Vous arrive-t-il parfois de vous demander si un cessez-le-feu, dans cette région du monde, n’est finalement qu’une simple parenthèse avant la prochaine explosion ? Hier encore, on pouvait presque y croire. Et puis, en un week-end, tout a basculé à nouveau.
Dimanche, le Premier ministre israélien a été on ne peut plus clair : Israël continuera à frapper, coûte que coûte, tant que le Hezbollah et le Hamas représenteront une menace. Pas de demi-mesure, pas de pause stratégique. Juste cette phrase lourde de sens : « Nous ferons tout le nécessaire ». Et quand on connaît l’homme, on sait que ce n’est pas une formule en l’air.
Un message sans ambiguïté devant le cabinet
Imaginez la scène. Réunion fermée, ambiance tendue. Benyamin Netanyahou se lève et balance, presque calmement, que l’armée va maintenir la pression sur tous les fronts. Le nord avec le Hezbollah, le sud avec le Hamas. Point final.
Ce qui m’a marqué, c’est le timing. À peine quelques semaines après la mise en place d’un cessez-le-feu fragile à Gaza, voilà que les violations s’enchaînent et que l’on parle déjà d’une nouvelle phase de confrontation. On dirait que personne n’a vraiment envie que ça s’arrête.
« Cette semaine, l’armée israélienne a frappé le Liban et nous continuerons à faire tout ce qui est nécessaire pour empêcher le Hezbollah de rétablir sa capacité de menace à notre égard. »
– Déclaration officielle rapportée dimanche
Le Hezbollah dans le viseur, encore et toujours
Au Liban, la situation est devenue électrique dès samedi soir. Une frappe ciblée dans la banlieue sud de Beyrouth, fief historique du Hezbollah. Objectif annoncé : neutraliser un cadre important de l’organisation. Résultat : un mort selon les autorités locales et une tension qui monte d’un cran dans tout le pays.
Ce qui est intéressant, c’est la précision chirurgicale revendiquée. On ne parle plus de bombardements massifs comme on a pu en voir par le passé, mais d’opérations coup de poing. Un message clair : on vous voit, on sait où vous êtes, et on peut vous atteindre quand on veut.
- Frappes nocturnes dans la Dahieh (banlieue sud)
- Objectif : hauts responsables et infrastructures militaires
- Conséquence immédiate : sirènes d’alerte dans tout Beyrouth
- Réaction libanaise : condamnation ferme mais sans surprise
Franchement, on sent que le front nord n’a jamais vraiment refroidi. Même pendant les négociations sur Gaza, Israël n’a jamais cessé de surveiller chaque camion qui franchissait la frontière syro-libanaise. Et pour cause : le réarmement du Hezbollah est une ligne rouge absolue.
Gaza : le cessez-le-feu déjà moribond ?
À Gaza, c’est le même scénario, version sud. Depuis l’entrée en vigueur de l’accord, les incidents se multiplient. Tentatives d’infiltration, tirs de roquettes sporadiques, et surtout, selon les autorités israéliennes, des mouvements suspects d’armes à l’intérieur même de l’enclave.
Samedi, l’armée a annoncé avoir éliminé un responsable clé du Hamas, présenté comme le logisticien en chef du mouvement. Son rôle ? Faire transiter armes et équipements du quartier général vers les unités combattantes. En clair : l’homme qui devait permettre au Hamas de se reconstruire plus vite.
« Il y a eu plusieurs tentatives de leur part de pénétrer dans notre territoire au-delà de la ligne jaune et d’essayer de blesser nos soldats. Nous avons déjoué cela avec beaucoup de puissance. »
Ce qui frappe, c’est le décalage entre le discours international – on parle encore de reconstruction, d’aide humanitaire – et la réalité sur le terrain. Pendant que certains négocient des millions d’euros d’aide, d’autres préparent déjà la prochaine manche.
Pourquoi maintenant ? Les raisons derrière l’escalade
On pourrait se dire : pourquoi reprendre si vite ? La réponse est à la fois stratégique et politique.
D’un côté, Israël estime avoir une fenêtre de tir idéale. Le Hezbollah est affaibli, le Hamas décimé militairement. Laisser passer du temps, c’est leur permettre de se réorganiser. C’est l’erreur que beaucoup reprochent d’avoir été commise après 2006 ou 2014.
De l’autre, il y a la dimension intérieure. On le sait, la popularité du gouvernement repose en grande partie sur la perception de fermeté face à la menace terroriste. Chaque opération réussie est un point politique. Chaque hésitation, une faiblesse exploitée par l’opposition.
- Empêcher le transfert d’armes iraniennes via la Syrie
- Neutraliser les capacités de production de roquettes
- Maintenir la pression psychologique sur les deux mouvements
- Préparer le terrain à d’éventuelles négociations plus favorables
Et la communauté internationale dans tout ça ?
Comme toujours, les réactions sont contrastées. D’un côté, les condamnations habituelles. De l’autre, une forme de résignation. On critique, on déplore, mais personne ne semble prêt à aller plus loin.
Ce qui est nouveau, c’est l’ombre du plan américain qui plane encore. Ce fameux projet de désarmement progressif du Hamas contre reconstruction massive de Gaza. Sur le papier, ça sonne bien. Sur le terrain, ça ressemble de plus en plus à une utopie.
Et pendant ce temps, les civils trinquent. Au Liban comme à Gaza, ce sont toujours les mêmes qui paient le prix fort. Des familles entières déplacées, des quartiers rasés, des enfants qui grandissent avec le bruit des drones pour berceuse.
Vers une nouvelle guerre multifronts ?
La grande question maintenant, c’est jusqu’où ça peut aller. Car si le Hezbollah décide de riposter massivement, si le Hamas parvient à relancer des tirs de roquettes coordonnés, on bascule rapidement dans autre chose.
Et là, même les plus optimistes commencent à douter. Parce qu’on a déjà vu ce film. Et il finit rarement bien.
Ce qui est sûr, c’est que la déclaration de dimanche n’était pas une simple mise en garde. C’était un avertissement. Le genre qui précède souvent les tempêtes.
Alors oui, on peut toujours espérer un retour à la raison, une médiation miracle, un geste d’apaisement. Mais franchement, entre nous, vous y croyez vraiment ? Moi, de moins en moins.
La seule certitude, c’est que dans cette partie du monde, la paix ressemble de plus en plus à une parenthèse. Et que quand elle se referme, elle le fait toujours dans le bruit et la fureur.
