Il y a des soirs où le foot ressemble encore à une fable. Dimanche, au stade Pierre-Mauroy, on a eu droit à l’un de ces chapitres qui font aimer ce sport : un attaquant de 39 ans que certains enterraient déjà tranquillement, qui se lève et rappelle au monde entier pourquoi il est toujours là.
Olivier Giroud n’a plus vingt-cinq ans, on le sait. Mais quand il a envoyé ce penalty croisé du gauche au fond des filets du Paris FC, à la 77e minute, il a fait plus que donner la victoire à Lille. Il a fermé quelques bouches, effacé deux mois de doute et, surtout, écrit une ligne de plus dans un palmarès déjà hors norme.
Le plus vieux double buteur de l’histoire de la Ligue 1
39 ans et 54 jours. C’est l’âge exact auquel Olivier Giroud est devenu le joueur le plus âgé à inscrire un doublé en championnat de France depuis la saison 1947-1948. Autant dire que ça commence à faire un bail. On parle là d’un record qui dormait depuis plus de soixante-dix ans.
Et le plus beau dans tout ça ? Il ne l’a pas volé. Quatre tirs cadrés sur quatre tentatives. Une égalisation clinique à la 40e sur un centre en retrait parfait, puis ce penalty transformé avec une autorité qu’on ne lui connaissait plus depuis un moment. Du Giroud pur jus, celui qu’on adorait à Arsenal, à Milan, chez les Bleus.
« Ce qui est à noter, c’est sa force de caractère. Quand on voit sa carrière, on ne pouvait pas en douter. »
Bruno Genesio, entraîneur du LOSC
Une disette de neuf matches enfin terminée
Revenons deux mois en arrière. Dernier but : le 25 septembre contre Brann en Ligue Europa. Depuis ? Rien. Huit matches de Ligue 1 sans faire trembler les filets. Les commentaires fusent : « Il est fini », « À son âge, c’est normal », « Lille a misé sur un retraité ». Moi le premier, je me suis surpris à me demander s’il n’était pas en train de payer cash le retour en France, l’usure, les années.
Et puis arrive cette trêve internationale. Pas de sélection pour lui, une vraie coupure, du travail spécifique. Résultat : il revient regonflé à bloc, mentalement libéré. Le genre de renaissance qu’on ne voit pas tous les jours à cet âge-là.
- 16 tirs non cadrés consécutifs en L1 avant ce match
- 4 tirs, 4 cadrés, 2 buts contre Paris FC
- Sa plus longue série sans but en Ligue 1 : 8 matches (terminée)
- 50e et 51e « goal involvement » en L1 (36 buts + 14 passes décisives)
Igamane-Giroud : l’association qui change tout ?
Pour la première fois, Bruno Genesio a aligné d’entrée Hamza Igamane aux côtés de Giroud. Exit Haraldsson en faux 9 derrière l’attaquant, place à un vrai deuxième pointe, plus puissant, plus mobile dans la surface.
Et franchement, ça a changé la donne. Igamane attire les défenseurs, tire les espaces, permet à Giroud de moins courir dans le vide et de se concentrer sur sa zone de prédilection : les seize mètres cinquante. Le Marocain est encore perfectible dans le dernier geste, mais le potentiel du duo saute aux yeux.
On a vu des déviations malignes, des appels croisés, des combinaisons qui ont fait mal. Si cette association se rode, Lille pourrait bien avoir trouvé la formule qui manquait à son animation offensive depuis le début de saison.
Un stade qui retrouve le sourire
Quand Giroud sort à la 86e, ovation debout. Le genre de moment où tu sens que le public a pardonné les matches sans but, les occasions ratées, les critiques. Parce qu’au fond, les supporters lillois n’ont jamais vraiment lâché leur vétéran. Ils savent ce qu’il représente.
Et cette fois, il leur a rendu au centuple. Le 4-2 final, c’est aussi sa victoire à lui. Celle d’un mec qui a traversé le doute, la pression de l’âge, les comparaisons avec les jeunes loups, et qui sort plus fort.
Lille 4e, mais encore fragile
Avec cette victoire, le LOSC grimpe seul à la quatrième place, à cinq points de Lens. Strasbourg, Lyon et Monaco ont tous trébuchlé ce week-end, la belle opération est là. Mais personne ne s’enflamme dans le Nord.
Quatre défaites sur les six derniers matches avant la trêve, c’est encore dans toutes les têtes. Genesio le répète : il faut arrêter de prendre autant d’occasions, devenir plus solide. La semaine à deux matches qui arrive (Dinamo Zagreb jeudi, puis Le Havre dimanche) dira si ce succès contre Paris FC n’était qu’un feu de paille ou le vrai déclic.
Moi je mise sur le déclic. Parce que quand Giroud retrouve le chemin des filets, ça booste tout un vestiaire. Ça donne confiance aux jeunes, ça rassure les défenseurs, ça fait peur aux adversaires. Le vieux lion a montré qu’il avait encore des griffes. Et tant qu’il en aura, Lille pourra regarder vers le haut.
« Si l’efficacité de Giroud ressuscite pour de bon, il n’y a plus qu’à suivre le guide. »
Et quelque part, c’est ça la beauté du foot. À 39 ans, un mec peut encore faire rêver un stade entier. Olivier Giroud n’a pas fini de nous surprendre. Et franchement, tant mieux.
(Article rédigé après avoir vécu le match en tribune presse à Pierre-Mauroy – l’ambiance était dingue, le genre de soirée qu’on n’oublie pas quand on aime le foot.)
