Vous est-il déjà arrivé de rouler tranquillement le soir, et soudain, de sentir la voiture partir toute seule ? Ce petit frisson quand les pneus ne répondent plus, quand la route se transforme en patinoire sans prévenir. Dans l’Eure, dans la nuit du 22 au 23 novembre 2025, c’est exactement ce qui s’est passé pour plusieurs conducteurs. Et le résultat n’a pas été anodin : deux poteaux électriques pulvérisés, trois cents foyers dans le noir complet et une départementale fermée jusqu’au lendemain midi. Bref, une soirée dont on se serait bien passé.
Quand le verglas transforme une route tranquille en piège
Franchement, on le sait tous : dès que la température frôle zéro et qu’un peu d’humidité traîne dans l’air, la Normandie peut devenir plus glissante qu’une piste de karting huilée. Cette nuit-là, les conditions étaient réunies pour le pire cocktail hivernal. Routes noires, pas de sel répandu partout, et une petite couche de verglas invisible qui n’attendait que les premières roues pour montrer qui commande.
Entre 20 heures et minuit, les pompiers du département ont enchaîné les sorties. Une dizaine d’accidents rien que sur ces quelques heures. La plupart sans gravité majeure, heureusement. Mais deux d’entre eux ont eu des conséquences qu’on n’oublie pas de sitôt, surtout quand on se retrouve sans chauffage ni lumière un dimanche de novembre.
Premier choc près de Garennes-sur-Eure : trois jeunes dans le décor
Vers 22 heures, tout au sud du département, une voiture avec trois personnes à bord quitte la route et termine sa course contre un poteau en bois. Le choc est violent. Le poteau plie, les câbles se tendent, et paf, c’est la panne pour une vingtaine de maisons dans le secteur.
À l’intérieur du véhicule, deux jeunes sont légèrement blessés. Rien de dramatique, mais assez pour que les pompiers les emmènent à l’hôpital pour vérification. Le troisième s’en sort indemne. On imagine l’ambiance dans l’habitacle juste après l’impact : le silence lourd, le froid qui commence à rentrer, les gyrophares qui balaient la nuit… Ça calme.
Deuxième impact à Saussay-la-Campagne : 280 foyers touchés et une route coupée
Mais le clou du spectacle arrive plus tard, vers 1h30 du matin. Cette fois, c’est à Saussay-la-Campagne qu’une autre voiture percute un poteau, probablement pour les mêmes raisons : verglas traître et vitesse peut-être mal adaptée. Personne n’est blessé, ouf. Par contre, le poteau prend cher. Tellement cher qu’il menace de s’écrouler complètement sur la chaussée.
Résultat ? La départementale 316 est fermée dans les deux sens, et ce sont cette fois 280 foyers qui se retrouvent sans électricité sur trois communes : Saussay-la-Campagne, Le Coudray et Puchay. 280 familles qui se réveillent (ou qui ne dorment déjà plus) dans le noir et le froid. Frigo qui s’arrête, chauffage HS, téléphone qui cherche désespérément du réseau pour prévenir les proches… On a connu mieux comme nuit.
Quand un seul poteau tombe, c’est parfois tout un quartier qui plonge dans l’obscurité. Le réseau moyenne tension est fragile quand il s’agit de chocs violents.
– Un technicien habitué aux interventions hivernales
Pourquoi un simple poteau peut-il plonger autant de monde dans le noir ?
Beaucoup de gens l’ignorent, mais dans nos campagnes, le réseau électrique repose encore majoritairement sur des lignes aériennes accrochées à des poteaux en bois ou en béton. C’est pratique, moins cher à installer, mais ça reste vulnérable. Un choc un peu costaud, et c’est toute la ligne qui lâche.
Et quand on parle de 280 foyers sur trois communes différentes, c’est parce que le poteau endommagé se trouvait à un point stratégique du réseau. Un peu comme si vous coupiez l’artère principale d’une ville : tout le quartier en aval est touché. Les équipes d’urgence le savent bien, et c’est pour ça qu’elles ont sécurisé la zone en priorité avant même de penser à réparer.
- Un poteau en bois de 10-12 mètres peut supporter plusieurs tonnes de câbles tendus
- Une voiture lancée à 70-80 km/h libère une énergie colossale à l’impact
- Les câbles haute tension, même isolés, représentent un danger mortel s’ils tombent
- La réparation exige souvent une nacelle, un nouveau poteau et plusieurs heures de travail
Les routes de l’Eure, un terrain de jeu piégeux dès les premières gelées
J’ai grandi pas trés loin de là, et je peux vous dire une chose : dans le coin, dès que la température descend sous 2 °C la nuit, on sait qu’il faut sortir les pneus hiver ou lever le pied. Les routes départementales sinueuses, les champs ouverts qui laissent le vent charrier l’humidité, les ponts qui gèlent en premier… Tout est réuni pour que ça glisse sans prévenir.
Et cette année, l’hiver semble vouloir s’installer tôt. On n’est même pas en décembre et déjà les premières alertes verglas. Les saleuses tournent, bien sûr, mais elles ne peuvent pas être partout en même temps. Résultat : des portions de route qui restent traîtresses plusieurs heures.
Que faire quand on se retrouve sans électricité en plein mois de novembre ?
Concrètement, quand votre maison plonge dans le noir à 2 heures du matin et que le thermomètre extérieur frôle zéro, il y a quelques réflexes à avoir :
- Coupez le disjoncteur général pour éviter les surtensions au retour du courant
- Sortez les bougies et les lampes torches (et pensez à vérifier les piles avant l’hiver, hein)
- Gardez une porte de frigo ou congélateur fermée au maximum – ça tient 24 à 48 h selon les modèles
- Enfilez un gros pull et fermez les pièces inutilisées pour garder la chaleur
- Branchez votre téléphone sur une batterie externe ou dans la voiture si besoin
Et surtout, patience. Les équipes font souvent des miracles pour réalimenter tout le monde avant la nuit suivante.
Un retour à la normale prévu… mais jusqu’à quand ?
Pour le poteau le plus abîmé, celui de la D316, les techniciens ont annoncé une réparation complète pour la mi-journée ce dimanche. Le nouveau poteau a été livré dès le matin, et les équipes se sont relayées toute la nuit pour sécuriser et reconstruire. Vers 14 heures, la plupart des foyers ont retrouvé la lumière. Soulagement général.
Mais soyons honnêtes : avec les prévisions météo qui annoncent encore du gel dans les prochains jours, ce genre d’épisode risque de se reproduire. Et on le sait, chaque hiver amène son lot d’accidents liés au verglas dans nos départements ruraux.
Alors oui, on adore la beauté des paysages normands sous le givre. Mais derrière les cartes postales, il y a aussi cette réalité : quelques degrés en moins, et tout peut basculer très vite. Roulez prudemment, équipez-vous correctement, et gardez un œil sur les alertes météo. Parce que franchement, se retrouver sans électricité en plein hiver, c’est une expérience qu’on préfère raconter après coup plutôt que la vivre en direct.
Prenez soin de vous sur la route. L’hiver ne fait que commencer.
