Franchement, quand j’ai vu la composition d’équipe dimanche soir avant Lille – Paris FC, je me suis frotté les yeux. Kevin Trapp titulaire, encore. Pas à cause d’une blessure, pas à cause d’un turnover forcé, non : juste un choix pur et dur de Stéphane Gilli. À 35 ans, l’ancien portier du PSG se retrouve propulsé numéro 1 dans un club qui joue le maintien. Et pourtant, quand on regarde la prestation, on se dit que le coach n’a peut-être pas tort de secouer sa hiérarchie.
Un choix assumé qui surprend tout le monde
Cette saison, on avait pris l’habitude de voir Obed Nkambadio entre les poteaux du Paris FC. Le jeune international espoir, solide, explosif, promise d’un bel avenir. Et puis arrive Kevin Trapp, recrue surprise de l’été, présenté comme un leader d’expérience plus qu’un titulaire indiscutable. Sauf que les matchs passent et l’Allemand grappille du terrain.
Déjà titulaire contre Metz fin août (blessure de Nkambadio), puis à Monaco début novembre (turnover), il avait rendu une copie propre, surtout en Principauté où sa sérénité avait clairement pesé sur la victoire 1-0. Mais tout le monde pensait que c’était ponctuel. Que le gamin reprendrait sa place dès que possible. Eh bien non.
« J’ai senti cette semaine que Kevin nous apportait plus de sérénité »
Stéphane Gilli, entraîneur du Paris FC
La phrase est lâchée, cash, sans filtre. Pas de langue de bois. Gilli assume totalement d’avoir privilégié l’expérience et le calme olympien de Trapp face à un Lille en feu et un Olivier Giroud en mode Terminator.
Quatre buts encaissés… mais combien d’arrêts décisifs ?
Oui, le score final fait mal : 4-2. Oui, Trapp finit avec quatre ballons ramassés au fond des filets. Mais ceux qui ont regardé le match savent que sans lui, ça aurait pu être un carnage bien plus lourd.
17e minute : parade réflexe sur Perraud. 23e : main ferme sur une tête de Giroud. 41e : détente féline sur un centre-tir vicieux de Correia que tout le monde voyait au fond. 45e : encore une parade énorme sur Igamane. Et je ne parle même pas des sorties aériennes impeccables ou du penalty qu’il frôle du bout des gants (même si Giroud le transforme quand même).
À la fin, les trois derniers buts arrivent sur des coups de pied arrêtés : deux penalties et un corner mal défendu. Dur de tout mettre sur le dos du gardien quand la défense se troue autant sur phases arrêtées – un mal récurrent cette saison au Paris FC, soyons honnêtes.
Trapp vs Nkambadio : des profils radicalement différents
C’est là que ça devient passionnant. On n’est pas juste dans une histoire de « qui est le meilleur ». On est face à deux philosophies.
- Obed Nkambadio : 22 ans, explosivité, réflexes fous, détente sèche. Le prototype du gardien moderne, capable de sortir dix arrêts spectaculaires… mais parfois fébrile sur sa ligne ou dans le jeu au pied sous pression.
- Kevin Trapp : 35 ans, expérience XXL (Ligue des Champions, finale de Coupe du Monde avec l’Allemagne en 2014 même s’il était remplaçant), lecture du jeu exceptionnelle, charisme qui calme toute une défense, placement quasi parfait.
Contre une équipe comme Lille, qui tire à tout-va et met une intensité folle, Gilli a visiblement estimé que le calme et l’expérience de Trapp étaient plus précieux que l’énergie brute de Nkambadio. Et quand on voit comment les Lillois ont pilonné le but parisien en première période, on peut difficilement lui donner tort.
Et maintenant, qui sera titulaire contre Auxerre ?
C’est LA question que tout le monde se pose dans le vestiaire du Paris FC. Parce que samedi prochain, réception d’Auxerre, c’est déjà un match capital pour le maintien. Perdre des points à domicile contre un concurrent direct, ce serait dramatique.
Trapp sort d’un match où, malgré la défaite, il a été l’un des rares à surnager. Il a marqué des points, c’est évident. Nkambadio, lui, doit ronger son frein sur le banc et attendre une erreur de l’Allemand… qui n’en commet presque jamais.
« J’ai la chance d’avoir deux très bons gardiens »
Stéphane Gilli, encore lui
Phrase de coach, classique. Mais derrière, il y a une réalité : pour la première fois depuis le début de saison, la hiérarchie n’est plus aussi claire. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle pour le Paris FC. Avoir deux gardiens capables de tenir la baraque au haut niveau, c’est un luxe que peu d’équipes de bas de tableau possèdent.
L’effet psychologique d’un leader comme Trapp
Il y a un truc qu’on ne mesure pas dans les stats : le charisme. Trapp, c’est un mec qui a joué les finales européennes, qui a côtoyé Neymar, Mbappé, Kimmich, Neuer. Quand il parle dans le vestiaire, ça porte. Quand il hurle sur sa défense, ça calme tout le monde.
Je me souviens d’une séquence en première période : corner lillois, tout le monde un peu fébrile, et Trapp qui prend les choses en main, qui place ses défenseurs, qui hurle un « Attention ! » tonitruant. Deux secondes après, il capte le ballon en deux temps. Ce genre de détails, ça ne se quantifie pas, mais ça pèse lourd dans une saison de galère.
Le Paris FC a-t-il trouvé son nouveau patron des cages ?
Pour moi, la réponse est déjà oui. Ou en tout cas, on s’en rapproche dangereusement. Trapp n’a pas débarqué au Paris FC pour faire de la figuration ou pour coacher les jeunes de loin. Il est là pour jouer, pour ramener son expérience, et surtout pour maintenir ce club en Ligue 1.
Et quand on voit comment il a tenu la baraque à Lille – dans un stade hostile, sous une pluie battante, face à un Giroud revanchard – on se dit que le Paris FC tient peut-être là son meilleur coup de l’été.
Après, rien n’est acté. Nkambadio reste un énorme talent et il aura sa revanche à prendre. Mais pour l’instant, Kevin Trapp a pris le pouvoir. Et quelque part, ça fait du bien de voir un club comme le Paris FC oser faire confiance à l’expérience plutôt que de tout miser sur la jeunesse à tout prix.
Prochain rendez-vous samedi contre Auxerre. Si Trapp est encore titulaire et qu’il réalise un nouveau match solide, le débat sera (quasiment) clos. Et le Paris FC aura peut-être trouvé la stabilité défensive qui lui manque tant depuis le début de saison.
À suivre, évidemment. Parce que cette histoire de gardiens, elle est loin d’être terminée.
(Article mis à jour le 24 novembre 2025 – plus de 3200 mots)
