Vous êtes-vous déjà demandé ce qui arrive quand une ville de taille moyenne décide de voir les choses en très grand ? Pas juste grand, mais carrément galactique. C’est exactement ce qui se passe en ce moment à Chartres, et franchement, ça donne le sourire.
Depuis quelques semaines, une rumeur délicieuse court dans les rues de la préfecture d’Eure-et-Loir : le Colisée, cette toute nouvelle aréna inaugurée il y a à peine un an, fait partie des six finalistes du Prix Versailles, le concours international qui récompense les plus belles réalisations architecturales commerciales et culturelles dans le monde. Et attention, pas n’importe quelle catégorie : celle des arénas. Oui, les grandes salles de sport et de spectacle qui font rêver les foules.
Quand Chartres joue dans la cour des géants
On parle ici d’une salle capable d’accueillir jusqu’à 5 000 personnes en configuration concert, posée en plein cœur de ville, juste en face de la gare et à deux pas de la cathédrale. Un emplacement qui a fait grincer quelques dents à l’époque – on y reviendra – mais qui aujourd’hui fait l’unanimité ou presque. Parce que le résultat est là : un bâtiment qui claque, avec son toit végétalisé, ses lignes fluides et cette passerelle aérienne qui en jette sévèrement.
Et le plus fou ? Elle est la seule représentante française dans cette finale mondiale 2025. Face à elle : des mastodontes venus de Chine, d’Allemagne, du Japon et surtout des États-Unis – deux arénas américaines rien que ça. Des projets souvent dix fois plus chers, portés par des métropoles qui pèsent des centaines de milliards. Et pourtant, Chartres est là. Dans le même panier. C’est un peu David contre plusieurs Goliaths à la suite.
Un peu de contexte : qu’est-ce que le Prix Versailles, au juste ?
Créé en 2015 et soutenu par l’UNESCO, ce prix n’est pas un simple concours de beauté architecturale. Il récompense des lieux qui allient esthétique, fonctionnalité, innovation et respect de l’environnement. Bref, des bâtiments qui font avancer les choses. Chaque année, des centaines de projets sont soumis. Seuls quelques dizaines passent le premier filtre. Et six, pas un de plus, arrivent en finale mondiale par catégorie.
Pour les arénas, la France avait déjà placé deux projets sur le podium ces dernières années : le centre aquatique olympique de Saint-Denis et le court Philippe-Chatrier à Roland-Garros. Mais jamais une salle polyvalente de province n’avait atteint ce niveau. Jusqu’à maintenant.
Le Colisée en chiffres : pas si modeste que ça
55 millions d’euros d’investissement public. C’est le prix du ticket d’entrée. Ça peut sembler énorme pour une ville de cette taille, et pourtant, quand on compare avec les concurrents… disons simplement que certains finalistes flirtent avec le milliard de dollars. Tout est relatif.
- Surface totale : plus de 12 000 m²
- Capacité maximale : 5 000 places en concert, 4 000 en configuration sportive
- Toit végétalisé de 3 000 m² – un des plus grands d’Europe pour ce type d’équipement
- Passerelle piétonne de 80 mètres reliant directement la gare
- Modularité express : passage de la configuration basket à concert en moins de 4 heures
Ce qui impressionne les jurys internationaux, c’est surtout l’intelligence du projet. Construire une aréna aussi imposante sans dénaturer un centre-ville historique classé, c’était un sacré défi. Le cabinet d’architectes a choisi de jouer la carte de la discrétion élégante : des matériaux nobles, des lignes courbes qui répondent à la verticalité de la cathédrale, et surtout ce toit végétal qui fait office de cinquième façade. Vu du ciel – et les drones passent souvent – c’est une œuvre d’art.
Une programmation qui a déjà tout d’une grande
Depuis son ouverture en septembre 2024, le Colisée n’a pas chômé. Et quand je dis pas chômé, je pèse mes mots.
« Le concert d’inauguration avec Michel Polnareff, c’était un truc de dingue. La salle sonne incroyablement bien, et visuellement… on se croirait dans une aréna de capitale. »
– Un spectateur chartrain de la première heure
Après l’Amiral, la salle a enchaîné les gros noms : Zaho de Sagazan, Alain Souchon, Jean-Louis Aubert… Et côté sport, les équipes locales de handball et de basket (féminin comme masculin) y jouent désormais à domicile dans des conditions dignes des meilleures salles de l’hexagone. Le public suit : les jauges sont souvent pleines, et les retombées économiques pour les commerçants du centre-ville se font déjà sentir.
L’emplacement : toujours LE sujet qui fâche… ou qui rassemble
On va être honnête deux minutes. Quand le projet a été annoncé, ça a chauffé. Certains criaient au bétonnage du centre-ville, d’autres au coût pharaonique. L’emplacement près de la gare a été particulièrement critiqué : trop proche des habitations, trop visible, trop… tout.
Un an plus tard ? Le vent a tourné. Même les plus sceptiques reconnaissent que la passerelle a transformé le quartier gare en vrai pôle d’attractivité. Les touristes qui descendent du train tombent directement sur ce bâtiment signature. Et la cathédrale, juste en face, n’a pas perdu une miette de sa majesté – au contraire, le contraste moderne/ancien fait un carton sur Instagram.
Comme quoi, parfois, il faut savoir attendre un peu pour juger.
Les adversaires : du très très lourd
Petit tour d’horizon de la concurrence, parce qu’il faut quand même réaliser l’exploit.
- Le Centre international de football de Xi’an (Chine) – un complexe démentiel pensé pour la Coupe du monde 2030
- Le SAP Garden de Munich – 11 500 places, maison des clubs de hockey et basket les plus titrés d’Europe
- L’Aréna préfectorale de Kagawa (Japon) – design minimaliste et technologie de pointe
- Le Caesars Superdome rénové de La Nouvelle-Orléans – mythique
- L’Intuit Dome d’Inglewood – la nouvelle maison des Clippers de Los Angeles, 1 milliard de dollars
Face à ces monstres, le Colisée fait figure de petit poucet. Mais un petit poucet hyper classe, hyper malin, et surtout hyper humain. C’est peut-être justement ça, sa force.
Et maintenant ? Suspense jusqu’au 4 décembre
Le verdict tombera début décembre, lors d’une cérémonie au siège de l’UNESCO à Paris. Trois prix seront décernés : le grand Prix Versailles, plus deux mentions spéciales (intérieur et extérieur). Les chances du Colisée ? Difficiles à évaluer, mais les retours des premiers jurys sont excellents. On parle beaucoup de son intégration urbaine exemplaire et de son empreinte carbone maîtrisée.
En attendant, à Chartres, on croise les doigts. Et on se dit que, gagnant ou pas, la ville a déjà remporté une sacrée victoire : celle d’oser. Oser penser grand. Oser croire qu’une ville de 40 000 habitants peut rivaliser avec les capitales mondiales. Et ça, franchement, c’est beau.
Alors rendez-vous le 4 décembre. Quel que soit le résultat, le Colisée a déjà marqué l’histoire architecturale et sportive française. Et quelque part, c’est déjà une forme de médaille d’or.
Et vous, vous pensez que Chartres a ses chances ? Dites-le moi en commentaire, j’ai hâte de lire vos pronostics !
