Imaginez la scène : huit mois sans lui. Huit mois où chaque week-end de Top 14 ressemblait à une photo en noir et blanc. Et puis soudain, on commence à entendre son nom dans les couloirs d’Ernest-Wallon, on le voit taper dans le ballon comme si rien n’avait changé. Antoine Dupont est là, vraiment là. Et franchement, ça fait du bien.
Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps : oui, le retour du meilleur joueur du monde approche à grands pas. Peut-être même dès ce samedi face au Racing 92. Ou peut-être la semaine d’après. Ce qui est sûr, c’est que le compteur est presque à zéro.
Un genou en reconstruction, une légende en attente
Revenons un instant en arrière. 8 mars 2025. Tournoi des Six Nations. Irlande-France. Un choc banal, un appui anodin, et puis ce craquement que tout le rugby français a entendu dans sa tête. Rupture des ligaments croisés du genou droit. La deuxième fois pour lui. Déjà opéré en 2018, il sait exactement ce qui l’attend : des mois de galère, de doute, de travail dans l’ombre.
Mais Dupont, ce n’est pas n’importe qui. Quand d’autres auraient peut-être baissé les bras ou forcé un retour prématuré, lui a choisi la patience. Une patience de moine. « Je veux revenir à 100 %, pas à 90 », répétait-il dès le mois de septembre. Et quand on connaît l’animal, on sait qu’il ne plaisante pas.
Les étapes d’une rééducation millimétrée
Depuis l’été, il enchaîne. D’abord la piscine, puis le vélo, la course en ligne droite, les changements de direction, les appuis violents, les plaquages simulés. Tout est chronométré, mesuré, validé par le staff médical. Rien n’est laissé au hasard.
Ce qui impressionne le plus ? Il n’a jamais vraiment disparu. Présent aux matchs, en tribunes ou en bord de terrain, il continuait à coacher ses coéquipiers du regard. Comme un général qui observe son armée avant de reprendre le commandement.
- Reprise de la course : fin août
- Premiers contacts : octobre
- Entraînements collectifs à 100 % : début novembre
- Feu vert médical attendu : fin novembre
Et là, on y est. Le feu vert est allumé, ou presque.
Le staff toulousain joue la prudence (et il a bien raison)
Ugo Mola et son adjoint Virgile Lacombe répètent la même phrase comme un mantra : « On est dans les délais. » Ni en avance, ni en retard. Pile dans la fenêtre prévue. Et ça, dans le rugby moderne où tout le monde veut tout, tout de suite, c’est presque révolutionnaire.
« Ce qui nous guide, ce n’est pas le calendrier rugby, c’est la partie médicale et sa capacité à encaisser les charges. »
Virgile Lacombe, entraîneur des avants
Traduction : même si tout le monde rêve de le voir samedi soir sous les lumières d’Ernest-Wallon, personne ne prendra le risque de le griller pour trois matchs de phase régulière. Le Stade Toulousain vise plus loin. Beaucoup plus loin.
D’ailleurs, le choix de ne pas le sélectionner contre Montauban la semaine dernière en dit long. Victoire 7-49, un festival offensif, et pourtant l’envie de le voir entrer en jeu à la 60e était énorme. Mais non. Le staff a tenu bon. Respect.
Pourquoi ce retour fait saliver tout le Top 14
Parce que Dupont, ce n’est pas juste un joueur. C’est un accélérateur de particules. Quand il est là, le jeu va plus vite, les défenses s’ouvrent toutes seules, les coéquipiers jouent deux tons au-dessus. Sans lui, Toulouse reste une machine redoutable. Avec lui ? Une œuvre d’art.
Regardez les chiffres depuis son absence : oui, le Stade est toujours champion en titre, oui, l’équipe tourne bien. Mais il manque cette étincelle, ce grain de folie, cette capacité à transformer un match fermé en feu d’artifice en dix minutes.
Et puis il y a l’effet psychologique. Quand les adversaires savent qu’il est sur la feuille de match, ils dorment déjà moins bien la veille. Demandez aux Racingmen ce qu’ils en pensent…
Et maintenant ? Scénarios possibles pour samedi
Trois options se dessinent :
- Il est dans le groupe des 23, commence sur le banc, entre pour 20-25 minutes en fin de match. Le scénario le plus probable et le plus raisonnable.
- Il est titulaire d’entrée. Peu probable, mais on connaît Dupont : s’il se sent à 200 %, il peut très bien forcer la main du staff.
- Il n’est pas retenu. Derniers tests à valider dans la semaine, on repousse à Clermont ou Bayonne. Déception immense, mais sécurité maximale.
Mon petit doigt me dit que l’option 1 a de très grandes chances de se réaliser. Juste de quoi le remettre dans le bain, reprendre les automatismes, et envoyer un message clair à tout le championnat : le patron est de retour.
Ce que ce retour dit du rugby français
Au-delà du cas Dupont, il y a quelque chose de plus grand. On parle souvent de la gestion des joueurs, du calendrier infernal, des blessures à répétition. Là, on a un exemple parfait de ce qu’il faut faire : prendre son temps, écouter le corps, ne pas céder à la pression populaire ou médiatique.
Et si tous les clubs adoptaient cette philosophie ? Moins de rechutes, des carrières plus longues, des joueurs qui arrivent à 33-34 ans encore au top. C’est peut-être ça, le vrai enseignement de cette (longue) absence.
Dupont a 29 ans. Il lui reste encore de belles années à écrire. Et croyez-moi, il n’a pas fini de nous faire rêver.
En attendant le grand soir…
Cette semaine va être longue. Très longue. Chaque entraînement sera scruté, chaque déclaration décortiquée. On guettera le moindre indice, la moindre photo, le moindre sourire en conférence de presse.
Parce qu’au fond, on le sait tous : quand Antoine Dupont remettra un pied sur un terrain de Top 14, ce ne sera pas juste un retour de joueur. Ce sera le retour du rugby qu’on aime. Celui qui fait vibrer, qui surprend, qui transcende.
Alors oui, on est dans les délais. Et non, on n’a jamais été aussi impatients.
Vivement samedi.
