Vous êtes-vous déjà demandé ce que cela fait de souffler cent bougies tout en continuant à vivre comme si on avait vingt ans de moins ? Moi oui, souvent. Et puis, un jour, j’ai croisé le chemin de Solange. Cette femme de l’Oise, qui fête aujourd’hui même ses 100 printemps, m’a littéralement scotché par son énergie. Franchement, on parle beaucoup des « super-centenaires », mais quand on en rencontre une en vrai, c’est autre chose.
Imaginez : elle habite toujours sa maison, seule, sans aide à domicile. Elle se chauffe encore au bois et au charbon dans une cuisinière qui a probablement vu naître plusieurs générations. Et pourtant, elle n’a pas l’intention de ralentir. « Lever le pied ? Jamais de la vie ! » Voilà le genre de phrase qui sort de sa bouche avec un sourire malicieux. Alors forcément, on se pose la question : mais quel est donc le truc ?
Une vitalité qui laisse tout le monde pantois
Dans le petit bourg de Mouy, tout le monde connaît Solange. Quand on prononce son nom, on entend souvent la même réaction : « Elle a 100 ans ? Impossible ! » Et pourtant, c’est bien réel. Le 24 novembre, elle a franchi ce cap mythique, et elle le fait avec une forme qui ferait rougir plus d’un quinquagénaire.
Ses proches eux-mêmes n’en reviennent pas. Sa fille, ses petits-enfants, tout le monde s’accorde à dire qu’elle défie toutes les statistiques. En France, on compte un peu plus de 30 000 centenaires. Mais combien d’entre eux vivent encore chez eux, sans assistance, et continuent à s’impliquer dans la vie de leur commune ? Très peu.
« On se demande parfois si elle ne va pas nous enterrer tous ! »
– Un membre de sa famille, mi-amusé, mi-admiratif
Une vie marquée par l’histoire avec un grand H
Solange est née en 1925. Faites le calcul : elle a connu la crise de 29 étant toute petite, la Seconde Guerre mondiale adolescente, la reconstruction, les Trente Glorieuses, Mai 68, la chute du mur de Berlin, l’arrivée d’Internet… Elle a tout vu, tout vécu. Et elle en parle avec une clarté impressionnante.
Pendant l’Occupation, elle se souvient des tickets de rationnement, des alertes aériennes, des voisins qui disparaissaient du jour au lendemain. Elle raconte ça calmement, presque comme si c’était hier. Cette génération-là a une résilience qu’on peine à imaginer aujourd’hui.
Après la guerre, elle s’est mariée, a élevé ses enfants, travaillé dur. Rien de bien extraordinaire sur le papier, et pourtant, cette vie « ordinaire » a forgé un caractère en acier trempé.
Le secret ? Bouger, s’impliquer, ne jamais s’ennuyer
On veut tous connaître la recette miracle, non ? Eh bien Solange ne fume pas, ne boit quasiment pas, mange de tout mais sans excès. Classique, me direz-vous. Sauf que ce n’est pas tout.
Ce qui frappe, c’est son besoin viscéral d’être utile. Pendant des décennies, elle a été une figure incontournable du milieu associatif local. Bénévolat, fêtes de village, aide aux personnes isolées… Elle n’a jamais arrêté. Même après 90 ans, elle continuait à organiser des goûters, à tricoter des écharpes pour les plus démunis, à rendre visite aux voisins.
- Se lever tous les matins avec un objectif, même minuscule
- Garder un cercle social vivant
- Continuer à apprendre (elle lit le journal tous les jours, religieusement)
- Marcher, jardiner, faire ses courses à pied quand c’est possible
- Ne jamais se plaindre « pour rien »
En gros, elle applique sans le savoir ce que les chercheurs appellent aujourd’hui les « blue zones » : ces régions du monde où l’on vit exceptionnellement vieux et en bonne santé. Sauf qu’elle n’a pas attendu les études scientifiques pour le faire !
Et la technologie dans tout ça ?
Vous pensez qu’à 100 ans on est forcément largué par le numérique ? Détrompez-vous. Solange n’a pas de smartphone (elle trouve ça « trop petit pour ses yeux »), mais elle regarde la télévision, suit l’actualité, pose mille questions à ses arrière-petits-enfants sur leurs « machins connectés ».
Elle n’est pas contre le progrès, elle est juste sélective. Ce qui l’intéresse, c’est ce qui rapproche les gens, pas ce qui les isole. Et franchement, on aurait tort de lui donner tort.
Pourquoi son histoire nous touche autant
Dans une société où l’on redoute le grand âge, où l’on parle sans cesse de dépendance et de maisons de retraite, Solange est une bouffée d’oxygène. Elle nous rappelle qu’on peut vieillir autrement. Pas forcément en faisant du sport intensif ou en suivant le dernier régime à la mode, mais simplement en continuant à vivre pleinement.
Son cas n’est pas unique, bien sûr. Il y a d’autres centenaires actifs en France. Mais ils restent l’exception. Et c’est peut-être ça qui rend son parcours si précieux : il prouve que c’est possible. Que le déclin n’est pas une fatalité.
« Tant que je peux marcher et penser, je continuerai. Après, on verra. »
– Solange, avec son légendaire franc-parler
Ce qu’on peut en retenir, concrètement
Alors oui, il y a une part de génétique – on ne va pas se mentir. Mais il y a aussi tout le reste. Et ça, c’est encourageant. Voici, en vrac, ce que j’ai personnellement retenu de cette rencontre :
- Cultiver le lien social comme on cultive un jardin : tous les jours, un peu
- Donner du sens à ses journées, même quand on est à la retraite depuis longtemps
- Accepter les limites quand elles arrivent, mais ne pas les anticiper
- Rire, souvent (Solange a un humour pince-sans-rire délicieux)
- Rester curieux, poser des questions, s’intéresser au monde
En partant de chez elle, j’ai repensé à ma propre grand-mère, à mes parents qui vieillissent, à moi-même dans quelques décennies. Et je me suis dit que finalement, le secret de Solange n’est pas si secret que ça. Il tient en une phrase qu’elle m’a glissée avant que je franchisse la porte :
« Il faut avancer, toujours avancer. Même lentement, même petitement. Mais avancer. »
Alors joyeux anniversaire, Solange. Et merci. Merci de nous montrer la voie, avec tant de classe et de vitalité.
Et vous, quel est le secret de longévité que vous avez observé autour de vous ? Partagez-le en commentaire, j’ai hâte de vous lire.
