Imaginez-vous, à 20 ans, enfiler un treillis pendant dix mois, toucher un salaire, apprendre à manier une arme ou à secourir en zone hostile, tout en sachant que vous avez choisi cette aventure. Pas de contrainte, juste l’envie de servir. Ça vous parle ? Moi, ça m’interpelle profondément. Parce que, mine de rien, la France est peut-être en train de vivre un tournant qu’on n’a pas vu venir depuis la suspension du service national en 1997.
Un service militaire qui renaît… mais en version volontaire
Le bruit court avec insistance : une annonce majeure pourrait tomber dès cette semaine. L’idée ? Un service militaire volontaire ouvert à la jeunesse française, pensé comme une réponse aux incertitudes géopolitiques qui s’accumulent aux portes de l’Europe. Dix mois, rémunérés plusieurs centaines d’euros, potentiellement jusqu’à 50 000 jeunes par an. Autant dire que l’on ne parle plus d’un simple gadget éducatif, mais d’un vrai projet stratégique.
Ce n’est pas sorti de nulle part. Depuis plusieurs mois, les états-majors planchent, les cabinets ministériels arbitrent, et le président lui-même a semé des indices gros comme des blindés. Souvenez-vous du 13 juillet dernier, devant les hauts gradés : il avait déjà évoqué la nécessité d’un « sursaut collectif » et d’un nouveau cadre pour que les jeunes servent la nation autrement.
Pourquoi maintenant ? Le contexte a changé, et pas qu’un peu
Regardons les choses en face : le monde n’est plus celui de la fin du XXe siècle. La guerre en Ukraine a rappelé qu’un conflit de haute intensité pouvait éclater à nos frontières. Les pays baltes, la Suède, la Finlande, la Norvège… tous ont soit conservé, soit rétabli une forme de service militaire, obligatoire ou fortement incité. Même l’Allemagne y songe sérieusement. Et nous ? On observe, on réfléchit, et visiblement, on agit.
Le chef d’état-major des armées l’a dit sans détour récemment : « De nombreux voisins réintroduisent un service national. » Sous-entendu : la France ne peut pas rester à l’écart indéfiniment. L’argument massue ? La résilience nationale. En cas de crise majeure, il ne suffira pas d’avoir 210 000 militaires d’active (l’objectif 2030). Il faudra une population capable de « tenir » longtemps. Et ça, ça ne s’improvise pas.
« Dans le monde où nous vivons, fait d’incertitudes, si nous voulons être en sécurité, il faut dissuader l’autre de venir. »
– Le président de la République, en marge du dernier G20
À quoi pourrait ressembler ce service volontaire ?
Les scénarios sur la table vont de 10 000 à 50 000 jeunes par an. Dix mois, ce n’est pas anodin : ça représente une vraie plongée dans la culture militaire, bien loin des deux semaines du Service National Universel (SNU) actuel, qui patine depuis 2019.
- Formation militaire de base (tir, secourisme, topographie…)
- Missions d’intérêt général (sécurité civile, environnement, santé…)
- Possibilité d’orienter vers la réserve opérationnelle
- Rémunération mensuelle (plusieurs centaines d’euros, le chiffre exact reste à préciser)
- Volontariat total : personne n’est obligé, mais ceux qui sautent le pas s’engagent sérieusement
L’idée, c’est aussi de créer un vivier de citoyens formés, prêts à être rappelés en cas de besoin. Un général de l’armée de Terre l’expliquait cet été : pour tenir dans la durée lors d’un conflit majeur, il faut de la masse. Et la masse, aujourd’hui, on ne l’a plus.
Le SNU dans tout ça : fin de partie ou simple évolution ?
Le Service National Universel, lancé en grandes pompes en 2019, n’a jamais vraiment décollé. Deux semaines de stage de cohésion, quelques journées de mission d’intérêt général… Sympathique, mais clairement insuffisant face aux enjeux actuels. Ses crédits ont été rabotés, sa généralisation repoussée sine die.
