Il y a des matins où, même dans la campagne normande trempée de novembre, on sent que quelque chose de grand se prépare. Un souffle différent dans l’air, un hennissement plus profond, un regard qui brille un peu plus que d’habitude. À l’écurie du Bois Doufray, on vit ça en ce moment. Et franchement, ça fait chaud au cœur.
Pierre Belloche, l’homme qui ne lâche jamais rien
Quand on parle de Pierre Belloche, on parle d’un gars qui a commencé en 2005 avec trois boxes et beaucoup de rêves. Vingt ans plus tard, l’Orne est devenue une terre de cracks pour lui. Roc Meslois qui bat la génération Ready Cash dans le Critérium des 5 ans, ça laisse des traces. Et puis il y a eu Horsy Dream, ce cheval hors norme qui a tout raflé : Elitloppet sous la pluie suédoise, Prix René Ballière en costaud, Prix de Ténor de Baune comme une formalité… Six Groupe 1, quand même. Pas le genre de palmarès qu’on oublie.
Mais le trot, c’est aussi ça : la gloire un jour, la galère le lendemain. Septembre 2024, tendinite au postérieur droit. Rideau. Plus de piste, plus de rêves de second Prix d’Amérique. Juste le silence et le travail de patience.
« Le voir revenir à l’écurie, c’est un vrai bonheur. Toute l’équipe revit. »
Pierre Belloche, avec cette simplicité qui le caractérise
Le Quinté du lundi 24 novembre : deux sérieux clients
Avant de rêver au grand retour, il y a le quotidien. Et ce lundi soir sous les lumières de Vincennes, Pierre Belloche dele deux pensionnaires qui ont largement leur mot à dire dans ce Prix de Bretagne ou plutôt dans le quinté du jour, un gros handicap sur 2850 mètres de la grande piste.
On ne va pas se mentir, quand un entraîneur sort deux chevaux dans la même course, c’est rarement par hasard. Cette année, l’écurie tourne à plein régime : 44 victoires déjà au compteur, un ratio qui fait pâlir pas mal de grosses structures. Alors oui, les deux partants du jour ont été préparés avec soin.
- Le premier a montré qu’il adorait la cendrée parisienne l’hiver dernier.
- Le second reste sur une sortie encourageante et descend de catégorie.
- Tous les deux ont le profil type du cheval capable de conclure dans les cinq.
Dans ces réunions de fin novembre, où le meeting d’hiver commence à prendre ses marques, chaque performance compte. Une bonne place lundi peut ouvrir des portes pour décembre et janvier. Pierre Belloche le sait mieux que personne.
Horsy Dream : et si c’était le début de la renaissance ?
Maintenant, parlons du vrai sujet qui fait vibrer tous les passionnés. Horsy Dream est de retour à l’entraînement. Pas encore à 100 %, bien sûr. Mais assez pour qu’on sente à nouveau cette électricité dans l’air. Vous savez, ce frisson quand on sait qu’un champion va peut-être reprendre sa marche en avant.
Une tendinite, c’est toujours long. Surtout quand on parle d’un cheval de 9 ans qui a déjà tout donné. Mais ceux qui connaissent Pierre Belloche vous diront : l’homme est patient et minutieux. Pas du genre à griller les étapes. Si le cheval trotte à nouveau le matin sur la piste en forêt, c’est que les nouvelles sont bonnes. Très bonnes même.
Personne n’ose encore parler de Prix d’Amérique 2026. Trop tôt. Mais dans le petit monde du trot, on commence à chuchoter. Et si… ? Et si le crack revenait plus fort ? On a vu des histoires comme ça. Des chevaux qu’on croyait finis et qui revenaient mettre tout le monde d’accord.
On ne remplace pas un cheval comme lui. On l’attend, c’est tout.
L’écurie du Bois Doufray, une histoire de passion familiale
Ce qui frappe quand on discute avec les gens qui connaissent bien la structure, c’est cette ambiance presque familiale. Pas de star-système, pas de communication tapageuse. Juste du travail, du sérieux et une vraie amour du cheval. Pierre Belloche élève, entraîne, suit chaque poulain depuis sa naissance. Quand on a vu naître Roc Meslois et Horsy Dream, forcément, le lien est différent.
44 victoires cette année, ce n’est pas un hasard. C’est le fruit d’un savoir-faire qui s’affine depuis vingt ans. Et même quand le crack est à l’arrêt, la machine continue de tourner. Preuve que l’écurie ne repose pas uniquement sur une star.
Mais soyons honnêtes : quand Horsy Dream remarchera sur la cendrée de Vincennes, ce sera un événement. Parce qu’un cheval capable de battre les meilleurs en Europe, à Solvalla comme à Vincennes, ça ne court pas les pistes tous les jours.
Le meeting d’hiver 2025-2026 : déjà des signes qui ne trompent pas
Novembre à Vincennes, c’est toujours un peu le début de la grande fête. Les lumières, le froid qui pique, l’odeur de la cendrée humide… Et déjà, les grandes écuries affûtent leurs armes. On a vu des performances impressionnantes ces dernières semaines, des jeunes qui montent, des anciens qui résistent.
Dans ce contexte, la présence de deux chevaux de Pierre Belloche dans le quinté du lundi prend une autre dimension. Ce n’est pas juste une course de plus. C’est un message : l’écurie normande est là, bien là, et elle n’a pas l’intention de faire de la figuration.
Et quelque part, dans un coin de la tête de tout le monde, il y a cette image : Horsy Dream, dans quelques mois peut-être, qui revient fouler la piste noire sous les projecteurs. Ce serait beau. Vraiment beau.
Alors oui, ce lundi 24 novembre, on regardera le quinté avec attention. On notera les performances, on analysera les chronos, on commentera les stratégies de course. Mais au fond, ce qu’on attend tous, c’est ce moment où l’on pourra enfin écrire : « Il est revenu. »
Parce que dans le trot, comme dans la vie, les grandes histoires ne meurent jamais vraiment. Elles prennent juste un peu plus de temps pour s’écrire.
Et celle d’Horsy Dream, je vous le dis, elle est loin d’être terminée.
