Vous êtes déjà resté bloqué quarante-cinq minutes sur le quai parce qu’un voyageur a oublié son sac à dos ? Moi oui, et franchement, on finit par maudire la planète entière. Huit fois par jour en moyenne, c’est le rythme actuel dans le réseau parisien. Un simple bagage oublié et hop, toute la ligne prend cher. Alors quand on entend que la régie veut assouplir les règles pour limiter les galères, on se dit : enfin ! Et puis on lit la suite… et là, ça coince sévèrement.
Un fléau qui n’en finit plus depuis la sortie du Covid
Reprenons depuis le début. Avant la pandémie, oublier ses affaires dans le métro restait l’exception. Depuis ? C’est devenu la routine. +27 % en un an, c’est énorme. Les raisons ? Personne n’a de réponse définitive. Peut-être les touristes de retour avec leurs valises cabine. Peut-être les télétravailleurs qui trimballent ordi, chargeur, thermos et qui, le nez sur leur smartphone, descendent à toute vitesse en laissant la moitié de leur vie sur la banquette.
Le résultat est là : huit signalements quotidiens, parfois plus. Et chaque fois, c’est le même cinéma. Arrêt total du trafic, évacuation, attente des chiens renifleurs, et seulement après, on respire. Une heure de retard facile. Sur la ligne E ou la 13 aux heures de pointe, croyez-moi, l’ambiance devient électrique.
Ce qui va changer concrètement dès l’an prochain
La préfecture de police a envoyé un courrier qui clarifie enfin ce qui mérite ou non le grand déploiement. En gros, deux cas de figure à partir de 2026 :
- Le bagage a l’air clairement louche (fils qui dépassent, inscription menaçante, bouteille de gaz visible…) → procédure maximale, déminage, tout le tralala.
- Le bagage ressemble à 99 % des sacs oubliés (valise classique, sac à dos, cabas de courses) → les trains continuent de circuler, mais la gare est sautée ou le train est détourné sur une voie de garage.
Objectif affiché : faire la différence entre un vrai risque et la simple étourderie. Sur le papier, ça se défend. En pratique, ça fait hurler.
Les syndicats montent au créneau… et ils ont des arguments
Je vais être franc : quand j’ai lu les réactions syndicales, j’ai d’abord levé les yeux au ciel. Et puis j’ai réfléchi deux minutes. Imaginez-vous conducteur de RER et qu’on vous dise : « Vas-y, passe à côté du sac noir abandonné, c’est bon, il a l’air gentil. » Sérieusement ?
« Qui peut garantir à 100 % qu’une grosse valise noire toute seule sur un quai ne contient pas un engin explosif ? Personne. »
Un délégué syndical FO particulièrement remonté
Et il n’est pas seul. Un autre syndicat appelle carrément les agents à refuser d’appliquer la nouvelle consigne le jour J. On parle de désobéissance ouverte. Ambiance.
Le plan Vigipirate est toujours au niveau « urgence attentat », rappelons-le. Dix ans après les attaques de 2015, la menace n’a pas disparu, loin de là. Alors oui, on veut du trafic fluide, mais pas au prix d’un risque assumé, non ?
Les usagers, eux, sont épuisés
De l’autre côté, il y a nous. Ceux qui prennent le métro tous les matins et qui n’en peuvent plus des messages « trafic interrompu pour bagage abandonné ». J’ai discuté avec plusieurs habitués à Châtelet ou Saint-Lazare : presque tout le monde trouve que ça devient n’importe quoi.
On nous rebat les oreilles avec les campagnes « N’oubliez pas vos affaires », les annonces sonores, les affiches partout. Résultat ? Toujours plus de sacs oubliés. À un moment, il faut bien trouver une solution qui ne transforme pas la moindre étourderie en cauchemar collectif.
« J’ai raté deux entretiens d’embauche à cause de ça. À la troisième fois, j’ai pris un Uber à 70 €. On va faire comment ? »
Une étudiante croisée à Gare du Nord
Les brigades cynophiles : la vraie solution déjà en place ?
Il y a un point positif qu’on oublie souvent : les équipes avec chiens renifleurs sont devenues ultra-réactives. Vingt maîtres-chiens tournent en permanence sur le réseau. Leur temps d’intervention a été divisé par deux en quelques années. C’est déjà énorme.
Mais même avec des chiens surentraînés, si on continue à tout bloquer dès qu’un sac est signalé, on n’y arrivera jamais. La nouvelle procédure mise justement sur cette rapidité : un contrôle visuel rapide, un chien qui passe en quelques minutes, et on sait à quoi s’en tenir.
Le fond du problème : qui paie les pénalités ?
Derrière les grands mots sur la sécurité, il y a aussi une réalité financière. Chaque interruption prolongée coûte cher en pénalités à la régie. Et devinez qui fixe ces pénalités ? La région, via Île-de-France Mobilités. Autrement dit, quand le métro est à l’arrêt trop longtemps, c’est l’argent public qui trinque.
Certains syndicats y voient la vraie raison de cet assouplissement : faire des économies plutôt que protéger réellement les gens. La direction jure que non, que la sécurité reste la priorité absolue. Mais avouez que ça laisse un goût bizarre.
Et demain ? Vers encore plus de souplesse ?
D’après mes informations, les ministères des Transports et de l’Intérieur ont lancé une mission commune pour revoir complètement les procédures nationales. Ce qui se prépare à Paris pourrait donc faire école ailleurs. On parle même, à moyen terme, de caméras intelligentes capables de détecter seules les comportements suspects ou d’objets abandonnés trop longtemps.
Mais en attendant la science-fiction, c’est bien avec des yeux humains qu’on va devoir juger si un sac est « probablement inoffensif ». Et ça, même avec la meilleure volonté du monde, ça reste un pari.
Mon avis perso, après avoir retourné le sujet dans tous les sens
Je comprends la fatigue des usagers, vraiment. Mais je comprends aussi les agents qui refusent de jouer à la roulette russe. Personnellement, je serais plus rassuré si on renforçait encore les effectifs cynophiles plutôt que de demander à un agent sur le quai de deviner ce qui se cache dans une valise.
Entre la fluidité du trafic et la sécurité absolue, il doit bien exister un entre-deux intelligent. Espérons que la mission nationale en cours saura le trouver. Parce que franchement, on mérite mieux que de choisir entre arriver à l’heure et arriver entier.
Et vous, vous en pensez quoi ? Vous seriez prêt à ce que le train passe à côté d’un sac abandonné pour éviter une heure de retard ? Dites-le moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