Beaucoup voient dans le futur service militaire volontaire une sorte de grand frère musclé du SNU. Voire son remplaçant. Les arbitrages qui tombent cette semaine devraient clarifier le sort du dispositif actuel. Personnellement, je parie sur une absorption : garder la marque SNU pour les mineurs, et créer une nouvelle voie exigeante pour les 18-25 ans.
Et la classe politique, elle en dit quoi ?
Forcément, ça fait réagir. À droite et à l’extrême droite, l’idée séduit plutôt. On évoque l’esprit de défense, la résilience, le sentiment patriotique. À gauche, c’est plus mitigé : certains préfèrent l’armée professionnelle pure, d’autres restent ouverts si c’est vraiment du volontariat.
- Les Républicains : plutôt enthousiastes, voient un moyen de renforcer la cohésion nationale
- Rassemblement National : favorable depuis longtemps à un retour sous les drapeaux, même en commençant par du volontaire
- Parti socialiste : prudence, on préfère l’armée de métier mais on ne ferme pas la porte
- Écologistes et Insoumis : silence ou critiques à venir, on attend de voir
Bref, le sujet transcende un peu les clivages habituels. Ce qui est assez rare pour être noté.
Ce que ça dit de notre société
Au-delà des aspects militaires, il y a une question de fond : quel lien voulons-nous entre les jeunes et la nation ? Pendant des décennies, le service national obligatoire jouait ce rôle de rite de passage, parfois mal-aimé, mais fédérateur. Depuis sa suspension, on cherche des substituts. Le SNU n’a pas pris. Va-t-on enfin trouver la bonne formule ?
Je discute souvent avec des lycéens ou étudiants. Beaucoup me disent : « Si c’était bien fait, utile, et que ça ouvre des portes après, pourquoi pas. » D’autres trouvent ça ringard. Mais globalement, l’idée d’un engagement concret, valorisé, rémunéré, séduit plus qu’on ne le croit. Surtout quand on leur explique que ça peut compter pour Parcoursup, pour certains concours, ou simplement pour le CV.
Et l’argent dans tout ça ?
Évidemment, ça coûte. Former, loger, équiper, payer des dizaines de milliers de jeunes, ça ne se fait pas avec des cacahuètes. Mais comparé au budget de la défense qui grimpe déjà vers les 3 % du PIB, c’est un investissement stratégique. Et puis, si ça permet d’éviter des drames plus tard, ça n’a pas de prix.
Certains chiffres circulent : plusieurs centaines de millions d’euros par an. Pas neutre, mais loin d’être insurmontable quand on voit ce que coûtent d’autres politiques publiques.
Et vous, vous signeriez ?
Franchement, la question mérite d’être posée. Moi, si j’avais 20 ans aujourd’hui, je serais tenté. Pas forcément pour l’aspect militaire pur, mais pour l’expérience humaine, la discipline, la découverte d’un monde que je ne connais pas. Et puis, dix mois, ça passe vite. Et ça laisse des souvenirs pour la vie.
Après, je comprends ceux qui trouvent ça dépassé. On n’est plus en 1914. L’armée d’aujourd’hui, c’est des drones, du cyber, de l’intelligence artificielle. Mais justement : qui va piloter tout ça demain si on ne forme pas les esprits dès aujourd’hui ?
Une chose est sûre : la décision qui s’annonce n’est pas anodine. Elle dit quelque chose de profond sur la France qu’on veut construire. Une France qui se prépare au pire pour vivre en paix, ou une France qui continue de croire que ça n’arrive qu’aux autres ?
Les prochains jours vont être passionnants à suivre. Et qui sait, peut-être que dans quelques mois, des milliers de jeunes Français choisiront, librement, de servir. Ce serait une petite révolution, douce et silencieuse. Mais une révolution quand même.
(Article mis à jour dès l’annonce officielle – restez connectés)
