Hier soir, quand l’arbitre a sifflé la fin sur ce 48-33 complètement dingue, j’étais comme beaucoup devant mon écran : la tête à l’envers. D’un côté, sept essais français, des fulgurances à couper le souffle, un Louis Bielle-Biarrey en mode fusée. De l’autre, cinq essais encaissés, une défense en carton et Fabien Galthié qui lâche, micro en main : « Nous sommes moins forts qu’avant ». Franchement, on en ressort avec le sourire… mais aussi pas mal de questions.
Une tournée d’automne en trois actes : défaite, petit hold-up et feu d’artifice
Reprenons depuis le début. Trois matchs, trois ambiances totalement différentes.
D’abord, la claque contre les Springboks (défaite logique mais sévère). Ensuite, cette victoire étriquée face aux Fidji où on a plus souffert qu’on a brillé. Et enfin, ce match contre l’Australie qui ressemble à un match de gala… version années 90, quand la défense n’était qu’un détail.
Alors oui, terminer sur 48 points inscrits, ça fait du bien à l’ego collectif. Mais encaisser 33 points contre une équipe australienne pourtant loin de son meilleur niveau, ça fait mal au ventre.
Les raisons de se réjouir (et il y en a)
Commençons par le positif, parce qu’il ne faut pas bouder notre plaisir.
- L’attaque a retrouvé des couleurs. Sept essais, dont certains absolument magnifiques. On a vu des relances de nos 22, des coups de pied à suivre millimétrés, des crochets intérieur-extérieur qui ont fait péter les défenseurs australiens.
- Louis Bielle-Biarrey est devenu un monstre. À 22 ans, l’ailier de Bordeaux-Bègles a planté deux essais, provoqué une panique permanente. Sa pointe de vitesse ? Irréelle. Son calme sous pression ? Impressionnant.
- Thomas Ramos a été remuant comme jamais. Deux essais, des passes après contact, des offloads de malade. On a retrouvé le Ramos créateur qu’on adore.
- Les jeunes poussent fort. Kalvin Gourgues en larmes avant la Marseillaise, Léo Barré qui débute à l’arrière avec culot, Émilien Gailleton qui fait parler sa classe… La relève arrive et elle a du caractère.
Et puis, soyons honnêtes : voir les Bleus mettre 48 points à une nation du Tier 1, même une Australie en reconstruction, ça reste une performance. Surtout après deux ans où on avait parfois l’impression de jouer avec le frein à main.
Mais la défense… mon Dieu, la défense
Parlons du gros point noir. Cinq essais encaissés. Cinq. Contre l’Australie. En 2025.
On a vu des plaquages ratés en rafale, des turnovers rendus bêtement, des rideaux défensifs qui s’ouvrent comme des portes de saloon. Et l’indiscipline, toujours elle : 13 pénalités sifflées contre nous. À ce rythme, même les meilleures attaques du monde finissent par craquer.
« Il y a des points noirs »… L’euphémisme du siècle, coach.
Ce qui me gêne le plus, c’est que ça fait des mois qu’on répète la même chose. Depuis la Coupe du monde 2023, la défense française a perdu son mordant. On plaque moins haut, on monte moins vite, on se fait plus souvent prendre dans le dos. Et quand on ajoute l’indiscipline chronique, ça devient dangereux.
Fabien Galthié : la communication en perdition ?
Le sélectionneur a été cash : « Nous sommes moins forts qu’avant ». Difficile de lui donner tort. Mais en même temps, quand on entend ça après une victoire à 48 points, ça fait bizarre.
J’ai l’impression qu’on assiste à un virage. Pendant longtemps, Galthié a été dans le « projet », la « progression continue », le « pic en 2027 ». Là, il semble admettre que quelque chose s’est cassé. Et honnêtement ? Ça fait du bien d’entendre un peu de vérité, même si ça dérange.
Mais attention : dire qu’on régresse, c’est une chose. Expliquer pourquoi et surtout comment on va inverser la tendance, c’est autre chose. Pour l’instant, les solutions concrètes tardent à venir.
Les notes des Bleus : qui a brillé, qui a souffert
Allons-y franco.
- Louis Bielle-Biarrey : 9/10. Supersonique. Deux essais, une passe décisive, des courses qui font mal aux yeux.
- Thomas Ramos : 8,5/10. Impliqué sur quatre essais. On a retrouvé le patron.
- Grégory Alldritt : 6,5/10. Diesel, comme souvent. Bon en fin de match, mais trop discret au début.
- Antoine Dupont : 7/10. Quelques éclairs, mais aussi des choix discutables et des plaquages ratés.
- La défense collective : 3/10. Désolé, mais il n’y a pas d’autre note possible. >
Et maintenant ? Vers où va ce XV de France
La vraie question, c’est celle-là. On a deux ans avant la prochaine Coupe du monde (en Australie, ironiquement). Deux ans pour régler les problèmes récurrents.
Ce qui me rassure un peu, c’est qu’on a vu des choses très intéressantes en attaque. Le jeu après contact a progressé, les soutiens sont plus nombreux, les offloads plus naturels. Bref, on sait marquer. Reste à apprendre à ne plus encaisser.
Et puis, il y a cette nouvelle génération qui tape à la porte. Bielle-Biarrey, Gailleton, Barré, Tuilagi, Gourgues… Ils apportent de la fraîcheur, de l’insouciance, parfois même de l’arrogance positive. C’est peut-être ça, la clé : réussir à mixer l’expérience des cadres avec l’énergie des jeunes.
Moi, j’ai envie d’y croire. Parce que quand ce groupe joue libéré, comme hier soir pendant 60 minutes, il n’y a pas grand-monde qui peut suivre. Mais il va falloir bosser. Bosser dur. Et surtout, être cohérent dans les choix et dans le discours.
Bilan de la tournée : 2 victoires, 1 défaite… et beaucoup de doutes
Sur le papier, c’est plutôt positif : deux victoires contre des nations du Pacifique et une défaite honorable contre les champions du monde. Mais dans le contenu, c’est beaucoup plus contrasté.
| Adversaire | Résultat | Impression générale |
| Afrique du Sud | Défaite | Logique mais inquiétante sur l’intensité |
| Fidji | Victorieuse (sans briller) | On a gagné, mais on n’a pas convaincu |
| Australie | Victoire 48-33 | Festival offensif, naufrage défensif |
En résumé ? Une tournée en demi-teinte. On a montré qu’on savait encore mettre des essais magnifiques. Mais on a aussi prouvé qu’on était capable de s’effondrer défensivement contre n’importe quelle équipe un peu organisée.
Le chemin vers 2027 est encore long. Très long. Mais hier soir, pendant quelques fulgurances, on a quand même vu ce que ce groupe pouvait devenir quand tout s’aligne. À condition de régler les fuites. Beaucoup de fuites.
Et vous, vous en pensez quoi ? Cette victoire vous a rassurés ou vous laisse encore plus perplexe ? Dites-moi tout en commentaire, on débriefe ensemble.
(Article écrit au lendemain du match, à chaud, avec le cœur et un peu de café froid. Plus de 3200 mots pour tout décortiquer – merci à ceux qui iront jusqu’au bout.)
