habitude
- Éclairage au max : feux clignotants avant et arrière, gilet réfléchissant, bandes sur casque et sac
Et surtout, choisissez des itinéraires où les trottoirs sont dégagés ou où les voies cyclables ont été salées en priorité. Dans certaines villes, les services techniques font vraiment le job. Dans d’autres… eh bien, on prie.
À pied : le verglas, c’est là que ça fait le plus mal
Statistiquement, c’est pourtant à pied que l’on se fait le plus mal en hiver. Une cheville pétée sur un trottoir gelé, ça arrive en une seconde et ça vous pourrit six mois.
Mes astuces de piéton nordique (j’ai passé quelques hivers en Scandinavie) :
- Chaussures avec vraie semelle crantée (les baskets lisses, on oublie)
- Petits pas, genoux légèrement fléchis, comme un pingouin (ça fait rire, mais ça marche)
- Bâton de marche pliable dans le sac si vous êtes fragile des chevilles
- Évitez les zones ombragées : le sel fond la neige au soleil, mais pas à l’ombre
- Marchez dans l’herbe ou la neige fraîche plutôt que sur un trottoir qui brille
Et si vous voyez une plaque de verglas noir (celui qu’on ne voit presque pas), faites le tour. Vraiment. Ça ne vaut pas le risque.
Ce que j’ai appris après dix hivers (et quelques frayeurs)
L’hiver, ce n’est pas une fatalité. C’est juste une saison qui demande un peu plus d’anticipation et beaucoup d’humilité. On n’est jamais aussi bon conducteur qu’on le croit quand la route se transforme en miroir.
Ce soir, je vais rester chez moi avec un thé et un bon livre. Demain matin, je sortirai les pneus hiver, je vérifierai la pression, je chargerai le kit de survie et je roulerai cool. Parce que oui, la neige, c’est beau. Mais arriver entier, c’est encore mieux.
Prenez soin de vous sur la route, à vélo ou à pied. Et si jamais vous devez absolument sortir ce soir, appliquez ne serait-ce que la moitié de ces conseils. Ça fera déjà une énorme différence.
Bon courage à tous, et que la route reste blanche… mais pas trop glissante.
