Vous vous souvenez de ce frisson quand, il y a deux ans, on a vu les Bleus tomber d’un point face aux Springboks ? Moi oui. Très bien même. Et pourtant, aujourd’hui, j’ai presque envie de dire que c’était il y a une éternité. Parce que le rugby, ça va vite. Très vite. Samedi soir, en battant assez largement l’Australie au Stade de France, les hommes de Fabien Galthié se sont offert un cadeau empoisonné : une place parmi les six meilleures nations mondiales. Et ça change tout pour la Coupe du monde 2027.
Imaginez : dans dix petits jours, le 3 décembre à Sydney, les 24 équipes qualifiées vont être réparties dans six poules de quatre. Et grâce à cette victoire bonifiée, la France sera dans le chapeau 1. Autrement dit, on évite les monstres… sauf que le monstre, parfois, il est dans le chapeau juste en dessous.
Les chapeaux 2027 : une hiérarchie qui fait saliver (ou trembler)
World Rugby a dévoilé la composition officielle des quatre chapeaux. Et franchement, ça donne le tournis rien que d’y penser.
Le principe est simple : on prend le classement mondial du lundi suivant le dernier match international de novembre, et hop, on coupe en quatre tranches. Résultat ? Le chapeau 1 rassemble les six nations qui dominent la planète ovale en ce moment. Et la France y est. Cinquième nation mondiale, juste derrière l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre et l’Irlande, mais devant l’Argentine. C’est énorme.
Le chapeau 1 : le club très fermé des cadors
- Afrique du Sud (tenante du titre, double championne en titre)
- Nouvelle-Zélande (finaliste 2023, trois fois vainqueur)
- Angleterre (finaliste 2019)
- Irlande (actuel n°1 mondial par moments)
- France (5e, mais en pleine progression)
- Argentine (la surprise permanente du rugby moderne)
Être dans ce groupe, c’est la garantie de ne pas tomber sur un autre géant dès la phase de poules. On ne peut pas avoir les Springboks, les All Blacks ou les Irlandais dans notre groupe. C’est déjà un énorme soulagement.
Le chapeau 2 : là où ça devient très chaud
Et c’est là que ça se complique. Parce que l’Australie, pays hôte, n’est pas tête de série. Les Wallabies, malgré leur statut d’organisateur, pointent actuellement à la 9e place mondiale. Résultat ? Ils seront dans le chapeau 2. Et oui, ça veut dire qu’un France-Australie dès les poules est possible. Voire probable si la malchance s’en mêle.
Tomber sur l’Australie à domicile, dans une poule de la mort, ce serait le scénario cauchemar. Mais en même temps… quel meilleur moyen de prendre sa revanche après 2023 ?
À côté des Australiens, on retrouve d’autres clients très sérieux :
- Fidji (les artistes du jeu débridé)
- Écosse (toujours capable de battre n’importe qui un jour sur deux)
- Italie (en progrès constant)
- Galles (même en reconstruction, c’est du lourd)
- Japon (les Brave Blossoms, jamais faciles à jouer)
Autrement dit, même en étant tête de série, la France pourrait se retrouver avec un adversaire ultra-coriace dès le début de la compétition. Et chez eux, qui plus est.
Les chapeaux 3 et 4 : des invités surprise et des retrouvailles
Plus bas, ça devient presque exotique. Le chapeau 3 accueille des nations en pleine ascension :
- Géorgie (les Lelos, impressionnants depuis des années)
- Espagne (oui, l’Espagne !)
- États-Unis (le rugby qui monte outre-Atlantique)
- Uruguay (les Teros, toujours accrocheurs)
- Tonga (la puissance du Pacifique)
- Chili (les Condores, révélation récente)
Et le chapeau 4, c’est la fête des retrouvailles et des premières historiques :
- Samoa (toujours dangereux)
- Portugal (les Lobos, héros de 2023)
- Roumanie (de retour)
- Hong Kong (première qualification ever !)
- Canada (un habitué qui revient)
- Zimbabwe (pas vu en Coupe du monde depuis 1991 !)
C’est ça aussi, la beauté de ce nouveau format à 24 équipes : on revoit des nations qu’on avait presque oubliées, et on découvre des nouveaux venus. Le rugby devient vraiment mondial.
Un nouveau format qui change tout
Petit rappel pour ceux qui auraient loupé l’info : fini le Mondial à 20 équipes. Place à 24 nations, six poules de quatre, et surtout… des huitièmes de finale. Les deux premiers de chaque poule qualifiés directement, plus les quatre meilleurs troisièmes. Autrement dit, même une troisième place peut suffire. Mais attention : avec ce système, une grosse défaite peut couter très cher au classement des troisièmes.
En clair, les Bleus devront être réguliers. Pas le droit à l’accident industriel. On a encore en mémoire le quart contre l’Afrique du Sud en 2023… On sait que ça ne pardonne pas.
Et si le destin nous jouait un mauvais tour ?
On va être honnête deux secondes. Le pire scénario ? Tomber sur Australie (chapeau 2), Géorgie ou Tonga (chapeau 3) et Samoa (chapeau 4). Une poule de la mort à l’australienne, avec des matchs physiques à n’en plus finir, sous 35 degrés, devant 80 000 supporters en jaune. Franchement, ça fait peur.
Mais il y a aussi le meilleur scénario : Australie évitée, un chapeau 2 plus clément (Italie ou Japon), un chapeau 3 abordable (Uruguay ou Chili) et un chapeau 4 tranquille (Hong Kong ou Zimbabwe). Là, on sort premiers assez facilement et on arrive frais en quarts.
Entre les deux ? La réalité, probablement. Un mélange des deux. Comme toujours dans le rugby.
Ce que ça dit de l’état actuel du XV de France
Être dans le chapeau 1, ce n’est pas un hasard. C’est la récompense d’un travail de fond depuis 2019. La génération Dupont, Ntamack, Alldritt, Ramos… elle est en train d’entrer dans l’histoire. Et cette place chez les six meilleurs, elle valide tout ça.
Moi, ce qui me frappe, c’est qu’on n’est plus des outsiders. On est attendus. On est craints. Et ça change tout dans la tête des joueurs. On l’a vu contre l’Australie : même quand ça coince un peu en première mi-temps, on sait qu’on a les armes pour renverser la vapeur.
On n’a plus le droit à l’erreur. Mais en même temps… on n’a plus peur de personne.
C’est peut-être ça, la vraie différence avec 2023. On arrive en Australie avec le statut de prétendant sérieux. Pas juste d’outsider qui peut créer la surprise.
Rendez-vous le 3 décembre
Dans dix jours, on saura. Le tirage aura lieu à Sydney, en direct. Et là, on passera des spéculations aux certitudes. D’ici là, on peut rêver, craindre, espérer.
Moi, je vais me prendre un café et regarder le classement World Rugby pour la dixième fois de la journée. Parce que oui, on est fans. Et oui, on est déjà en 2027.
Allez les Bleus. Quoi qu’il arrive.
