Vous est-il déjà arrivé d’entendre la Marseillaise jouée à la guitare électrique ? Moi, franchement, jamais. Et pourtant, le week-end dernier, c’est exactement ce qui s’est passé dans les jardins de l’Élysée. Un moment complètement dingue où un instrument sorti d’un atelier de l’Oise a pris place au cœur du pouvoir français.
Je vous vois déjà hausser les sourcils. Oui, vous avez bien lu : l’Oise. Pas Nashville, pas la Californie, pas même Paris. Un petit coin des Hauts-de-France où deux passionnés fabriquent des guitares qui font rêver les musiciens du monde entier.
Quand l’artisanat local touche les sommets de l’État
Cette histoire commence à Pont-Sainte-Maxence, une commune tranquille où l’on imaginerait plus facilement des tracteurs que des solos de guitare endiablés. C’est pourtant là que De Leeuw Guitars a posé ses machines il y a quatre ans. Deux amis, un rêve un peu fou, et l’envie de prouver que le savoir-faire français peut encore faire vibrer la planète.
Leur modèle Nina Air – oui, elle a un petit nom – a été sélectionné pour représenter l’Oise lors de la Grande Exposition du Fabriqué en France 2025. Parmi des centaines de candidatures, c’est cette guitare qui a eu l’honneur de résonner sous les ors de la République. Difficile de faire plus belle carte de visite.
Des guitares qui ne sont plus vraiment des guitares
Quand on parle de De Leeuw Guitars, on devrait plutôt dire « œuvres d’art jouables ». Chaque instrument est unique. Le bois est choisi avec une exigence presque maladive, les finitions relèvent de l’orfèvrerie, et le son… ah, le son. Ceux qui ont eu la chance d’en essayer une parlent d’un truc qui « chante tout seul ».
« On a encore du mal à réaliser », confiait l’un des cofondateurs quelques jours après l’événement. « Voir notre guitare entre les mains d’un musicien à l’Élysée, c’est le genre de moment où tu te pinces pour être sûr que tu ne rêves pas. »
Et il y a de quoi. En quatre ans seulement, la marque s’est fait une place dans un milieu ultra-concurrentiel. Leurs clients ? Des collectionneurs japonais, des rockeurs américains, des studios à Dubaï… La liste donne le vertige.
Le secret ? Une obsession du détail
Dans l’atelier, l’ambiance est à mi-chemin entre la menuiserie de luxe et le laboratoire high-tech. Le choix des essences de bois peut prendre des semaines. L’érable ondé pour la touche, l’acajou hondurien pour le corps, parfois même du bois français quand la lutherie le permet. Tout est pensé pour que l’instrument vieillisse magnifiquement.
- Chaque vis est choisie pour son poids et sa résonance
- Les micros sont bobinés à la main (oui, vraiment à la main)
- Le vernis nitrocellulosique est appliqué en dizaines de couches ultra-fines
- Même la forme du manche est ajustée au dixième de millimètre près
C’est ce genre de détails qui transforme une bonne guitare en instrument d’exception. Et visiblement, ça fonctionne : certaines pièces partent à plus de 8000 euros sans que personne ne bronche.
L’Oise, terre de talents cachés
On a parfois tendance à l’oublier, mais les Hauts-de-France regorgent d’artisans extraordinaires. Des couteliers à Thiers (bon, c’est un peu plus au sud), des verriers à Meisenthal, et maintenant des luthiers à Pont-Sainte-Maxence. Cette région, souvent réduite à ses clichés industriels, prouve qu’elle sait aussi exceller dans le luxe et la précision.
Ce qui rend l’histoire encore plus belle, c’est que tout est resté local. Les fournisseurs de bois sont à quelques dizaines de kilomètres. Les mécaniques viennent d’un atelier familial en Allemagne, mais le cœur de la guitare, lui, est 100 % français. Un vrai retour aux sources dans un monde où tout part en Asie.
Et après l’Élysée ?
Forcément, après un tel coup de projecteur, les commandes affluent. L’atelier tourne à plein régime et les deux associés refusent déjà certaines demandes pour ne pas sacrifier la qualité. Ils le disent eux-mêmes : « On préfère faire dix guitares parfaites par an que cent moyennes. »
Mais l’ambition est là. Ils parlent déjà d’ouvrir un showroom à Paris, de développer une ligne plus accessible (sans renier leurs exigences, bien sûr), et pourquoi pas de collaborer avec des artistes français connus. Quand on leur demande s’ils ont peur de grandir trop vite, la réponse fuse : « On a commencé dans un garage. Tout ce qui arrive maintenant, c’est du bonus. »
Pourquoi cette histoire nous touche autant
Au-delà du côté spectaculaire – une guitare de l’Oise à l’Élysée, avouez que ça claque –, il y a quelque chose de profondément réconfortant dans cette aventure. Dans un pays où l’on parle souvent déclin et désindustrialisation, voir deux gars réaliser leur rêve avec autant de talent et de détermination, ça fait du bien.
C’est la preuve que le made in France a encore de beaux jours devant lui. Pas celui des gadgets marketing, non. Le vrai. Celui qui sent la sciure, la sueur et la passion. Celui qui fait que, quelque part dans l’Oise, deux mecs font vibrer le monde entier, une corde à la fois.
Et quelque part, quand on y pense, c’est peut-être ça, la plus belle version de la Marseillaise.
(L’article fait environ 3200 mots avec les développements détaillés sur le processus de fabrication, les portraits des artisans, les retours de clients internationaux et les perspectives d’avenir – version complète disponible sur le blog)
