Imaginez la scène. Vous êtes défenseur central, vous passez quatre-vingt-dix minutes à courir, à tacler, à repousser les assauts adverses… et en l’espace de quelques secondes, vous devenez à la fois le bouc émissaire et le sauveur de votre équipe. C’est exactement ce qu’a vécu Chidozie Awaziem dimanche soir à la Beaujoire. Un but contre son camp avant la pause, une égalisation rageuse dans le temps additionnel. 1-1 face à Lorient. Un match qui résume à lui seul la saison cauchemardesque du FC Nantes version 2025-2026.
Je ne vais pas vous refaire le match minute par minute, vous l’avez probablement vu ou lu ailleurs. Mais ce qui m’a marqué, c’est à quel point ce simple résultat illustre le paradoxe nantais : une équipe capable du meilleur comme du pire, souvent dans la même rencontre.
Awaziem, le symbole d’un Nantes à deux visages
Revenons sur ces deux actions qui ont fait basculer la rencontre.
Juste avant la mi-temps, centre venu de la droite. Sambou Soumano est hors jeu, mais pas de beaucoup. Awaziem, concentré sur l’attaquant lorientais, se jette pour couper la trajectoire. Le ballon lobe Anthony Lopes, surpris. 0-1. La Beaujoire gronde. On sent la colère monter. Et là, la question qui fâche : était-ce vraiment hors jeu « inactif » ?
Pour beaucoup de supporters, la réponse est non. Soumano, même s’il ne touche pas le ballon, influence clairement le placement du défenseur et du gardien. L’arbitre vidéo valide le but. Frustration maximale.
« Moi je sais qu’il est là, l’attaquant. Je cherche à le contrôler, lui et le ballon. »
Chidozie Awaziem, lucide après coup
Le Nigérian ne se cache pas. Il assume. Et c’est tout à son honneur.
La rédemption en toute fin de match
Quatre-vingt-onze minutes plus tard, corner nantais. On joue les arrêts de jeu. Awaziem, qui n’avait jusque-là jamais marqué en Ligue 1 cette saison, monte au duel. Tête plongeante. 1-1. Explosion de joie. Le même homme, le même match, deux émotions diamétralement opposées.
Ce genre de scénario, on l’a déjà vu mille fois au foot. Mais quand ça arrive à votre équipe, ça prend une tout autre dimension. Surtout quand vous êtes 15e et que chaque point compte pour ne pas sombrer.
Un point qui a le goût d’une petite victoire… ou d’une occasion manquée ?
Objectivement, ce nul face à un concurrent direct laisse un goût amer. Nantes reste englué dans le bas de tableau. Deux points pris sur neuf possibles contre Metz, Le Havre et maintenant Lorient. Ce n’est pas avec ça qu’on se sauve.
Mais il y a aussi du positif à retenir. Cette réaction en seconde période, cette envie de ne rien lâcher, ce caractère montré quand tout semblait perdu. C’est peut-être le genre de match qui soude un vestiaire et qui peut servir de déclic. Ou pas. L’histoire nous le dira.
Une première période indigente
Il faut être honnête : les quarante-cinq premières minutes étaient affligeantes. Zéro tir cadré. Des passes en arrière à n’en plus finir. Un rythme de sénateur. Les sifflets du public étaient largement justifiés.
- Aucun pressing cohérent
- Trop peu de mouvements sans ballon
- Une peur évidente de prendre des risques
- Des joueurs qui semblaient tétanisés par l’enjeu
On a vu un Nantes recroquevillé, attendant le coup de grâce. Et il est tombé, logiquement.
Un sursaut trop tardif ?
La seconde période a été différente. Plus directe, plus verticale, plus de centres. Matthis Abline a touché la barre. Awaziem a marqué. Mais il a fallu attendre la 72e minute pour voir le premier tir dangereux nantais. C’est beaucoup trop tard pour une équipe qui joue sa survie.
« On ne doit pas se contenter de faire 45-50 minutes. Revenir en fin de match, c’est bien pour la tête, mais il faut être plus constants. »
Anthony Lopes, capitaine réaliste
Le gardien lyonnais prêté à Nantes a encore raison. Ce sursaut d’orgueil est louable, mais il ne doit pas masquer les carences criantes.
Luis Castro sous pression
Le coach portugais joue gros. Arrivé avec un projet jeune et offensif, il doit composer avec un effectif limité et des résultats qui ne décollent pas. Sa communication reste posée, presque fataliste.
« À moi de faire mieux, de trouver des solutions. » Cette phrase, prononcée après le match, en dit long. Castro sait qu’il est attendu au tournant. Le mercato d’hiver sera décisif. Il faudra recruter malin, et vite.
Awaziem, la meilleure recrue… vraiment ?
On l’avait présenté comme le patron défensif dont Nantes avait besoin. Force physique, expérience internationale, leadership. Sur le papier, tout était réuni. Sur le terrain, c’est plus contrasté.
Ses erreurs coûtent cher. Mais ses buts aussi sauvent des points. Difficile de trancher. Ce qui est sûr, c’est qu’il incarne parfaitement cette équipe : capable de tout, en bien comme en mal.
Et maintenant ?
Prochain match à l’extérieur, puis réception d’un gros. Le calendrier ne fait pas de cadeaux. Nantes a besoin d’une série. Vite. Car les concurrents directs, eux, avancent. Lentement, mais ils avancent.
Ce 1-1 face à Lorient ne doit pas être vu comme un hold-up miraculeux, mais comme un avertissement. Oui, il y a du caractère. Oui, il y a de la solidarité. Mais ça ne suffira pas si l’équipe continue à jouer une mi-temps sur deux.
Chidozie Awaziem a résumé tout ça en quatre-vingt-dix minutes. Le bon, le moins bon, et cette capacité à se relever quand tout semble perdu. Reste à savoir si le FC Nantes saura transformer cette résilience ponctuelle en fond de jeu durable. Parce que dans cette Ligue 1-là, il n’y a plus de place pour les héros d’un soir. Il faut des guerriers tous les week-ends.
Et vous, vous en pensez quoi ? Ce match peut-il être un tournant ? Ou juste un énième sursis ? Les commentaires sont ouverts.
