Vous arrive-t-il parfois de vous demander où passe exactement l’argent de vos impôts locaux ? Moi, oui. Surtout quand on découvre qu’un maire peut toucher chaque année plusieurs dizaines de milliers d’euros « pour représenter la ville »… sans avoir à montrer la moindre note de restaurant ou ticket de train. C’est exactement ce qui se passe à Chartres, et franchement, ça laisse songeur.
Une enveloppe rondelette qui fait jaser
Imaginez : 42 000 euros nets par an. Pas d’indemnités classiques, non, ça c’est déjà 8 000 euros mensuels. Là, on parle d’une somme supplémentaire, votée en toute légalité par le conseil municipal et le conseil communautaire, destinée à couvrir les « frais de représentation ». Repas avec des partenaires, invitations, déplacements officieux… tout ce qui permet à un élu de « bien » représenter sa ville, en somme.
Le hic ? Aucun justificatif n’est exigé. L’argent est versé en bloc, point final. Et c’est parfaitement légal. La loi laisse cette possibilité aux assemblées locales depuis des décennies. Mais en 2025, avec la sensibilité accrue des citoyens à la transparence, cette pratique commence sérieusement à sentir le roussi.
Un argument massue : pas de voiture de fonction
Du côté de la mairie, on dégaine l’argument qui tue : le maire n’a ni voiture de fonction, ni chauffeur, ni téléphone portable pris en charge. Selon les services, cela représenterait une économie considérable pour la collectivité. Traduction : les 42 000 euros ne seraient qu’une compensation déguisée, presque une forme d’économie pour les contribuables.
Sur le papier, l’idée se défend. Dans la vraie vie, beaucoup restent sceptiques. Parce que comparer une voiture avec chauffeur (coût réel souvent autour de 50-60 000 euros brut chargé par an) à une enveloppe cash non contrôlée, c’est un peu osé. Et surtout, ça n’explique pas pourquoi il est impossible de savoir où part chaque euro.
« Les citoyens attendent une transparence totale. Or ici, aucune dépense n’est détaillée. »
Un élu d’opposition sans étiquette
L’opposition crie au scandale… et reste sans réponse
Dans les rangs de l’opposition, on ne décolère pas. Certains ont pourtant essayé la voie amiable : demandes écrites, saisine de la commission d’accès aux documents administratifs… Silence radio. Pas un tableau Excel, pas une note de frais, rien. Le vide sidéral.
Un élu écologiste résume le sentiment général : avec déjà 8 000 euros d’indemnités mensuelles, est-il vraiment nécessaire d’ajouter une telle somme sans aucun contrôle ? La question est posée. Et elle résonne d’autant plus fort que d’autres grandes villes françaises commencent, elles, à jouer la carte de la transparence maximale.
Quand la comparaison fait mal
Prenez Orléans, à une grosse heure de route. Le maire et président de la métropole, même famille politique, ne réclamerait que quelques centaines d’euros par an pour ses déplacements. La différence est abyssale. À Paris, même quand des affaires de vêtements de luxe ou de dépenses personnelles ont éclaté, au moins des justificatifs existaient. Contrôlés, contresignés, parfois contestables… mais ils existaient.
À Chartres ? Rien. Le grand vide. Et c’est peut-être ça, finalement, le plus gênant.
- 24 000 € pour les fonctions municipales
- 18 000 € pour la présidence de l’agglomération
- Zéro justificatif exigé
- Aucune communication détaillée
- Argument principal : absence de voiture de fonction
Ce que les habitants en pensent vraiment
Dans les rues de Chartres, les avis sont tranchés. Il y a ceux qui défendent bec et ongles leur maire, souvent en rappelant les réalisations visibles : l’arena, les illuminations, le dynamisme retrouvé. Pour eux, 42 000 euros, c’est peanuts quand on voit ce qui a été accompli.
« Franchement, quand on voit ce qu’il a fait pour la ville, ça ne me choque pas. »
Aline, commerçante de 52 ans
Puis il y a les autres. Ceux pour qui la somme n’est pas forcément le problème, mais l’opacité, oui. On veut bien payer, disent-ils, mais on veut savoir pour quoi.
« Le problème, ce n’est pas les 42 000 euros. C’est qu’on ne sait pas où ils vont. Repas ? Voyages ? Complément de salaire ? On aimerait juste être fixés. »
Myriam, employée de 34 ans
Et là, on touche au cœur du sujet : la confiance. Quand elle est ébranlée, même les plus belles réalisations deviennent suspectes.
Une vieille plainte qui traîne encore
Il y a quatre ans, une trentaine de citoyens et plusieurs élus écologistes ont déposé plainte pour prise illégale d’intérêt. Le motif ? Le maire aurait participé au vote qui fixait… ses propres frais de représentation. Le dossier a été transféré, examiné, puis classé sans suite pour l’instant. Mais l’histoire laisse des traces.
Car même si tout est légal sur le papier, la frontière entre légalité et éthique reste parfois mince. Très mince.
Et demain ? Vers plus de transparence obligatoire ?
Ce qui se passe à Chartres n’est pas isolé. Partout en France, les frais de mandat des élus locaux font l’objet d’un débat croissant. Certains plaident pour une obligation de justificatifs, comme pour n’importe quel salarié. D’autres estiment que la représentation a un coût et qu’il faut faire confiance.
Personnellement, je penche pour un entre-deux : laisser la possibilité d’une enveloppe forfaitaire raisonnable, mais imposer un reporting annuel anonymisé. Juste de quoi savoir que l’argent sert bien à représenter la ville, et pas autre chose.
Parce qu’à force de brandir la légalité comme bouclier absolu, on finit par oublier que la confiance des citoyens, elle, ne se vote pas en conseil municipal. Elle se gagne. Jour après jour. Euro après euro.
Et vous, qu’en pensez-vous ? 42 000 euros sans facture, ça vous choque ? Ou c’est le prix normal de la représentation d’une ville comme Chartres ? Dites-le moi en commentaire, le débat est ouvert.
