Vous savez cette sensation quand vous sortez du Stade de France avec la gorge en feu et les mains qui tremblent encore ? Hier soir, c’était exactement ça. 48-33 contre l’Australie, sept essais bleus, un festival offensif… mais aussi cette petite voix dans la tête qui se demande si on n’a pas simplement gagné un match de PlayStation en mode débutant. Parce que oui, c’était beau. Très beau même. Mais c’était aussi incroyablement fragile.
Je ne vais pas vous refaire le match minute par minute – vous l’avez vécu ou vous l’avez raté et vous pleurez encore. Non, ce qui m’intéresse, c’est ce qu’on retient vraiment de cette équipe de France version novembre 2025. Une bande de gamins surdoués qui jouent comme s’ils avaient inventé le rugby… et qui défendent parfois comme s’ils découvraient le concept de plaquage.
Une victoire qui fait du bien, mais qui pose question
Commençons par le positif, parce qu’il y en a tellement que ça déborde. Les Bleus ont marqué sept essais. Sept. Contre l’Australie. Au Stade de France. En novembre. Sous la pluie. Ça, déjà, c’est énorme. Ça fait 48 points, le genre de total qu’on voyait plutôt du côté des All Blacks il y a quelques années. Et surtout, ça clôture cette tournée d’automne sur une note joyeuse après les deux matchs précédents qui nous avaient laissé un goût amer.
Mais soyons honnêtes deux minutes : les Wallabies ont marqué cinq essais. Cinq. Dont certains beaucoup trop faciles. On a vu des boulevards, des oublis de plaquage, des défenseurs qui regardent le porteur de balle comme s’il était un touriste perdu dans le métro. Résultat ? Un score final flatteur qui cache une réalité plus nuancée.
Louis Bielle-Biarrey, la fusée qui change tout
Alors oui, parlons-en de Louis Bielle-Biarrey. Parce que franchement, le gamin est en train de devenir un phénomène. Hier soir, il a encore fait parler la poudre. Un essai magnifique : accélération fulgurante, coup de pied à suivre parfait, crochet intérieur, finition comme un vieux briscard. Le tout à 22 ans.
Ce qui impressionne le plus ? Sa capacité à répéter les efforts à très haute intensité. Il court, il plaque (oui, même ça il le fait maintenant), il relance de partout. On a l’impression qu’il joue à 1,5x la vitesse des autres. Et quand il part, il ne part pas pour faire joli : il part pour marquer. Point final.
« Il est supersonique. Vraiment. Parfois je le regarde et je me dis qu’on a trouvé notre nouveau Vincent Clerc, mais en plus explosif. »
Un ancien international présent en tribune
Et le plus fou ? Il n’est même pas encore à son plafond. Loin de là.
Thomas Ramos, l’assurance tous risques
On sous-estime souvent à quel point Thomas Ramos est précieux. Hier, il a encore été énorme. Solide sous les hauts ballons, volontaire en défense, dangereux en attaque… et surtout, un essai personnel après une relance osée. Ajoutez à ça 7 transformations sur 8 et vous avez le meilleur scoreur de l’histoire du XV de France qui continue d’écrire sa légende.
Ce qui me marque le plus chez lui, c’est sa sérénité. Peu importe la pression, peu importe le contexte, il est toujours là. Quand le match bascule, quand ça chauffe, Ramos est celui qui garde la tête froide. Hier, c’est lui qui a remis les Bleus devant au pied à des moments clés. Indispensable.
Grégory Alldritt, le diesel qui finit en trombe
Grégory Alldritt a démarré doucement. Très doucement même. On l’a vu un peu en dedans en première période, quelques plaquages manqués, quelques ballons perdus. Mais comme toujours avec lui, c’est en deuxième mi-temps qu’il monte en température. Et là, plus personne ne l’arrête.
Portés puissants, plaquages destructeurs, leadership silencieux… Le capitaine a montré pourquoi il porte le brassard. Son essai en force en fin de match ? Le symbole parfait de son match : il met du temps à chauffer, mais une fois lancé, c’est un bulldozer.
Les notes complètes des Bleus
Allez, on passe aux notes. Subjectives, évidemment. Mais assumées.
- Ramos : 8/10 – Le patron derrière
- Bielle-Biarrey : 9/10 – Intenable, poètesque, décisif
- Alldritt : 7,5/10 – Diesel mais finit fort
- Dupont : 8/10 – Moins flamboyant qu’à l’accoutumée mais toujours aussi précieux
- Ntamack : 6/10 – En dedans, quelques erreurs, mais des éclairs
- Jelonch : 7/10 – Gros boulot en défense
- Cros : 7,5/10 – Partout, tout le temps
- Aldegheri : 8/10 – Très solide en mêlée
- Marchand : 7/10 – Bon en touche, moins en mêlée
- Fickou : 6,5/10 – Quelques oublis défensifs
- Danty : 7/10 – Percussions toujours aussi puissantes
- Penaud : 6/10 – Un essai mais trop discret
Moyenne d’équipe : environ 7,2/10. Ce qui est énorme… si on regarde seulement l’attaque.
Le problème défensif : ça devient inquiétant
Maintenant, parlons du gros éléphant bleu dans la pièce : la défense. Parce que marquer 48 points, c’est génial. En encaisser 33 contre l’Australie, c’est beaucoup trop. On a vu des séquences où les Wallabies ont traversé le terrain comme dans un entraînement. Des plaquages ratés, des mauvais choix, des oublis de replacement…
Est-ce que c’est un problème de système ? D’application ? De fatigue en cette fin de tournée ? Probablement un peu de tout. Mais ce qui est sûr, c’est que si les Bleus veulent viser le très haut niveau – comprendre : battre les All Blacks et Springboks en match couperet –, il va falloir régler ça. Et vite.
Parce que oui, on peut gagner des matchs en marquant 50 points. Mais on ne gagne pas de Coupe du monde comme ça.
Et maintenant ?
Ce match clôture la tournée d’automne 2025. Bilan : deux victoires contre le Japon, l’Argentine et l’Australie. Trois succès, trois matchs avec bonus offensif, beaucoup de spectacle. Sur le papier, c’est parfait.
Mais dans les têtes, il reste des questions. Cette équipe est-elle prête pour le Tournoi des 6 Nations ? Pour la Coupe du monde 2027 ? A-t-elle enfin trouvé son identité ?
Moi je crois que oui. Mais à condition de travailler. Vraiment travailler. Sur la défense, sur la discipline, sur la gestion des temps faibles. Parce que le talent, il est là. Énorme. Éclatant. Parfois même effrayant.
Ce groupe a tout pour marquer l’histoire. Il suffit maintenant de transformer l’étincelle en brasier maîtrisé.
Et vous, vous en pensez quoi ? Cette équipe vous fait rêver ou vous fait peur ? Dites-moi tout en commentaire, j’ai hâte de lire vos réactions après cette soirée complètement folle au Stade de France.
Allez les Bleus. Et rendez-vous en février pour le Tournoi. Ça promet.
