Imaginez le cri d’un enfant qui résonne dans une cage d’escalier. Un cri qui n’a rien d’ordinaire, parce qu’il vient de très haut et qu’il tombe, littéralement. C’est ce qu’ont vécu les habitants d’une tour d’Orly, dans le Val-de-Marne, ce dimanche 23 novembre en début de soirée. Un bébé de onze mois vient de faire une chute de trois étages. Et contre toute attente, il est toujours en vie.
Quand j’ai lu cette histoire, j’ai d’abord cru à une énième exagération médiatique. Puis les détails sont tombés, un par un, et franchement… ça glace le sang.
Un miracle qui pose énormément de questions
Il est un peu avant 18 heures. Dans l’allée Georges-Courteline, une résidence comme il en existe des centaines en banlieue parisienne, une voisine du deuxième étage sort sur son balcon pour étendre son linge. Elle baisse les yeux machinalement et voit… un nourrisson au sol. Tout petit, en pyjama, qui pleure. Elle hurle, elle descend en courant, elle prend l’enfant dans ses bras. Le bébé est conscient, il respire, mais il a le thorax enfoncé et sa tête a visiblement pris un choc terrible.
Les pompiers arrivent en quelques minutes. Diagnostic immédiat : traumatisme crânien, enfoncement thoracique, suspicion de fracture du poignet. L’enfant est transporté en urgence absolue à l’hôpital Necker, l’un des meilleurs services pédiatriques de France. À l’heure où j’écris ces lignes, on sait qu’il est toujours vivant. C’est déjà énorme. Mais comment un bébé qui ne marche même pas encore a-t-il pu se retrouver sur ce balcon ?
Reconstitution : que s’est-il passé dans l’appartement ?
Les policiers, eux, montent au troisième étage. Ils frappent. On leur ouvre. À l’intérieur : la maman, encore en serviette de bain, elle sortait de la douche. La tante, qui était dans sa chambre. Deux autres enfants : une grande sœur de 11 ans et un petit de 2 ans. Et puis un berceau, dans une chambre. Vide.
Selon les premières déclarations, personne n’a rien vu, rien entendu. Le bébé était dans son lit, porte fermée. Et d’un seul coup… plus personne. Comment un enfant de 11 mois, qui ne marche pas, a-t-il pu sortir de son berceau, traverser une pièce, ouvrir une porte-fenêtre et enjamber une barre d’appui haute d’un mètre ? C’est la question que tout le monde se pose. Et moi le premier.
« Il était conscient et il criait » – un témoin sur place, bouleversé.
Les blessures : ce que disent les médecins
Quand on tombe de 10 mètres, même sur du bitume ou de l’herbe, les probabilités de survie sont infimes pour un nourrisson. Pourtant, ce petit bonhomme s’en sort. Les médecins parlent d’un traumatisme crânien sévère, d’un enfoncement du thorax et d’une possible fracture du poignet droit. Des blessures graves, oui, mais pas forcément mortelles grâce à la souplesse du corps des tout-petits et peut-être aussi à la façon dont il est tombé – on ne sait pas encore s’il a rebondi sur quelque chose ou s’il a été légèrement amorti.
On se souvient de ces histoires incroyables où des bébés survivent à des chutes folles. En 2018 dans l’Oise, une petite fille tombée du deuxième étage s’en était sortie presque indemne. Là, on est à trois étages. C’est un autre niveau de miracle.
- Traumatisme crânien avec perte de connaissance probable
- Enfoncement thoracique (côtes enfoncées vers l’intérieur)
- Fracture possible du poignet droit
- Hématomes multiples et contusions
- Mais : pas d’hémorragie interne massive détectée à l’arrivée
Garde à vue : pourquoi la mère et la tante ?
À la fin de la soirée, décision lourde : la mère et la tante sont placées en garde à vue au commissariat de Créteil. L’aînée de 11 ans est entendue en audition libre. Pourquoi ? Parce que les explications ne tiennent pas debout pour l’instant.
On ne parle pas encore de violences volontaires – rien ne le prouve. Mais on est clairement sur le terrain de la négligence grave ou du défaut de surveillance. Laisser un bébé seul dans une pièce avec accès à un balcon ouvert, même quelques minutes, c’est prendre un risque énorme. Et quand le pire arrive, la justice ne rigole pas.
J’ai vu des affaires similaires. Parfois ça se termine par un non-lieu, parfois par des peines de prison avec sursis. Tout dépendra des expertises à venir : hauteur exacte de la barre d’appui, état du balcon, témoignages précis, analyses des téléphones portables, etc.
Les balcons : un danger sous-estimé en France
Ce drame remet sur la table un sujet dont on parle trop peu : la sécurité des balcons dans les immeubles anciens ou mal entretenus. Beaucoup de barreaux sont espacés de plus de 11 cm – or la norme actuelle est de 11 cm maximum pour empêcher un enfant de passer la tête. Et la hauteur minimale de la barre d’appui doit être de 1 mètre. Combien de logements sociaux ne respectent pas ça ? Des milliers, probablement.
Et puis il y a la vigilance. Prendre une douche quand son bébé de 11 mois est dans une pièce avec porte-fenêtre ouverte sur un balcon du 3e étage… c’est un choix que beaucoup de parents épuisés pourraient faire sans imaginer une seconde le drame possible. Et pourtant.
« On ferme toujours la porte-fenêtre à clé, même pour cinq minutes. On n’imagine pas… » – un père de famille du quartier, encore sous le choc.
Que va-t-il se passer maintenant ?
L’enquête est confiée à la sûreté départementale. Les policiers scientifiques ont passé l’appartement au peigne fin : empreintes, traces biologiques, position exacte du berceau, hauteur du lit par rapport au sol, tout y passe. Les deux femmes sont toujours en garde à vue ce lundi matin. Elles peuvent y rester jusqu’à 48 heures.
Ensuite, plusieurs scénarios :
- Si les explications restent floues → possible mise en examen pour soustraction d’obligations parentales ou blessures involontaires par imprudence
- Si un élément nouveau apparaît (intervention d’un tiers, dispute, etc.) → l’enquête pourrait basculer
- Si tout s’explique de façon crédible → classement sans suite ou rappel à la loi
Mais surtout, il y a ce petit garçon qui se bat à Necker. Lui seul compte vraiment. Le reste, la justice le dira.
Ces chutes d’enfants qui nous bouleversent
On se souvient tous de certains cas. La petite fille de l’Oise en 2023, tombée du 4e étage et qui marchait déjà quelques jours après. Ou ce bébé à Paris en 2019, tombé du 2e étage sur un passant qui l’a rattrapé. Des histoires qui finissent bien, ou presque.
Mais il y a aussi les autres. Celles qui finissent en drame absolu. Et c’est peut-être ce qui rend cette affaire d’Orly si poignante : on est passé à deux doigts de la tragédie irréparable.
Ce soir-là, une voisine a sauvé une vie en descendant en courant. Des pompiers ont fait leur boulot avec une efficacité folle. Un petit corps a tenu le choc. Et quelque part, une famille va devoir vivre avec ça pour toujours.
Moi, je n’ai qu’une seule pensée en refermant cet article : prenez soin de vos enfants. Même deux minutes peuvent tout changer.
(Article mis à jour le 24 novembre 2025 – Suivi de l’état de santé du bébé en cours)
